OLYMPE AUTOUR DU MONDE

AUSTRALIE

Un peu de géographie

Située entre les 10° et les 40° de latitude sud, l'Australie est la plus grande île du monde avec ses 7 682 300 km2 et ses 37 000 km de côtes, mais aussi le plus petit, le plus isolé et le plus ancien continent. Sa superficie n'est pas loin d'égaler celle des Etats-Unis.

Cette terre n'est pas d'origine volcanique et n'a pas non plus connu d'érosion glacière importante ; ne possédant pas de chaîne de montagne de type alpin, elle constitue en fait un immense plateau de faible altitude (210 mètres en moyenne).

Son climat est chaud et sec, de type continental ; seules les côtes nord et est sont bien arrosées durant l'été austral. On distingue en fait quatre zones climatiques distinctes :

- Un climat tropical au nord et nord-est, avec des températures élevées (Darwin a les records de chaleur avec une moyenne annuelle de 27°C°), des étés chauds et humides avec des risques de cyclones et des hivers très doux,

- Un climat très aride au centre de l'île avec des écarts de températures importants entre le jour et la nuit où il peut geler (23° en moyenne à Alice Springs),

- Au sud-est et en Tasmanie, l'influence des alizés du Pacifique rend le climat tempéré de type océanique avec des étés chauds, des hivers froids et des précipitations en toute saison,

- Dans le sud-ouest et dans le sud, c'est un climat méditerranéen qui prédomine avec des étés chauds et secs et des hivers doux et pluvieux.

La population actuelle est d'environ 20 millions d'habitants, essentiellement concentrés dans les grandes villes des côtes sud-est et est : Sydney 4 millions, Brisbane 1,4 million, Melbourne 3 millions, Adélaïde 1 million, Canberra la capitale administrative 280 000. Seule grande ville de la côte ouest, Perth atteint 1,4 millions d'habitants. C'est dire que le centre du pays, appelé outback, est quasiment désertique, tant du point de vue géographique que démographique.

L'agriculture et l'élevage occupent bien sûr une place importante de l'économie comme en Nouvelle-Zélande ; après deux siècles de viticultures, les vins australiens commencent à être réputés mais sont fortement alcoolisés. C'est l'Australie méridionale qui est la plus grosse productrice avec 60% de la production totale du pays. Mais comme en Nouvelle-Zélande, il n'y a aucune notion de terroir ou de cépage, seul le nom du producteur compte ainsi que l'année de mise en bouteille (à ne pas confondre avec l'année de récolte) ; d'ailleurs tous les vins font l'objet de savants mélanges pour améliorer leur qualité.

Mais ce qui caractérise surtout ce vaste pays, ce sont la faune et la flore constituées de nombreuses espèces endémiques que l'on ne trouve qu'ici. Il serait bien trop long d'énumérer les centaines d'espèces spécifiques à l'Australie, dont des mammifères qui pondent des œufs, des rats mangeurs de pythons, des araignées mangeuses d'oiseaux, les exemples sont nombreux "d'anomalies" créées par l'isolement de ce continent qui connu ses propres évolutions. Nous ne citerons que les marsupiaux dont les kangourous sont un sous-groupe, les koalas, mammifères vivant dans quelques espèces d'eucalyptus, les émeus et les autruches, l'ornithorynque, plusieurs espèces de crocodiles, etc…

L'Australie est sans doute l'un des pays dont la faune est la plus hostile à l'homme, avec le plus grand nombre au monde de serpents les plus venimeux, les scorpions qui foisonnent sous les pierres de tout le continent, les méduses aux piqûres mortelles, les grands requins blancs dévoreurs de surfeurs, les mygales à toile rodant dans les parcs des villes, la liste est longue !

Un peu d'histoire

L'histoire de l'Australie a quelques points communs avec celle de la Nouvelle-Zélande à ceci près que, dans ce dernier pays, les premiers colons étaient volontaires et issus de communautés religieuses triées sur le volet, alors que les premiers habitants de l'Australie furent les forçats britanniques que l'on exilait dans des bagnes loin de la mère patrie.

Les étapes d'une découverte difficile

On a des traces de passage de navigateurs chinois dès le 13ème siècle ; l'histoire des voyages d'européens commence avec un portugais, Luis Vaez de Torres qui, en 1605, longea les côtes sud de l'actuelle Nouvelle Guinée, passant au nord de l'Australie par le détroit portant son nom en apercevant des îles au nord du continent sans toutefois s'y arrêter : il avait manqué de peu la découverte de cette Terra Australis. La même année, c'est un hollandais, Willem Jansz, qui fut le premier européen à mettre les pieds sur le sol australien dans le golfe de Carpentarie, pensant être au sud de la Nouvelle Guinée. Il n'y resta pas, déçu pas l'absence de richesse minière et d'épices.

Mais pendant les décennies suivantes, d'autres navigateurs hollandais se rendant du Cap de Bonne Espérance vers les Indes abordèrent involontairement les côtes ouest et sud de l'Australie suite à des erreurs de navigation ; ils en profitèrent pour cartographier ces côtes et dénommèrent cette terre Nouvelle Hollande.

Puis ce fut deux missions successives d'Abel Tasman en 1642 et 1644 qui lui permirent d'aborder l'actuelle Tasmanie en découvrant le détroit de Bass puis la côte ouest de la Nouvelle-Zélande et de parcourir la côte nord de l'Australie. Là encore, ne trouvant pas de richesses dignes d'intérêt mais de redoutables sauvages, ces découvertes restèrent sans suite.

C'est ensuite un corsaire anglais du nom de William Dampier qui fera deux voyages en 1688 et en 1699, explorant la côte nord-ouest de la Nouvelle Hollande; mais comme ses prédécesseurs, il ne trouva pas d'intérêt à ces terres arides peuplées d'horribles sauvages.

Puis c'est au tour de Bougainville en 1766 d'entreprendre son grand voyage dans le Pacifique qui le conduira jusque devant la Grande Barrière de Corail qu'il n'osera pas franchir, mettant cap au nord en ignorant qu'il venait de manquer de débarquer sur le sol australien, ce qui eut été possible s'il était arrivé par le sud de la Grande Barrière.

Mais l'histoire moderne de l'Australie va commencer en 1770 quand l'Endeavour, le trois mâts de James Cook, jeta l'ancre sur la côte sud-est de l'Australie le 28 avril au sud de la Grande Barrière : il aura eu plus de chance ou de talent que Bougainville. Il remontera ensuite toute la côte est à l'intérieur de la Grande Barrière, non sans dégâts d'ailleurs (voir encadré dans le compte rendu du séjour australien) et planta le drapeau anglais sur l'île de la Possession au large du cap York.

La colonisation

C'est en janvier 1788 qu'une première flotte, constituée de 11 vaisseaux transportant 1000 passagers dont 750 forçats, débarqua à Botany Bay ; le peuplement de l'Australie commençait ! Ces déportations durèrent près d'un siècle avant d'être abolies en 1868 ; 160 000 détenus dont 25 000 femmes étaient venus peupler et défricher pour le compte du gouvernement cette nouvelle terre, mais avec des conséquences néfastes pour les colons libres qui venaient s'installer et qui avaient milité pour l'arrêt de ces déportations.

Parallèlement, l'exploration du continent avait commencé ; elle était le plus souvent le fait d'aventuriers et non d'expéditions officiellement montées. Mais elles permirent à de nouvelles colonies de voir le jour, se spécialisant dans l'élevage ou l'agriculture. Puis ce fut la découverte de l'or en 1851 en Nouvelle Galles du Sud qui engendra les ruées déjà connues aux Etats-Unis et en Nouvelle-Zélande.

Des concessions furent alors accordées aux prospecteurs dont les prix des licences ne tardèrent pas à créer une révolte qui connut des épisodes sanglants mais qui fut à l'origine de la création de la Démocratie dans le pays, puisque le suffrage universel et le vote à bulletin secret furent institués en 1856 suite aux évènements.

C'est aussi cette époque qui vit le début de l'industrialisation du pays : construction de voies ferrées, mines, chantiers navals, minoteries, brasseries venaient compléter les secteurs de l'agriculture et de l'élevage. L'installation des lignes télégraphiques fut aussi un vecteur de développement rapide du pays, ou plutôt des régions autonomes ; mais en 1890, une grave crise économique secoua le pays tout entier avec l'effondrement des cours des céréales et de la laine. Les différentes colonies australiennes qui vivaient alors en autarcie souffrirent de leur isolement et l'idée d'une fédération avec un état central harmonisant les intérêts communs (défense, finances et relations extérieures) fit son chemin pour aboutir à une constitution qui fut approuvée par référendum et ratifiée par le parlement britannique le 9 juillet 1900. Les six colonies devenaient des états fédérés au sein du Commonwealth d'Australie.

L'unité de la nation devait bientôt se renforcer dans les terribles conditions de la première guerre mondiale dans laquelle l'Australie paya un lourd tribut : 226 000 tués, soit 65% des effectifs engagés !

Puis la crise financière mondiale de 1929 toucha à nouveau de plein fouet le pays dont la prospérité était toute artificielle, dopée par les prêts annuels accordés par la Grande Bretagne qui, touchée elle aussi, cessa ses largesses. Le pays compta alors jusqu'à 30% de chômage parmi la population active. Après un programme d'extrême rigueur budgétaire et une dévaluation de 25%, la croissance revint en 1933. Afin d'assurer ses débouchés à l'export, des relations furent rétablies avec le Japon malgré les visées expansionnistes de ce pays dans le Pacifique.

Vint alors la seconde guerre mondiale dans laquelle l'Australie s'engagea aussitôt aux côtés de la Grande Bretagne. Mais c'est sur le front du Pacifique avec l'aide des Etats-Unis que l'Australie dut se battre contre le Japon qui avait commencé à envahir la Nouvelle Guinée. Entre les fronts européens et Pacifique, le bilan fut moins lourd que lors de la première guerre mais il se chiffra néanmoins à 27 000 morts sur un total engagé de 550 000.

Les lendemains furent difficiles et, en 1946, l'Australie mit en œuvre un programme d'immigration ambitieux de 70 000 européens par an afin d'apporter la main d'œuvre nécessaire à son développement. En vingt ans, ce sont deux millions d'immigrants européens de toute origine (40% seulement étaient d'origine britannique) qui vinrent s'installer dans ce pays neuf.

Aujourd'hui, l'immigration est plus variée, malgré le principe d'une Australie blanche conformiste et matérialiste, politique qui fut abolie en 1973 ; mais elle est aussi plus contenue ; aux européens sont venus s'ajouter des indiens et des asiatiques, essentiellement chinois. Sydney est aujourd'hui, un peu à l'image d'Auckland, une ville cosmopolite et multiculturelle.

Reste à terminer l'intégration du peuple aborigène qui a obtenu l'égalité des droits et la nationalité australienne, ainsi que la restitution de quelques uns de ses territoires ; mais nous pourrons constater pendant notre séjour que le chemin à parcourir est encore long !

Notre séjour

Cairns

C'est le 13 juillet 2011 que nous arrivâmes à Cairns accompagnés de Gérard avec qui nous avions visité le Vanuatu. Les raisons de ce point d'entrée en Australie ont été exposées dans le compte rendu de la traversée depuis le Vanuatu.

A peine amarrés au ponton de Marlin Marina, l'employé de la marina qui nous avait aidés nous avertit qu'il avait prévenu les services officiels et qu'ils n'allaient pas tarder à arriver.

Ils ne tardèrent pas en effet ; ce furent d'abord deux charmantes douanières qui montèrent à bord après qu'on leur ait installé l'escabeau (pas très sportives les douanières !). Très sympathiques et plaisantant, nous disant qu'on avait dû avoir du vent pour être arrivés plus tôt que prévu, elles nous déclarèrent qu'elles étaient à notre disposition pour tout renseignement ultérieur. Elles furent en outre épatées de voir que nous avions préalablement rempli leur épais questionnaire téléchargé au Vanuatu, ce qui leur faisait gagner du temps. Le premier contact avec les officiels australiens était donc très encourageant

Mais arriva le représentant des services sanitaires…Uniforme kaki, style armoire à glace qui se la joue un max, une gueule que ne renieraient sans doute pas ses ascendants bagnards colonisateurs bref, vous aurez deviné qu'il n'allait pas devenir notre ami !

Il commença par demander si quelqu'un était malade à bord ; on se demande à quoi peut bien servir cette question puisqu'aucun contrôle n'est effectué ; et puis cette question est-elle posée aux voyageurs arrivant par avion ? Bien sûr que non. On était manifestement tombé sur un gars qui faisait du zèle.

Puis il photographia l'extérieur d'Olympe sous toutes les coutures ; je ne savais pas qu'il pouvait ainsi avoir une passion des bateaux !

Arrivé à l'intérieur, il continua sa séance photos et entreprit de visiter, une lampe à la main, tous les équipets et les coffres du bateau demandant même si nous avions eu à faire refaire une partie du bois du bateau et où !

Puis vint la visite du frigo, du congélateur et des équipets de conserves ; bien entendu, nous le savions, tous les fruits et légumes furent confisqués, mais ce qui eut le don de nous exaspérer, c'est la confiscation du contenu des bocaux de pâté préparés par Maryse ! Alors ça, c'était un crime de lèse Majesté ! Nous étions tellement furieux que nous en ouvrîmes un pour le manger devant ce sinistre individu ! Et Dieu, qu'il sentait bon ! Il était tellement zélé qu'il n'a pas voulu que nous nettoyions à l'évier les bocaux, mais avec du Sopalin qu'il confisqua également : complètement parano ces australiens et qui plus est très méprisants envers les autres nations qui n'auraient pas une nourriture de la qualité de la leur ! Il faudrait peut-être organiser un boycott de leurs produits pour qu'ils comprennent ?

Mais l'essentiel était sauf : il n'était pas tombé sur la collection de sable de Maryse pourtant presque en évidence ! Zélé mais un peu neuneu…

Pas assez neuneu tout de même pour oublier de nous réclamer 330 dollars ! Il y a des jours où…

Une fois qu'il fut parti avec son sac plastique fermé à quadruple tour d'un scotch manifestement haut de gamme, nous pûmes nous défouler sur ce pauvre homme qui ne fit en fait qu'appliquer une réglementation absurde.

Bienvenue en Australie et bon anniversaire au captain qui aime décidément faire des arrivées en ce jour mémorable ! (voir convoyage du bateau).

A peine les formalités terminées, nous partons faire une première reconnaissance des lieux ; Cairns est une ville de province de 120 000 âmes qui s'est développée ces dernières décennies autour du tourisme : visite en bateau de la Grande Barrière, plongées et point de départ d'excursions vers le Cape Tribulation National Park situé plus au nord. Elle s'est dotée d'un aéroport international et bon nombre d'hôtels de luxe ont vu le jour.

La première impression est cependant favorable ; certes, il ne faudra pas s'attendre à des visites culturelles ou à voir des vieux quartiers préservés, mais le cadre de vie est agréable : une architecture moderne mais originale et de bon goût, beaucoup d'espace et de verdures, un front de mer immense et bien aménagé.

Et puis nous commencerons à remarquer le caractère sportif des habitants : ça court dans tous les sens à toute heure du jour et de la nuit ; le culte du corps est ici élevé (comme partout en Australie) au rang de priorité nationale !

La soirée s'avançant rapidement, nous reviendrons près de la marina entourée d'un immense complexe d'hôtels et de restaurants où le captain invitera l'équipage pour arroser son anniversaire, agréablement surpris par la qualité de la gastronomie offerte.

Les jours suivants furent consacrés à l'intendance du bateau ; première urgence, trouver un adaptateur pour la prise électrique de quai ; il y a bien un shipchandler à la marina, mais il n'a pas ! Pendant que Maryse et Gérard s'occupent de nettoyer le bateau, le captain part à la pêche de la prise qu'il trouvera dans la zone industrielle (immense) située à près d'une heure de marche.

Puis il fallut trouver un voilier pour réparer les voiles : changement de la bande de protection contre les UV pour le génois et taillage de la chute de grand voile qui commençait à se couper par endroit. Un mail fut envoyé à un voilier mais, sans réponse le lendemain, Gérard et le captain partirent à l'aventure (le mot n'est pas trop fort alors même que nous avions l'adresse !) pour le trouver dans la zone industrielle. Même les professionnels du nautisme rencontrés au hasard de nos recherches ne le connaissaient pas, ce qui n'était pas trop rassurant !

C'est le responsable d'un commerce d'équipements de survie qui nous prendra en voiture et après plusieurs tentatives et coups de fil, nous conduira auprès de John et de sa société Cairns Yacht Sails ; nous étions passés à côté sans le voir car il n'y avait aucune enseigne au nom de son entreprise…

Nous avons eu l'impression de rencontrer Peter Blake ! Ce doit être son sosie, en tout cas il semble bien entretenir le look ! Il nous promit de passer prendre les voiles au bateau le samedi matin. Il nous restait alors une bonne heure de marche pour rentrer au bateau ; on peut vous dire qu'ici, le stop ça ne marche pas !

Restait enfin à s'occuper du guindeau… Malgré l'accoutumance, le captain souhaitait tout de même pouvoir le faire réparer : il n'y a aucune addiction au relevage manuel d'une chaîne pour un bateau de 16 tonnes ! Là, nous eûmes plus de chance ; nous aperçûmes près de notre ponton une camionnette de la société Cairns Marine Services. Nous trouvâmes facilement son propriétaire, Peter, qui prit le guindeau que nous avions démonté du pont et en un tour de main, il l'ouvrit dans sa camionnette et nous montra l'étendue des dégâts ; ceux-ci concernaient essentiellement l'arbre du moteur électrique ; il nous déclara qu'il valait sans doute mieux acheter un guindeau neuf que de dépenser des heures à désosser le moteur électrique pour ré usiner son bout d'arbre.

Nous allions accepter son devis quand nous reçûmes la visite du propriétaire du Super Maramu "Helena" battant pavillon hollandais. Nous avions déjà aperçu ce bateau à Tahiti à la marina Taina il y a plus d'un an ! Lui racontant notre histoire de guindeau, il nous propose alors de nous fournir un moteur neuf qu'il a en rechange pour nous faire gagner du temps. Le captain, euphorique, accepte et transmet le dit moteur à Peter pour montage sur le guindeau. Mais entre l'achat d'un nouveau moteur pour le restituer à notre bienfaiteur, les réparations mineures sur le guindeau et le temps passé, la facture sera finalement égale au prix d'un guindeau neuf ! Mais, consolation, il sera opérationnel dans les délais, tandis qu'un neuf venant de France ?...

Parallèlement à cette histoire de guindeau, notre hollandais nous déclare qu'il vient de changer son moteur, un Perkins identique au nôtre, par un Yanmar ; il a donc un stock de pièces de rechange Perkins qu'il peut nous céder à un prix intéressant. Là, on l'a vu venir et on a uniquement récupéré pour un prix dérisoire des filtres à gasoil, des filtres à huile, des rouets de pompes eau de mer et des courroies.

Toutes ces péripéties se sont déroulées sur quelques jours pendant lesquels Gérard et Maryse faisaient des courses et du shopping et le captain rédigeait la mise à jour du site et s'occupait de l'obtention du permis de croisière indispensable pour se rendre en Indonésie ; pour ce dernier point, le consulat indonésien à Nouméa nous avait indiqué les coordonnées d'un agent susceptible de s'en charger. Encore fallait-il lui donner tous les renseignements utiles et surtout lui faire un virement de 225 US$ tout de même !

Lors de nos promenades dans la ville, la plus agréable fut sans conteste celle du front de mer ; celui-ci longe la baie formant une étroite plage en arc de cercle sur près de trois kilomètres mais, à marée basse, la mer se retire très loin, découvrant une vaste étendue de vase heureusement sans mauvaises odeurs ; la surprise fut de constater les panneaux d’interdiction de se baigner pour risque de présence de crocodiles !


Qu’à cela ne tienne, un lagon artificiel a été creusé près du centre ville en bordure de la baie, permettant de se baigner en toute sécurité.

Puis longeant la baie depuis la marina, on peut admirer une faune constituée essentiellement de grandes aigrettes aussi blanches qu’élégantes et d’autres oiseaux de mer que nous n’avions encore jamais vus. Et le sport étant élevé au rang de priorité nationale, un circuit sportif longe toute la baie avec de multiples stations équipées d’agrès permettant de faire travailler tous ses muscles. Piste cyclable, aire aménagée pour les skateboards, jardins pour enfants parsèment également ce front de mer très fréquenté.


Pendant tous ces jours, le temps est particulièrement clément, chaud le jour au soleil dont il est impératif de se protéger, mais avec des nuits amenant un peu de fraîcheur : 17° à 18° avec deux nuits où la température est même tombée à 13° !

Mais la ville a beau être agréable, on en fait tout de même rapidement le tour et on finit par tourner en rond. Nous nous inscrirons donc pour un tour qui nous conduira jusqu’au Cap Tribulation en passant par la rivière Daintree ; Maryse et Gérard tomberont par hasard sur une jeune bretonne en stage chez un tour operator qui les conseillera sur le circuit à choisir et qui, paraît-il, fera forte impression sur Gérard !

C'est donc à 7h du matin le 21 juillet que nous nous rendons à l'hôtel où doit nous prendre le véhicule 4x4 du tour operator; 7h15, personne, 7h30 toujours personne! On demande alors à l'hôtesse d'accueil de l'hôtel de téléphoner à l'agence ; le chauffeur ne nous avait pas sur sa liste, nous avions été oubliés ! Il fut joint et fit demi-tour pour revenir nous chercher…

Nous nous rendîmes tout d'abord à la petite ville balnéaire de Port Douglas qui, avec Cairns, est le point de départ principal pour les visites des plus beaux sites de la Grande Barrière de corail. Ancienne cité minière créée en 1870, elle connut une seconde jeunesse avec le développement du tourisme et la construction de complexes hôteliers de luxe. Il s'agissait en fait de récupérer quelques autres touristes dans deux hôtels pour continuer le périple ; c'était dommage de ne pouvoir faire une halte car l'endroit semblait bien sympathique avec sa petite rue étroite et commerçante, sa plage et sa marina.

Quelques dizaines de minutes plus tard, nous pénétrions dans les bassins naturels de Mosman Gorge, en lisière de la plus vieille forêt tropicale du monde ou du moins ce qu'il en reste ; cette forêt est en effet vieille d'au moins cent million d'années, soit dix fois plus ancienne, à titre d'exemple, que la forêt amazonienne ! Mais elle est loin d'en avoir les dimensions car, depuis que l'Océanie s'est détachée de l'ancien et immense continent Gondwana, il y a cent vingt million d'années, un climat plus sec s'est installé réduisant la superficie de cette immense forêt qui recouvrait alors tout le continent à 1% de sa surface. Puis l'arrivée des européens et l'exploitation forestière qui s'en est suivie a encore limité l'étendue de cette forêt à 0,3% du territoire.

C'est dans cette forêt que l'on peut rencontrer le terrible serpent taipan à la morsure 300 fois plus toxique que celle du cobra ! (record du monde). Mais un circuit de trois kilomètres a été aménagé pour les touristes à l'abri (en principe) de ce charmant animal. On y découvre la flore très riche de l'endroit, des plantes toxiques comme la vigne de Gympie, des arbres immenses entourés de lianes impressionnantes, des torrents et quelques oiseaux rares ; les guides affirment que la diversité biologique de cette forêt du nord du Queensland est la plus grande du monde.
Puis nous reprîmes la route en direction de la rivière Daintree où nous embarquâmes sur un bateau à fond plat pour découvrir les immenses et diverses espèces de mangroves où se terrent d'autres charmants animaux, des crocodiles. Nous n'aurons pas tout compris aux explications du guide sur les différentes sortes de mangroves en fonction du degré de salinité de l'eau, mais nous pûmes "admirer" nos premiers crocodiles !

Le premier était minuscule et guère impressionnant ; mais s'il y avait des petits, c'est qu'il y avait aussi des gros ! Nous en aperçûmes quatre au total, parfaitement immobiles ; impossible de détecter le moindre mouvement du corps ou des paupières : ils vous regardent d'un air pas très aimable, mais on se demande si ce sont vraiment des vrais ! Mais avec le dernier, le plus gros, (environ quatre mètres de long) plus de doute ; histoire de nous montrer qu'on dérangeait sa sieste, il ouvrit sa gueule en grand et l'on n'aurait point aimé qu'il la referme sur nous…Ces bêtes sont à la fois laides et belles, impressionnantes et attirantes. Elles sont protégées en Australie, pas question de les chasser. Les plus gros spécimens rencontrés dans les estuaires de rivières atteindraient les dix mètres de long : Pas question de se baigner, même si l'eau est bonne !

Nous reprendrons la route en direction du cap Kimberley d'où nous aurons un joli point de vue sur toute la Trinity Bay depuis Port Douglas pour arriver, un peu avant déjeuner, près du Cap Tribulation où nous pénétrerons une nouvelle fois dans la forêt tropicale humide dans l'espoir d'y voir, en vain, des Casoars, ces grands oiseaux au corps d'émeu, au cou rouge et bleu avec une tête flanquée d'une crête osseuse.

Nous sommes en saison sèche et l'accès a été sans problème ; il faut savoir qu'en saison humide, même les véhicules 4x4 ne peuvent atteindre cet endroit.

Nous visiterons au centre d'information local une belle collection d'insectes australiens dont la taille de certains dépasse celle d'une main humaine…Un avant-goût de ce que nous découvrirons sans doute plus tard en Guyane !

Nous déjeunerons à l'australienne d'un délicieux filet de Baramundi (une grosse carpe de mer) cuit au barbecue avant d'aller nous promener sur la plage du cap Tribulation où nous pûmes apercevoir des arabesques de sable réalisées par quelque coquillage ou ver de mer.

C'est vers vingt heures que nous serons de retour à Cairns sur le bateau.

Le lendemain, nous récupèrerons les voiles réparées mais ne pourrons réinstaller que la grand voile ; il y avait trop de vent pour remonter le génois. Puis nous irons voir de près deux énormes voiliers venus s'amarrer dans la marina :

- le "Vertigo", un ketch de 67 mètres (220 pieds) réalisé en aluminium dans le chantier néo-zélandais Alloy Yachts sur plan de l'architecte français Briand ; la hauteur du mât principal est de 68 mètres et il peut porter jusqu'à 5 330 m2 de voilure ! De style très moderne, il est large de l'arrière. Il est aussi muni d'une quille relevable pouvant faire varier le tirant d'eau de 9,10m à 5,05m. Il est équipé en outre de deux moteurs "auxiliaires" de 1 400 CV chacun…Tout ça pour 12 "invités" seulement et autant de membres d'équipage.

- Le voilier "Adèle", aux lignes volontairement plus classiques pour ne pas dire anciennes, mais tout aussi moderne dans sa technologie et sa conception. Esthétiquement parlant, nous préférons, même s'il ne fait "que" 56 mètres de long!

Dimanche 24, le captain préparera la route pour rejoindre Darwin, au nord de l'Australie, en passant par l'intérieur de la Grande Barrière et le détroit de Torrès; ce sera un travail de précision pour suivre les chenaux sinuant autour des nombreux îlots et récifs présents jusqu'à la sortie du détroit. Pas moins de 52 way points seront enregistrés sur le lecteur de carte électronique puis plus tard sur le GPS portable au cas où… Car si le lecteur de carte électronique tombe en panne de nuit dans ce labyrinthe…

Le lundi 25, le vent sera suffisamment retombé pour nous permettre de réinstaller le génois ; nous remonterons également le guindeau que nous testerons immédiatement, pour la plus grande satisfaction de l'équipage !

Le 26, l'heure était venue de nous séparer de Gérard qui reprenait l'avion pour la France ; ce n'est pas sans émotion que nous le raccompagnâmes à la navette de l'aéroport après qu'il eut salué Olympe d'un geste amical. Il fut un agréable et intéressant compagnon de voyage pendant ce mois et demi passé ensemble et sa présence au Vanuatu fut pour nous une aide précieuse.

Le 29 juillet, sous un ciel gris et un temps assez venté, nous larguions les amarres pour quitter Cairns et gagner Darwin, 1340 milles plus loin. Vous en trouverez le récit dans les carnets de bord ou en cliquant ICI.

Darwin

Capitale des Territoires du Nord, Darwin est aujourd'hui une ville de 100 000 habitants. Découvert en 1839, le site du port porta le nom de Charles Darwin, le plus célèbre passager du Beagle, le bateau qui aborda le premier ce site. Mais c'est en 1869 que la première colonie importante s'y installa en raison de la découverte d'une mine d'or à Pine Creek à quelques 230 km à l'intérieur des terres, jusqu'à l'épuisement du filon qui signa la première mort de la cité ; celle-ci fut l'objet de nombreux bombardements japonais durant la seconde guerre mondiale en raison de sa position stratégique, ce qui eut pour effet de la revider de ses habitants une seconde fois.

C'est ensuite une catastrophe naturelle qui s'acharna sur elle ; en 1974, le soir de Noël, le cyclone Tracy détruisit la quasi-totalité de la ville en l'espace de quelques heures. Sur les quelques 5500 bâtiments de la ville, 5000 furent irrémédiablement détruits. Aussi, la ville que l'on connait aujourd'hui a été pratiquement entièrement reconstruite, et très peu de traces de l'ancienne Darwin subsistent. La ville a certainement moins de charme qu'autrefois mais ses constructions sont désormais prévues pour résister à un nouveau cyclone.

Mais Darwin a aussi une autre spécificité, ses habitants déclarent être les champions du monde des buveurs de bière ! (Au fait, qu'en pensent les bavarois ?) Et pour fêter ça, chaque année au mois de juin a lieu la Beer Can Regatta, régate effectuée avec des embarcations constituées de canettes de bière vides… Bien sûr, beaucoup ne parviennent pas à franchir la ligne d'arrivée et coulent en cours de route.

Après déjeuner le jour de notre arrivée, nous mettrons l'annexe à l'eau pour gagner le rivage ; Mais voilà que ce bon moteur hors bord refuse obstinément de démarrer ! Le captain a sans doute trop pompé d'essence et a noyé le moteur. Dans ce cas, inutile d'insister : on démonte les bougies, on les sèche et on attend que l'essence dans les cylindres s'évaporent…

Ce n'est que le lendemain, après un dernier séchage au sèche-cheveux, que ce cher moteur démarrera au quart de tour. Nous étions soulagés car, à un demi-mille du rivage avec une petite brise de terre, on se voyait mal ramer à genou au fond du dinghy !

A peine débarqués sur la plage, nous croisons le responsable du yacht club :

-are you french?
-yes, we are
-moi aussi !

David, tel est son prénom est installé en Australie depuis deux ans ; Ayant épousé une australienne, il possède la double nationalité. Après une courte carrière dans la Royale, il a posé ses valises ici et, après un premier job comme guide pour un tour operator, il est aujourd'hui responsable du Darwin Sailing Club dont il nous explique le fonctionnement pour les bateaux de passage qui y sont les bienvenus moyennant une cotisation hebdomadaire modique.

Outre la possibilité d'utiliser les installations du club, le plus utile sera la possibilité d'emprunter les chariots des dériveurs pour remonter l'annexe sur la plage ! Par contre, pas question de se baigner : le risque de présence de crocodiles est faible, mais celui des méduses aux piqûres mortelles et des requins est bien réel ! D'ailleurs, durant notre séjour, un dauphin sera retrouvé mort sur la plage avec un gros morceau de chair en moins provoqué, d'après les spécialistes, par un requin tigre d'environ cinq mètres.

Mais à Darwin, il y a également une marina située non loin de là à Cullen Bay ; David nous convaincra que le mouillage où nous sommes est tout à fait sûr et que la marina, petite, est souvent pleine. Nous irons cependant y faire un saut à pied qui nous convaincra qu'on est bien mieux en face de la plage de Fanny Bay où une ligne de bus nous conduit au centre ville en 10 minutes, alors que la marina est à l'écart de tout transport.

La première découverte de la ville fut assez rapide car, à part les quartiers périphériques assez étendus et sans intérêts, le centre situé sur la presqu'île reste concentré entre les trois rues principales et parallèles, Cavenagh st, Smith st, laquelle comporte une zone piétonnière commerçante dénommée the Mall et Mitchell st.



Le terminal des bus nous laisse près du Waterfront et du centre d'information touristique où nous irons pêcher tous nos renseignements pour notre future escapade au centre du pays. Autour, on peut voir les ruines du Town Halls mises en valeur et précieusement conservées comme un des rares témoins du passé de la ville.

Face à elles, de l'autre côté de la rue, le théâtre de Brown's Mart datant de 1885 est aussi un rescapé du cyclone.



Quant au Front End, il a été reconstruit à neuf dans un style moderne mais propre et de bon goût ; autour du centre des congrès de la ville et à l'intérieur d'un complexe immobilier récent, on trouve une piscine à vagues et un bassin artificiel d'eau de mer entouré d'une plage, le tout ceint de pelouses impeccables où les darwinais viennent en masse se prélasser au soleil et se baigner.

Non loin de là, le quartier administratif entièrement neuf avec l'immeuble du gouvernement des Territoires du Nord et la Haute Court domine le front de mer.

Le cadre de vie, comme à Cairns, est donc agréable, aidé en cela par un climat idéal en saison sèche actuelle, plus beau qu'à Cairns : même s'il fait chaud (30° tous les jours) la chaleur sèche y est très supportable à condition de se protéger du soleil redoutable. En saison humide, le climat est nettement moins confortable tant il y fait moite.

En reprenant l'annexe une fin d'après-midi pour regagner le bord, nous fûmes abordés par un australien nous demandant si nous pouvions l'emmener près de son fils qui avait dessalé au large sur un catamaran avec son ami ; ils avaient l'air manifestement épuisés et n'arrivaient pas à retourner le voilier. Nous prîmes le gamin avec nous dans l'annexe (il ne se fit pas prié !) et allâmes soulager l'extrémité du mât pour remettre le voilier dans le bon sens. C'était le troisième "sauvetage" d'Olympe depuis notre départ de Saint-Malo !

Un autre après-midi, nous allâmes nous promener sur la longue plage bordant Fanny Bay avec ses falaises de calcaire truffées de grottes colorées. Malgré la forte chaleur, nous ne cédâmes pas à la forte envie de nous baigner, sécurité oblige !

Voyage au centre du continent

Nous avons hésité quelques jours entre la solution de facilité qui consiste à s'adresser à un tour operator et celle consistant à organiser nous-mêmes notre voyage ; c'est que les distances à parcourir sont énormes, dans des régions isolées pour ne pas dire hostiles ; et tomber en panne en plein désert n'était pas une situation qui nous enchantait à priori.
Nous avons demandé l'avis de David, le responsable du Yacht Club qui a été aussi quelques mois guide pour un tour operator ; il nous affirma que le type de voyage organisé essentiellement pour les "backpackers" ne nous plairait pas. Nous avons donc décidé d'y aller seuls mais en assurant nos arrières et en réservant à l'avance tous nos hôtels ou motels sur internet.

1ère étape : Darwin-Katherine

Le 16 août au matin, nous voilà donc partis avec notre voiture de location pour un long périple ; mais le programme de cette première journée est somme toute raisonnable en termes de kilomètres.

Nous prendrons la Stuart Highway, la route principale qui traverse l'Australie du nord au sud, reliant Darwin à Adélaïde ; nous disons bien route et non autoroute, une voie dans chaque sens sans terre-plein central ni rails de sécurité sur les côtés, bref, une petite nationale bien de chez nous sur laquelle il est tout de même autorisé de rouler à 130 km/h !

Au bout de 120 km, nous quitterons la Stuart Highway pour prendre la direction du parc de Lichtfield situé 60 km plus loin au sud-ouest de Darwin ; nous voulions y voir de curieuses constructions édifiées par des fourmis et des termites, les magnetic mounts termites. Il s'agit de monticules pouvant atteindre deux mètres de haut pour protéger leurs locataires des inondations périodiques en saison humide, leur interdisant de construire leurs nids sous terre. Et l'ingéniosité de ces petites bêtes va même jusqu'à orienter leurs plates sculptures dans un axe nord-sud afin de limiter les apports calorifiques du soleil pendant la journée et réguler ainsi la température intérieure !

 

Nous pourrons voir dans certaines zones des champs entiers de ces constructions qui pourraient nous faire croire que l'on est de retour aux alignements de Carnac !

Revenant sur la Stuart Highway, nous irons jusqu'à Katherine, petite ville de 11 000 habitants (ce qui en fait tout de même la troisième ville des Territoires du Nord !) située à 320 km de Darwin et terme de notre étape du jour que nous atteindrons vers midi. L'après-midi fut consacrée à la découverte des gorges magnifiques de la rivière qui constituent un des principaux sites naturels des Territoires du Nord au sein du Nitmiluk National Park. Après une rapide grimpette en haut des falaises dominant la rivière, nous prîmes un bateau qui remonta la rivière entre falaises abruptes, aux couleurs ocre et brune de toute beauté, et rivages plus doux couverts de sable blond.


Après quelques kilomètres, le bateau ne pouvait plus remonter la rivière pour cause de niveau d'eau (nous sommes en saison sèche) et nous dûmes descendre pour rejoindre plus en amont un second bateau qui nous emmena plus loin dans des méandres encore plus étroits. Sur le sentier, nous pûmes voir des restes de peintures aborigènes anciennes sur la falaise, absolument pas protégées.



Dans cette seconde partie, nous rencontrerons un petit crocodile se faisant chauffer au soleil sur une roche de la rive.

En revenant au point de départ, nous eûmes la bonne surprise de croiser deux kangourous peu sauvages dont l'un prit la pose pour se faire photographier.

Un peu plus loin, une odeur assez désagréable nous chatouilla les narines ; il nous suffit alors de lever la tête pour apercevoir dans les arbres environnants des milliers de chauves-souris pendues aux branches comme des fruits mûrs ! Le spectacle était impressionnant et un guide du parc nous confirma qu'elles venaient là tous les jours avant de repartir à la tombée de la nuit.

Rentrant ensuite à notre motel sans restaurant, nous partîmes de nuit à la recherche de nourriture ; et bien, dans la troisième ville du Territoire, à part l'éternel Mac Do et un vendeur de pizzas, il n'y avait rien…

Les dangers de la Stuart Highway

Ils sont au nombre de trois :

• Les Road Train, ces énormes convois constitués d'un camion tirant de deux à cinq remorques et pouvant atteindre 57 mètres de long. L'absence de relief permet sans doute à ces mastodontes de pouvoir tracter de telles charges. Mais attention avant de doubler, il faut attendre une belle ligne droite ; heureusement elles ne manquent pas et la circulation est très faible !

• Les kangourous : on en voit plus de morts heurtés par les véhicules que de vivants. Nous en aurons vu ainsi des dizaines sur les bas côtés faisant le bonheur des charognards. Il faut donc être vigilant car à 130 km/h le choc est violent et peut laisser des traces !

• La monotonie du paysage et de ces longues lignes droites pendant des centaines de kilomètres : attention à ne pas s'assoupir ! 
 

 
2ème étape : Katherine-Tennant Creek

C'est une étape d'environ 500 km qui nous attendait, sans compter les deux digressions qui allaient nous faire quitter la Stuart Highway.

La première eut lieu à Mataranka dans le Elsey National Park où nous irons voir deux curiosités constituées de sources d'eau tiède au sein des restes d'une forêt tropicale. La première nommée Bitter Springs était particulièrement jolie et plus calme que la plus connue située sur le terrain d'un complexe hôtelier trop fréquenté. On peut s'y baigner et on aurait volontiers cédé à l'envie si la route avait été plus courte.

La seconde, étonnante, se trouve à Daly Waters, un peu à l'écart de la route, où au milieu de nulle part se trouve le plus vieux pub du Territoire du Nord construit en 1930 comme relais étape pour les passagers et les équipages de la Quantas en route pour une destination internationale. Les murs sont couverts de cartes de visites du monde entiers, des billets de banques de tous pays et de toutes époques sont suspendus de même qu'une impressionnante collection de soutien-gorges (!) et un tas de souvenirs plus hétéroclites les uns que les autres. Nous cèderons à la tradition en y prenant un pot.



Nous arriverons en fin d'après-midi à Tennant Creek, notre étape du soir. Ancienne cité minière d'or, elle exploite encore aujourd'hui un filon et se dispute avec Katherine la troisième place des villes du Territoire. Mais pour y dîner, on nous avait conseillé le Memorial Club où nous dûmes gracieusement prendre une carte de membre temporaire pour pouvoir dîner dans une sympathique ambiance.

3ème étape : Tennant Creek-Alice Springs

Au programme, 530 km de cette route monotone mais qui nous réservera une surprise quand nous longerons sur des dizaines de kilomètres des terres brûlées ; feux accidentels ou bien volontaires, en fait nous apprendrons plus tard que les aborigènes gèrent leur territoire en brûlant périodiquement le sol et, chose curieuse, la plupart des arbustes semblent épargnés par le feu : seule, la végétation rase se consume pour refertiliser le sol.


A une centaine de kilomètres de Tennant Creek, nous nous arrêterons aux Devil's Marbles, "les billes du diable", constituées de blocs de granite isolés et ronds, ou entassés de manière savante de part et d'autre de la Stuart Highway. Certains sont posés en équilibre précaire sur des socles minuscules, d'autres ont été proprement sectionnés en deux parties par les infiltrations d'eau. On connait mal l'origine de ces rochers, mais d'après une légende aborigène, il s'agirait des œufs du serpent Arc-en-ciel…

Nous traverserons le tropique du Capricorne à une vingtaine de kilomètres avant Alice Springs ; cette dernière est la deuxième ville des Territoires du Nord avec ses 25 000 habitants. Elle se situe pratiquement à l'épicentre du continent australien. Elle doit sa naissance au télégraphe lorsque celui-ci fut construit pour relier le nord au sud du pays dans les années 1870. Un important relais y fut établi à cause de la présence d'un point d'eau dans le lit de la rivière Todd, du nom de l'administrateur du télégraphe à Adélaïde. Sa femme se prénommant Alice, le nom de cet endroit fut baptisé Alice Springs, les sources d'Alice.



En arrivant en milieu d'après-midi, nous allâmes visiter ce site "historique" bien conservé ; resté en service jusqu'en 1933, le centre est actuellement reconverti en musée qui permet de se rendre compte de l'importance stratégique du télégraphe et des nombreuses autres responsabilités qui lui étaient dévolues.

4ème étape : Alice Springs-Uluru

Le but de la journée était en fait le but ultime de ce voyage, Uluru, où l'on peut admirer l'Ayers Rock. Normalement, lorsque l'on prend l'avion pour Alice Springs, il reste encore 465 km à parcourir pour y parvenir. C'est donc cette distance que nous devions accomplir pour venir admirer l'un des symboles les plus photographiés du pays, l'Ayers Rock qui est le plus gros monolithe du monde.

Première surprise, la température matinale n'est que de 7°C : voilà bien longtemps que nous n'avions pas été soumis à ce régime ! Nous continuerons vers le sud pendant 200 km avant de bifurquer sur la droite et prendre la Lasseter Highway. Peu avant Curtin Springs, nous nous arrêterons sur un point de vue du mont Conner, plateau émergeant de la plaine à la manière de ceux que l'on peut admirer dans les paysages de western. Maryse en profitera pour compléter sa collection de sable en prélevant un échantillon du magnifique sable rouge du désert.

Puis nous arriverons sur le site du parc Watarrka où se situe Ayers Rock ; avec ses 9 km de circonférence et une hauteur de 348 mètres, c'est le plus gros rocher de notre planète posé au milieu du désert. Encore estime-t-on que les deux tiers de ce phénomène sont enfouis sous le sable.

Il fut aperçu pour la première fois par un européen en 1872 mais c'est l'année suivante que William Gosse découvrit qu'il s'agissait en fait d'un rocher monobloc qu'il escalada. Il porte aujourd'hui le nom du Premier Ministre de l'époque, Henry Ayers.

Mais pour les aborigènes, il s'agit d'un site sacré qu'ils nomment dans leur langue Uluru qui signifie "lieu de réunion". D'ailleurs le site fut restitué en 1985 aux aborigènes sous la condition qu'ils en autorisent l'exploitation touristique. Ce compromis suscite encore aujourd'hui de nombreux antagonismes entre les populations aborigènes et les intérêts financiers liés au tourisme (250 000 visiteurs par an).

Par respect aux demandes aborigènes, nous n'en feront pas l'ascension. Nous en ferons le tour en voiture puis nous nous rendrons à pied vers l'une des échancrures du rocher qui retient de l'eau permettant à une végétation d'y survivre.

Nous nous demandions avant d'arriver si tout ce périple pour aller voir un "vulgaire caillou" en valait bien la peine ; on peut affirmer aujourd'hui que oui, tant ce site impressionne par sa taille et sa beauté.



Mais il paraît qu'au soleil couchant c'est encore plus beau. Nous décidâmes donc d'y revenir après avoir poursuivi la route pendant encore 35 km pour aller voir les Olgas, ensemble de 32 formations rocheuses de même type mais de taille plus modeste. Nous y ferons une petite randonnée dans la Valley of the winds.

De retour à Uluru une heure avant le coucher du soleil, nous nous installerons sur un parking prévu à cet effet où nous ne pouvions nous plaindre de la solitude ! Et il est vrai que le spectacle était magique avec le changement de couleur progressif du rocher sous les rayons du soleil déclinant ; Nous avions vu des cartes postales faisant ressortir le rocher d'un rouge écarlate, et bien point n'est besoin d'utiliser des filtres sophistiqués de couleur pour parvenir à ce résultat, il suffit de prendre une photo ordinaire !

5ème étape : Uluru-Kings Canyon

320 km seront nécessaires pour rejoindre le Kings Canyon situé à l'ouest d'Alice Springs; il s'agit d'une entaille de 270 mètres de profondeur creusée dans des rochers en strates aux couleurs couvrant toute la palette de l'ocre au brun en passant par le rouge. Bien sûr, il n'y a certainement aucune comparaison possible, notamment en taille, avec le Grand Canyon américain ; on va dire qu'il s'agit d'un canyon à taille humaine puisque deux heures et demie de marche nous suffiront pour monter au sommet et en faire le tour par un circuit aménagé de 7 km.



Mais les points de vue et surtout les couleurs sont absolument splendides. Au fond de la gorge, plusieurs points d'eau permettent à une végétation tropicale de se développer, notamment dans un endroit appelé jardin d'Eden ; mais ce surnom est tout de même un peu usurpé…



Nous passerons la soirée et la nuit au Kings Canyon Resort situé à quelques kilomètres de là, le seul endroit, à part le camping sauvage, où l'on peut dormir. Constitués de petits bungalows bien aménagés disséminés dans un parc autour d'une piscine, ce complexe ne dénature pas le site, invisible qu'il est de toute part. Nous y serons accueillis par une jeune française, bretonne de surcroît, venue passer une année en Australie. Nous y rencontrerons également quatre touristes françaises qui hésitaient à s'aventurer le lendemain sur le chemin de randonnée du Canyon ; nous les rassurerons et, en discutant, elles nous déclareront avoir fait une bonne partie du GR 34 en Bretagne, bien connaître le Cap Fréhel et avoir dormi… aux Sables d'Or !

Le soir, pour dîner, nous goûterons aux spécialités locales : pâté d'Emeu, très correct et ressemblant à un pâté de foie chez nous, viande séchée et fumée de kangourou, viande rouge assez goûteuse et moins grasse que le bœuf et… crocodile. Nous avons un point de vue plus mitigé sur ce plat ; la viande a plutôt l'aspect de poisson, chair blanche mais caoutchouteuse, et le chutney de framboise (!) qui l'accompagnait aida grandement à faire passer.

6ème étape : Kings Canyon-Alice Springs

Avant de reprendre la route, le mousse offrit à son captain préféré un didgeridoo pour son anniversaire. Il s'agit d'un instrument de musique aborigène constitué d'une branche d'arbre évidée et décorée de motifs peints à la main par des artistes locaux ; en principe, en soufflant dedans avec une technique très particulière, il en sort des sons qui font appel aux esprits. A l'heure de rédiger ces lignes, aucun son correct n'en est encore sorti et les esprits ne se sont donc pas manifesté ! On vous tiendra au courant…

L'heure du retour à Alice Springs était venue pour y prendre l'avion le lendemain et rejoindre Darwin ; pour cela, nous avions le choix entre trois chemins : la route que nous avions prise à l'aller, nous obligeant toutefois à faire un détour de 140 km en direction de la Lasseter Highway menant à Uluru, une piste appelée Ernest Giles Road que l'on nous dissuada de prendre avec une voiture ordinaire et une autre piste plus accessible mais plus longue.

Nous souhaitions en outre voir des cratères provoqués par des chutes de météorites il y a quelques milliers d'années ; or ceux-ci se trouvent non loin de l'embranchement de la Stuart Highway avec cette fameuse piste Ernest Giles Road. Nous nous résignerons donc à effectuer le détour par la Lasseter Highway pour rejoindre la Stuart Highway et n'effectuer qu'une vingtaine de kilomètres de la piste pour rejoindre le site des cratères, assez décevant du reste.

C'est environ il y a 3000 ans qu'un gros météorite se désintégra en rentrant dans l'atmosphère à quelques 40 000 km/h ; les deux plus gros morceaux de la taille d'un fût de 200 litres générèrent les deux plus gros cratères adjacents, mais largement érodés depuis par le vent et la pluie. La végétation assez rase de la région les a ensuite partiellement comblés. Bref, on aurait pu éviter sans problème ce détour qui nous valut en outre de crever un pneu sur la piste…

Nous arrivâmes en fin d'après-midi à Alice Springs ; nous avions jusqu'au lendemain 17h30, heure de décollage de notre vol, pour flâner tranquillement dans la ville.

Nous y verrons une population aborigène importante (10% de la population de la ville) mais sans emploi ; la plupart des aborigènes passent leur temps assis sur les trottoirs et les pelouses de la ville à ne rien faire, constituant ce qu'il faut bien appeler un sous-prolétariat. La prise de conscience des blancs australiens vis-à-vis de ce peuple qu'ils ont en partie exterminé, pour tardive qu'elle soit n'en est pas moins importante mais que de chemin à parcourir pour une intégration totale !

Le lendemain, nous rencontrerons à nouveau nos quatre touristes françaises enchantées de leur ballade dans le Kings Canyon mais tristes de devoir reprendre l'avion pour la France le surlendemain…

Vers 16h, nous gagnâmes l'aéroport pour décoller avec un peu de retard à 18heures. C'est à 20h30 que le taxi nous déposera au yacht club de Darwin dans une nuit sans lune. Première bonne surprise, l'annexe nous attendait sagement sur la cale ; deuxième bonne surprise, le moteur, après quelques frayeurs, voulut bien démarrer. Mais il fallut retrouver Olympe dans le noir à un demi-mille du rivage parmi une soixantaine d'autres bateaux et là nous avons tourné un bon moment avant de l'apercevoir sagement attaché à sa chaîne de mouillage. Nous étions heureux de le retrouver.

Retour à Darwin

Il nous restait une dizaine de jours avant de reprendre la mer à destination de l'Indonésie. Nous les avons consacrés à nous occuper un peu d'Olympe qui avait besoin d'un bon nettoyage général : coque sous la ligne d'eau, pont noirci par les cendres des incendies de brousse autour de la baie de Darwin, chromes et inox, vernis, graissage des winchs, programmation de l'ordinateur du mousse avec l'aide d'un spécialiste pour pouvoir recevoir la météo en mer, celui du captain étant définitivement HS, etc…

Nous fîmes également quelques emplettes de souvenirs à distribuer à notre retour ; à ces occasions, nous rencontrâmes encore de jeunes français venus passer une année pour travailler en Australie : serveur de café, vendeuse dans un magasin de souvenirs (originaire de Dinan et connaissant bien les Sables d'Or !), réparateur d'ordinateur, tous se plaisent dans ce pays et n'ont guère envie de rentrer. Mais ils ne peuvent rester qu'une année, alors la plupart ont l'intention de partir pour un autre pays, la Nouvelle-Zélande par exemple. Leur motivation n'est pas toujours très claire, l'herbe leur paraît souvent plus verte ailleurs, ils ne pensent pas une seule seconde à assurer leurs arrières, souhaitons leurs bonne chance !

Ce fut aussi les nombreux échanges d'e-mails avec notre agent en Indonésie ; c'est fou comme ils aiment la paperasserie dans ce pays, et en deux langues, indonésien et anglais ! Et souvent pour demander des renseignements dont on se demande bien l'utilité alors que personne ne se soucie de savoir si le bateau est bien assuré pour les dommages causés aux tiers ! La solution de passer par un agent officiel nous semble la bonne formule : gain de temps, pas de risque de se faire refouler, pas de bakchich à payer…Et puis les conseils pour éviter d'avoir à payer une caution de 15% du prix du bateau c'est tout de même intéressant !

Après avoir accompli les formalités de sortie du pays et fait les pleins, c'est le 2 septembre que nous levâmes l'ancre pour gagner, 950 milles plus à l'ouest, une toute autre civilisation, l'Indonésie et l'île de Bali.

Retour haut de page