OLYMPE AUTOUR DU MONDE

PANAMA - GALAPAGOS

Après s'être un peu éternisés à attendre un nouveau chargeur de batteries qui ne viendra pas, nous décidâmes de quitter Panama City le 29 avril pour rejoindre l'archipel des Galapagos; la veille, nous gagnâmes le ponton de la marina pour effectuer les pleins de gasoil et d'eau avant de regagner le mouillage.

A cette occasion, Maryse rencontra le skipper du bateau français dont nous avions fait connaissance au mouillage de Colon et qui avait passé le canal un jour après nous. Lui apprenant que nous partions le lendemain, ce brave homme sûrement bien intentionné lui déclare :

"Vous partez malgré la grosse dépression annoncée?"

Evidemment, ce n'est pas le genre de chose à dire à Maryse une veille de départ! Aussi, de retour sur le bateau, le captain est passé à la question, lequel reconsulte ses fichiers météo, en prend de nouveaux et ne voit qu'une zone restreinte sur la route où du vent à 25 nœuds est annoncé; pas de quoi fouetter un chat, nous partirons donc bien comme convenu, aidé en cela par Michel qui prend fait et cause pour le captain…

Le lendemain à 8h20, nous remontons le mouillage et quittons La Playita de Amador par vent nul; il fait une chaleur subite et étouffante, la plus forte que nous ayons eue à subir depuis notre départ : 42° sous abri, avec une forte humidité; nous sommes tous en nage en espérant qu'au large nous pourrons retrouver un peu de fraîcheur. Les premiers milles sont parcourus au moteur dans la fin du chenal du canal, puis cap est mis plein Sud pour sortir du golfe de Panama en profitant d'un courant favorable.

Lors de cette descente, nous rencontrons bien sûr multitude de bateaux de commerce au mouillage, partant ou ralliant le canal, mais aussi des hordes d'oiseaux de mer, principalement des pélicans et des fous remontant vers le nord en files indiennes comme s'ils voulaient fuir quelque chose; serait-ce la grosse dépression annoncée et invisible sur les fichiers météo? Le captain gardera la question pour lui…

A midi, Michel, mû par un instinct de prédateur naturel, décide de mettre la ligne à l'eau; au bout de cinq minutes, il nous sort une bonite, qui sera bientôt suivie par deux autres! Voilà du travail pour les cuisinières du bord, lesquelles en prépareront deux au four et la troisième en carpaccio. Personne ne sait encore que ce seront les dernières prises!

Ce n'est qu'en milieu d'après-midi que nous toucherons nos premières risées, un vent du Nord de force 4 nous autorisant à sortir enfin les voiles. Mais il est bien précisé dans les guides nautiques que sur cette route, on peut avoir tout type de temps, du vent dans pratiquement toutes les directions ou pas de vent du tout, quelque soit la saison; la seule chose certaine est le courant contraire que l'on trouve dès la sortie du golfe de Panama sur la totalité du parcours. Et bien, c'est en effet ce que nous constaterons, une succession de calmes et de vents faibles de Nord, Nord nord-est, Ouest sud-ouest, Sud sud-ouest, Sud-ouest, Sud sud-est... En tout cas, aucune trace de la moindre dépression annoncée! Quant au courant, il sera constamment compris entre 1 et 1,3 nœuds dans le nez, avec une pointe à 2,3 nœuds dans la zone de latitude nord de 1° 09' et de longitude ouest 86° 07'.

Les moyennes journalières s'en ressentent évidemment et ne sont guère brillantes, s'étageant de 101 milles pour la plus faible à 138 pour la plus élevée, celle du premier jour; encore faut-il, préciser que le moteur est souvent sollicité.

Aussi, la monotonie s'installe vite lors de cette traversée qui semble ne pas vouloir finir; les seuls moments marquants auront été la vue de dauphins toujours aussi joueurs le premier jour, la vue d'un requin sur tribord le troisième jour, très impressionnant avec son aileron et sa queue arrière fendant la surface de l'eau. Michel remontera la ligne rapidement au cas où, pour la remettre un quart d'heure après et s'apercevoir quelques instants plus tard que le bas de ligne en acier aura été proprement sectionné!

Mais le pêcheur est têtu; il remonte un nouveau bas de ligne avec un magnifique rapala qui subira le même sort dans l'heure suivante! S'en sera terminé faute de matériel, mais il se promit de trouver aux Galapagos de quoi remonter des lignes, et alors on verra ce qu'on verra!

Le deuxième jour, Martine remarquera que l'on traîne un bout à l'arrière du bateau; il est apparemment pris dans le safran. On mettra en panne et le captain se mettra à l'eau pour aller le décoincer non sans difficulté.

L'avant-veille de l'arrivée, au petit matin, Michel eut une drôle de visite lors de son quart; alors qu'il envoyait l'artimon, il vit arriver au dernier moment par l'arrière et venu d'on ne sait où, un Zodiac avec trois hommes vêtus de noir à bord; surpris par cette apparition étrange et quelque peu inquiétante si loin des côtes, il appela le captain qui, le temps de se réveiller, arriva sur le pont alors que le Zodiac s'éloignait après avoir salué Michel qui leur répondit un peu inquiet. Il devait sans doute aller rejoindre un bateau aperçu plus tôt par Michel; étaient-ce des gardes côtes équatoriens, nous ne le saurons jamais.

Mais le grand moment de la traversée sera bien sûr le franchissement de l'équateur la veille de l'arrivée; Olympe quittera ainsi l'hémisphère nord pour un long moment puisqu'il ne le retrouvera en principe qu'en 2011 en Atlantique sur la route du retour. A cette occasion, Neptune en personne est venu introniser l'équipage qui s'est livré de bonne grâce à ses exigences parfois bizarres!


C'est le 7 mai que nous atteignîmes enfin l'archipel des Galapagos, avec un comité d'accueil inattendu : dauphins, lions de mers et oiseaux de toutes sorte semblaient nous montrer la route jusqu'à l'île de Santa Cruz où nous mouillâmes à 11h50 devant la petite ville de Puerto Ayora, après avoir parcouru 987 milles à la modeste moyenne de 5 nœuds.

La réglementation sur ces îles est draconienne; l'autorisation d'accès est limitée à deux ports, Puerto Ayora sur l'île Santa Cruz, et Puerto Baquerizo Moreno sur l'île San Cristobal. Une fois les formalités d'entrée effectuées, le bateau doit rester sur place au mouillage, les visites sur les autres îles ne pouvant s'effectuer qu'avec les navettes prévues à cet effet et accompagnés des guides officiels du parc national des Galapagos. La durée du séjour est limitée à 20 jours.

Une fois mouillés, nous commencions à mettre l'annexe à l'eau quand un bateau s'approcha pour nous accoster; à son bord, un représentant de la capitainerie, un policier, trois représentants du service sanitaire et un agent prenant en charge l'ensemble des formalités; nous eûmes droit à l'explication de cette réglementation et à une auscultation gratuite cœur et poumons de la part du médecin qui se contenta de nous poser des questions sur notre état de santé. C'est un peu grandguignolesque mais montre l'intérêt que porte l'Equateur à la conservation du patrimoine exceptionnel de ces îles; quant à l'efficacité…

Nous remîmes les papiers du bateau, les passeports et la clearance de sortie du Panama à l'agent qui nous les rendra l'après-midi même à son bureau.

Nous étions alors en règle et pouvions commencer à faire la découverte d'un endroit unique au monde!

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