OLYMPE AUTOUR DU MONDE

BORA BORA-RAROTONGA

C'est après plus de 16 mois d'escale dans les îles de la Polynésie française que nous allions enfin quitter cette dernière depuis Bora Bora. Le temps est gris et pluvieux comme il l'a rarement été en saison sèche de l'aveu même des polynésiens.

Nos allers et retours à Moorea puis nos traversées vers Huahine, Raiatea, Tahaa et Bora Bora avec Gérard et Marie-Paule nous ont permis de valider que tout fonctionnait bien à bord : Patrick et Christian ont fait du bon travail pour la remise en état d'Olympe.


C'est le mercredi 20 octobre 2010 à 11h30 que nous levons l'ancre du lagon mythique après avoir fait les pleins et passé les derniers coups de fils à nos amis polynésiens. Conformément à la tradition, nous jetons à la mer dans la passe de sortie nos derniers colliers de fleurs offerts par nos amis, symbole d'un retour ultérieur; nous avons le cœur gros en nous rappelant tous les bons moments passés dans ce territoire si attachant malgré les ennuis techniques maintenant oubliés.

Notre destination est Rarotonga, l'île capitale des îles Cook située dans l'archipel sud de ces dernières, à l'ouest sud-ouest des îles de la Société et unique étape de notre voyage vers la Nouvelle Zélande. 534 milles nous en séparent et ils devraient être parcourus en quatre jours environ compte tenu du vent attendu.

Car alors que le vent soufflait fort depuis des semaines avec de violentes rafales, il semblait s'être calmé depuis la dernière nuit conformément aux prévisions météo. Les premiers milles ont été d'ailleurs un peu laborieux car effectués sous le vent des îles, donc faible et irrégulier tant en force qu'en direction. Ceci nous a valu de nous échauffer avec plusieurs essais de voilures, avec génois et ballooner tangonnés, et ce n'est qu'à 14h, alors que Bora Bora diminue dans le sillage, que nous pûmes avoir la stabilité attendue avec les quatre voiles, génois, grand-voile, artimon et foc d'artimon. La vitesse se stabilisa alors entre 6 et 7 nœuds avec un vent d'est de 10 à 15 nœuds.

Comme pour nous dire au revoir, des oiseaux de mer, des puffins en l'occurrence, sont venus tournoyer autour du bateau durant de nombreuses minutes. La mer, peu agitée, était croisée, nous entraînant dans des roulis et des tangages inconfortables.

Marie-Paule et Gérard allaient passer leur première nuit en mer sur Olympe et assurer leur quart à part entière. Cette première nuit fut d'ailleurs calme, le vent restant stable, les premières 24 heures nous permettant de parcourir 148 milles.

Puis le vent commença à tourner est nord-est en se renforçant légèrement en plein sur l'arrière : à 14h le 21, nous tangonnâmes le génois et le ballooner permettant d'assurer une meilleure stabilité et d'augmenter la vitesse à 8 nœuds.

Le temps redevient chaud et, à la stupeur de Maryse et du captain, Marie-Paule puis Gérard enfilent leur vareuse bretonne pour avoir moins chaud!!! L'argument n'a pas convaincu le captain, mais il est vrai qu'il n'a pas essayé…

145 milles seront ainsi parcourus dans la seconde journée, permettant d'entrevoir une arrivée avant la fin du quatrième jour. Le premier incident (le seul du parcours) est intervenu le troisième soir à 21h; Gérard, entendant un bruit curieux au dessus de sa cabine, va vérifier sur le pont et constate que tous les boulons de liaisons du tube de l'enrouleur de génois avec le tourteau d'entraînement se font la valise! La réparation de la fixation effectuée à Tahiti par changement de conception de la fixation laisse à désirer…Urgence à bord et, de nuit, nous dégréons le ballooner et le génois pour pouvoir les remettre en place et les resserrer. Nous ne renverrons que le génois tangonné pour le restant de la nuit ce qui fera bien sûr baisser notre vitesse. Heureusement que le vent était gérable mais l'équipage a été au top!

Au cours de cette troisième nuit, nous déciderons de modifier notre route initiale pour garder un meilleur angle au vent en passant au sud et non au nord de l'île Mauke, la plus orientale des Cook. On l'apercevra au petit matin à 8 milles sur tribord, toute plate et culminant à 46 mètres.

Puis le vent continue de tourner vers le nord, nous obligeant à détangonner le génois et envoyer la grand-voile et l'artimon. Nous sommes alors entre le bon plein et le travers. A 11h30, le loch indique une distance parcourue de 133 milles sur les dernières 24 heures, résultat de notre chute de vitesse de la dernière nuit. Mais avec 426 milles parcourus depuis le départ, nous sommes alors persuadés de pouvoir faire mieux que les quatre jours prévus.

C'est bien mal connaître la roublardise de la météo qui nous gratifie d'une chute brutale du vent vers 14h le 23 octobre. Il est quasiment nul! On démarrera alors le moteur pour avancer. Ce n'est qu'à 21h, durant le quart de Maryse, qu'il daignera re-souffler du sud-est, d'abord à 13 nœuds pour monter rapidement entre 20 et 24 nœuds. Dès lors, les chevaux sont lâchés et c'est entre 8 et 9 nœuds qu'Olympe, ravi de retrouver la haute mer, nous propulsera au petit matin près de la côte de Rarotonga; il nous faudra d'ailleurs rouler le génois pour ralentir afin d'arriver de jour car la passe d'accès au port minuscule d'Avatiu est très étroite et mal balisée. Pour couronner le tout, il pleut un vrai crachin breton réduisant la visibilité, ce qui nous valut de re-sortir les cirés!


A 7h30, nous mouillons à la tahitienne près du seul voilier présent, un voilier australien de Hobart. C'est dimanche, il nous faudra attendre le lendemain pour effectuer toutes les formalités auprès du port, des douanes, du département de l'agriculture et du département de la santé : un bon entraînement pour ce qui nous attend, en beaucoup plus sérieux, en Nouvelle Zélande!

548 milles auront été parcourus en trois jours et vingt heures.

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