OLYMPE AUTOUR DU MONDE

 

NOUVELLE-ZELANDE 3

Nous voici à nouveau seuls après le départ de Gérard et Marie-Paule; basés dans la marina de Gulf Harbour située à environ 20 milles au nord d'Auckland sur la péninsule de Whangaparaoa, notre objectif immédiat est de nous occuper du bateau en remettant en ordre ce qui doit l'être et de commander les pièces de rechange et les travaux de remplacement du groupe électrogène afin qu'ils puissent être entrepris début mars avant de quitter la Nouvelle-Zélande début avril.

Puis nous avions l'intention de larguer les amarres pour gagner la Bay of Islands située plus au nord et d'attendre la bonne fenêtre météo pour gagner le nord de l'île sud avec Olympe et de là, terminer la visite de cette île magnifique.

C'était sans compter avec les caprices de la météo qui nous obligera à changer quelque peu notre programme; cette troisième partie relatera les quatre périodes qui se succéderont du 15 décembre 2010 au 9 février 2011 : le séjour à Gulf Harbour, la navigation dans le golfe de Hauraki, le retour à Gulf Harbour et la visite du sud de l'île du sud.

Le séjour à Gulf Harbour

Il va commencer par six jours de pluie continue; on nous avait dit que le climat se rapprochait de celui de la Bretagne, nous le constations en effet!

Le 18 décembre, nous fîmes ainsi quelques courses de Noël à Auckland; puis le lendemain, nous nous rendîmes en voiture sous une pluie battante à Whangarei, situé à 150 km plus au nord, pour rendre visite à Geneviève et François arrivés en Nouvelle-Zélande avec leur bateau Ultreïa qui nécessitait un traitement anti-osmose et quelques réparations de mécanique. Ils avaient donc fait sortir le bateau de l'eau dans un chantier de Whangarei et attendaient quelques jours avant de partir visiter le pays en camping-car.

C'est avec un grand plaisir que nous les retrouvâmes, n'ayant pu nous voir en Polynésie pour agendas de croisières non concordant. Nous déjeunâmes au restaurant le Reva's devant lequel nous nous étions amarrés lors de notre séjour dans le Town Basin et passâmes un bon moment en leur compagnie, nous remémorant les escales où nous nous étions rencontrés.

Le 20 décembre, nous voilà repartis à Auckland expédier quelques colis pour les petits-enfants; il pleut averse et cette humidité ambiante a fini par avoir raison de l'ordinateur du captain qui refuse obstinément de démarrer : c'est un coup dur car, malgré une sauvegarde de fichiers effectuée une dizaine de jour plus tôt, de nombreux programmes sont perdus.

C'est ainsi que pendant deux jours et une nuit, il va tenter de récupérer l'essentiel des fichiers et de reconstituer le travail des dix derniers jours avec l'ordinateur du mousse, ce qui ne fut pas sans difficultés : en effet, le disque dur externe de sauvegarde était protégé et ne pouvait être lu par un autre ordinateur!!!

Pour les spécialistes, il fallut, fichier par fichier, effectuer les opérations de changement de propriétaire puis les autorisations d'accès, ce qui nécessitait une bonne dizaine de manipulations à chaque fois. (On se demande d'ailleurs à quoi servent les protections si on peut les détourner! Sacré Bill Gates!)

On trouve tout de même le temps, le soleil étant enfin de retour, de fixer le pare battage tout neuf de la jupe arrière du bateau envoyé par Amel en Polynésie.

Le 22 décembre, nous recevions la visite de Graeme, un néo-zélandais sympathique qui nous avait adressé un mail alors que nous étions encore en Polynésie; c'est notre courtier Pierre-André, celui qui nous avait vendu le bateau, qui lui avait donné nos coordonnées; ayant également acheté un Super Maramu en France basé à Hyères, il souhaitait nous rencontrer pour en parler. Nous lui avions répondu naturellement par l'affirmative et, sachant que nous allions faire escale à Gulf Harbour où il habitait, il avait guetté notre arrivée et venait nous inviter à dîner chez lui le lendemain.

Ce fut une soirée très agréable, dans une ambiance détendue comme les aiment les néo-zélandais; Graeme et Lyz, son épouse, avaient également invité un couple d'anglais connus lors de leurs carrières professionnelles et devenus amis; ce couple vit dans sa propriété en bordure de la rivière Beaulieu dans le Solent face à l'île de Wight, possède un pied à terre à… Beaulieu sur Mer sur la Côte d'Azur et un appartement au dessus de la marina de Gulf Harbour dans le même immeuble que Liz et Graeme; et comme ils aiment le bateau, ils en possèdent un au ponton de chacune de leur propriété! (Et celui que nous avons aperçu ici n'est pas petit!); il semble que l'industrie du poulet nourrisse bien son homme!

Nous fîmes également connaissance de Pierre, un français vivant depuis quatorze années à Gulf Harbour après dix années passées à Londres; il allait souvent nous servir d'interprète et allions bien sympathiser avec lui.

Mais la grande nouvelle du jour, c'est le redémarrage de l'ordinateur du captain! Il nous a ainsi clairement fait savoir qu'il avait pris goût au climat tropical et qu'il ne supportait pas le froid et l'humidité… Nous en profiterons pour changer immédiatement l'option de sécurité du disque dur externe afin de pouvoir le lire de n'importe quel autre ordinateur.

Le 24 au soir, Pierre nous avait proposé de nous emmener à la messe de minuit de l'église catholique la plus proche située à Orewa à une vingtaine de kilomètres de la marina. Les églises catholiques ne sont en effet pas légion dans ce pays majoritairement anglican. Nous fûmes surpris par le côté innovant de la cérémonie où tous les chants étaient chantés avec ferveur sous forme de karaoké, les paroles étant projetés sur écran ce qui nous arrangeait bien!

Le lendemain, nous passions notre premier Noël seuls au bout du monde! Maryse avait décoré Olympe et avait préparé un repas grandement amélioré comme elle sait si bien le faire; puis nous appelâmes les enfants qui s'étaient tous regroupés dans l'Aveyron chez Sylvie et André, le frère de Maryse, pour fêter Noël.

La semaine entre Noël et le nouvel an fut consacré à la rédaction du site, à faire quelques courses avec Pierre dont le fils Karl nous prêta sa voiture pour quelques jours et à trouver à Auckland une société susceptible de réviser notre radeau de survie; de marque italienne ne possédant que peu de correspondants dans le monde, nous eûmes la chance d'en trouver un qui venait juste d'obtenir l'agrément du constructeur, sinon il nous aurait sans doute fallu l'expédier en Australie…

Le 28, ce sont Geneviève et François qui nous rendirent visite avec l'engin qui allait leur servir de camping-car pendant un mois et demi et qu'ils ramenaient d'Auckland. Très rustique l'engin, mais très ingénieux pour les rangements des lits et de la cuisine, démonstration à l'appui; au moins en revenant dans leur bateau allaient-ils le trouver spacieux!

Le lendemain, nous allâmes visiter le Auckland War Memorial Museum; situé au sommet de l'Auckland Domain, un océan de verdure, il fut construit en 1929 pour commémorer la première guerre mondiale au cours de laquelle de nombreux soldats néo-zélandais ont laissé leur vie; aujourd'hui, il comporte en fait trois parties.

Tout d'abord une exposition sur le peuple du Pacifique : objets maori parmi les plus beaux, œuvres d'art ou objets du quotidien, c'est intéressant mais a un goût de déjà vu depuis un an et demi que nous les côtoyons! Et puis on a beau dire, il s'agit tout de même d'une culture assez primitive et assez peu diversifiée.

Puis le second étage est consacré à l'histoire naturelle et aux quatre domaines de prédilection des néo-zélandais : la vulcanologie, la faune, la flore et la mer. C'est dans cet espace qu'a été reconstitué le salon d'une habitation en bordure du golfe de Hauraki; vous y regardez dans un fauteuil confortable les actualités à la télévision parlant d'un risque d'éruption volcanique. Par la fenêtre, on a une vue du golfe et de la mer qui commence à friser; puis d'un coup le sol se met à trembler dans un grondement sourd, l'émission de télévision est coupée et on aperçoit l'éruption par la fenêtre avec une énorme vague engendrée par l'éruption et un gigantesque panache de fumée noire qui envahit tout. On a beau être prévenu de la fiction, on s'y croirait!

Le dernier niveau enfin est consacré aux guerres qui ont impliqué le pays; avions de l'époque, reconstitution de tranchées de la guerre de 1914 d'un grand réalisme, jusqu'à cette galerie du souvenir, émouvante, où sont gravés les noms des 16 697 soldats néo-zélandais morts aux combats avec cette inscription dans l'espace vide restant : "en espérant n'avoir jamais à remplir cet espace".
L'architecture même du musée est intéressante, avec sa façade de temple grec. Perché au sommet de la colline, il a fière allure.

Le 31 fut consacré à redresser Olympe! Il avait en effet une certaine tendance à gîter sur bâbord, de deux bons degrés, ce qui faisait tout de même désordre. L'explication était claire : en ouvrant le coffre bâbord où est rangé habituellement la survie, quelle ne fut pas notre surprise de constater qu'il était en partie rempli d'eau (100 bons litres), l'étanchéité du capot étant bien sûr en cause. Il est vrai que nous avions pris de bons paquets de mer pour arriver en Nouvelle-Zélande, mais tout de même! Ajoutez à cela le poids des 80 mètres de l'ancienne chaîne de mouillage que nous y avions stockée et vous aviez l'explication.

Une fois l'eau retirée et la chaîne lavée et stockée dans le coffre avant tribord, le bateau avait retrouvé ses lignes d'eau et les mâts étaient redevenus verticaux!

Pour le réveillon, Pierre nous avait invité à le passer au Country Club de Gulf Harbour; nous y passâmes une bonne soirée dansante, toujours avec des gens simples et décontractés. Nous y retrouvâmes Liz et Graeme parmi les 120 participants. Par contre, côté nourriture, nous avons tout de même regretté le pays…

Nous terminâmes la soirée ou plutôt le petit matin, par un pot pris chez Jany et Kent, un couple ami de Pierre habitant une superbe et immense villa d'architecte en haut de la falaise de la presqu'île de Whangaparaoa.

Le 2 janvier fut une journée chargée; le matin nous profitâmes du faible vent pour gréer le ballooner afin de le rincer à l'eau douce, le faire sécher puis le ranger dans son sac. En fin de matinée, nous repartîmes à Auckland visiter les Winter Garden, des serres situées dans Auckland Domain en contrebas du musée. Cet immense domaine de verdure, de pelouse et de parterres constitue un lieu de promenade et de pique-nique privilégié pour les citadins.

Puis nous montâmes au sommet du Mont Eden qui domine la ville et d'où l'on aperçoit les deux côtes, Pacifique et mer de Tasmanie. Le temps était au beau fixe et l'on pouvait admirer une myriade de voiliers évoluer dans le golfe de Hauraki autour des îles.

Ensuite nous gagnâmes la côte ouest, côté mer de Tasmanie, dans le Waitakere Ranges Regional Park. Nous nous rendîmes tout d'abord sur la plage de Karekare où furent tournées des scènes du film "La leçon de piano". Son accès se mérite car il faut marcher un bon moment à travers les dunes pour y parvenir. L'immense étendue de sable blond au pied de grandes falaises faisait face à une mer très agitée, le vent dominant d'ouest soufflant assez fort. La baignade n'y était d'ailleurs autorisée que dans une petite partie étroitement surveillée.

Puis nous atteignîmes le petit village de Piha situé un peu plus au nord sur la côte où le spectacle de la mer était toujours aussi beau; de nombreux "cabanons" largement améliorés y sont construits pour venir y passer les week-ends.

Les jours suivants seront consacrés à la révision du moteur de l'annexe, au nettoyage de la coque, à échanger de nombreux mails avec le fournisseur français des groupes électrogènes montés par Amel sur ses bateaux et à recevoir le 6 à dîner Liz, Graeme et Pierre qui apprécièrent la cuisine française de Maryse et les vins du captain!
Que les navigateurs qui feront ultérieurement escale en Nouvelle-Zélande en espérant pouvoir faire effectuer des travaux bon marché se ravisent : les prix ne sont plus ce qu'ils étaient! Sans doute depuis que le pays a remporté la coupe de l'América les professionnels du nautisme ont-ils attrapé la grosse tête, révisant leurs prix au niveau de cette dernière… Il nous est revenu nettement moins cher de faire venir le groupe de France malgré le transport (280 kg tout de même) que de l'acheter sur place!

Le 7, nous avions droit à une visite guidée par Graeme et Liz du magnifique golf de Gulf Harbour dominant la mer du haut des falaises de la presqu'île et pûmes à l'occasion profiter de la piscine du Country Club.

Puis c'est Pierre qui nous invita chez lui à une soirée barbecue (le barbecue au gaz est une institution en Nouvelle-Zélande!). Nous fîmes à cette occasion la connaissance d'une dizaine de personnes, voisins ou amis, dont un écossais ancien bourlingueur des mers qui a déposé son sac après avoir épousé une néo-zélandaise, ainsi qu'un français qui vient passer quelques semaines tous les ans à Gulf Harbour. Tout ce petit monde se retrouve souvent sur les greens du golf pour des parties acharnées. La soirée se termina par un karaoké qui nous rappela certains week-ends tahitiens chez Irène et Gérard!

Mais malgré le plaisir d'être avec de nouveaux amis, nous étions aussi venus pour naviguer et visiter un peu! Aussi le 11 janvier au matin, larguions-nous les amarres de la marina pour une petite croisière autour des îles de la baie de Hauraki avant de gagner la Bay of Islands au nord du pays.

Le golfe de Hauraki, un avant-goût de paradis

En sortant de la marina, nous longerons la presqu'île de Whangaparaoa jusqu'à son extrémité devant la Shakespear Bay. Quelques magnifiques villas surplombent la falaise mais sont bien intégrées dans l'environnement. Il faut savoir que la plupart des maisons du pays sont construites en bois, parfois avec un sous bassement en dur et que toutes celles qui ont été construites avant 1990 ont de sérieux défauts d'étanchéité entraînant des procès à n'en plus finir. C'est d'ailleurs un problème sur le marché immobilier, les maisons de cette époque, nombreuses à la vente, se vendent mal.

Puis nous virerons vers le sud en direction d'Auckland; nous avions envie de naviguer dans l'immense baie qui lui sert de port. Au bout d'une dizaine de milles nous entrions dans le chenal balisé, croisant au passage deux immenses navires de commerce, un porte-container et un transporteur de voitures au mouillage sous le vent de l'île Rangitoto. Le temps de remonter le chenal et de contourner la presqu'île de Devonport, nous pénétrions dans la baie d'Auckland en direction des gratte-ciels du centre ville et de sa célèbre et spectaculaire Sky Tower.

Le trafic maritime y est intense, entre les navires de commerce, les ferries reliant les îles du golfe de Hauraki ou les différentes rives de la baie et les bateaux de plaisance, voiliers ou bateaux à moteur, l'attention est de rigueur pour éviter un abordage. Nous remonterons ainsi la baie jusqu'au pont de la nationale 1 l'enjambant au niveau de la Westhaven Marina, la plus grande du pays avec ses 2000 anneaux, avant de faire demi tour, repassant près de la ville pour admirer le Ferry Building et les tours dont l'une des plus voyantes est celle de la société Deloitte ce qui rappellera de bons souvenirs à Eric. S'il veut un jour avec Laure venir travailler dans un pays où la qualité de vie est exceptionnelle, il pourra y faire valoir ses expériences françaises et canadiennes dans ce groupe…

Nous ressortirons ensuite de la baie pour nous diriger dans notre premier mouillage du golfe de Hauraki, la baie d'Islington située entre les îles Rangitoto et Motutapu et abritée de tous les vents sauf du sud.

En fait, ces deux îles n'en forment formellement qu'une depuis qu'il y a 600 ou 700 ans seulement une éruption volcanique forma l'île de Rangitoto dont les coulées de lave rejoignirent l'île voisine, formant un isthme étroit entre les deux et empêchant d'en faire le tour en bateau. On continue toutefois à les distinguer, ne serait-ce que par leur typologie complètement différente, nous y reviendrons. Vues de haut ou sur une carte, l'ensemble des deux îles ressemble à un papillon, un peu comme la Guadeloupe.

Arrivés en milieu d'après-midi, nous ferons une première découverte de la baie en annexe. L'endroit est sympathique et de nombreux bateaux y sont déjà au mouillage : on est en période de grandes vacances et les kiwis sont sur l'eau! Mais la baie est grande et il y a de la place pour tout le monde.

Nous nous apprêtions à passer une nuit tranquille quand à une heure tardive nous entendîmes de la musique assez forte avec ses basses caractéristiques; sans doute un restaurant ou un bar qui va bientôt fermer? Sauf qu'il n'y a ni bar ni restaurant ici, mais uniquement une nature sauvage et préservée. A 4h du matin, n'y tenant plus, le captain monte sur le pont et s'aperçoit que la musique qui hurle provient d'un petit voilier mouillé à une centaine de mètres et personne ne dit rien ni ne bronche! Sans doute une "bande de jeunes" venu avec le bateau de papa passer la nuit? Mais pour faire une telle java on peut rester à terre, nul besoin de venir troubler la quiétude des amoureux de calme et de nature!

Prenant alors son projecteur longue portée, le captain inonde de lumière l'intrus, lui faisant bien comprendre qu'on n'était pas ici pour faire un tel tapage! Et il sembla le comprendre en effet car le vacarme cessa dans les minutes qui suivirent, à la satisfaction générale du mouillage…

Le lendemain matin, de bonne heure et de bonne humeur, nous reprenons l'annexe pour aller faire une randonnée sur l'île Motutapu; nous débarquâmes sur la petite plage à proximité de l'isthme, remontant suffisamment l'annexe car la marée était montante. Quelques chemins de randonnées sont balisés dont l'un permet de gagner le sommet qui ne culmine d'ailleurs pas bien haut : 180 mètres tout au plus.

L'île n'est pas de nature volcanique contrairement à sa voisine; elle n'est pas habitée non plus même si nous y verrons un troupeau de vaches paître tranquillement. Des pièges à rats y sont disséminés, les kiwis étant obnubilés par la présence de ces animaux comme de celle des opossums qu'ils exterminent sans pitié. Il est vrai que ces animaux ont été introduits par l'homme et que le pays n'a de cesse de retrouver l'équilibre naturel d'avant la colonisation, ovins et bovins exceptés, raison économique oblige!

Le paysage est constitué de vastes prairies vallonnées en pente douce; au départ de la randonnée, le chemin longe la baie nous offrant une très belle vue sur le mouillage. Nous traversons des terres privées mais aménagées avec des escabeaux en bois pour permettre aux promeneurs de franchir les clôtures! Nous suivrons ainsi le chemin balisé passant par un bosquet de conifères sous lequel nous serons assourdis par le chant de cigales locales, puis continuerons jusqu'au sommet de l'île et de son antenne de télécommunication d'où nous aurons une vue magnifique sur le golfe de Hauraki et des îles proches. La ville d'Auckland en arrière plan donnait une allure folle à cet endroit et on comprenait mieux l'engouement des néo-zélandais pour l'écologie et les loisirs associés.

De retour au bateau, nous reçûmes la visite en annexe du propriétaire d'un Super Maramu venu mouiller près de nous; il est italien, a basé son bateau en Nouvelle-Zélande depuis quelques années et partage son temps entre l'Europe et la Nouvelle-Zélande : décidément, c'est très à la mode!

Il était intrigué par la trinquette que nous avions faite rajouter avant de quitter la France et sur sa façon de la fixer sur le pont. Explication donnée, il repartit aussitôt rejoindre un équipage nombreux.

Après le déjeuner, nous levâmes l'ancre pour nous rendre au sud de l'île Waiheke, un des joyaux du golfe et l'une des trois îles habitées avec Great Barrier Island et Kawau Island. De forme tourmentée, elle fait environ 20 kilomètres dans sa plus grande dimension, et seulement 600 mètres dans sa partie la plus étroite. Nous irons mouiller au sud dans la baie de Putiki protégée de tous les vents sauf du sud-ouest; et bien sûr, en fin d'après-midi, le vent tourne au sud-ouest rendant le mouillage inconfortable!

Nous levons alors l'ancre pour contourner l'île par l'ouest et aller mouiller dans la baie d'Oneroa située au nord où la plupart des bateaux se regroupèrent pour la nuit.

Le lendemain matin nous débarquerons en annexe sur la plage pour aller visiter le petit village d'Oneroa qui domine la baie; mêmes belles villas traditionnelles en bois ou plus modernes enserrées dans la verdure et les fleurs; les agapanthes sont ici aussi nombreuses et fournies qu'aux îles anglo-normandes ou à Madère.


Il s'agit d'un coquet village où l'on trouve à la fois quelques magasins pour y faire les approvisionnements de base, des restaurants et des boutiques plus touristiques de souvenirs ou de fringues. Quelques galeries d'art longent également la rue principale. Ce village avait aussi la réputation de faire les meilleurs pies de Nouvelle-Zélande (des petits pâtés en croûte), mais nous n'en avons pas vu la couleur.

Nous déjeunerons sur la terrasse d'un café donnant sur la baie avant de rejoindre le bateau et de passer une partie de l'après-midi à rédiger le site et à surfer sur internet que nous captions de notre place. Nous devions être tellement absorbés par nos tâches respectives que ce n'est que vers 17h que nous trouvâmes que le bateau bougeait décidément beaucoup! Un petit tour sur le pont pour s'apercevoir que tous les bateaux étaient partis, nous restions seuls à subir un fort clapot de nord, le vent ayant tourné dans cette direction! Décidemment, ce coin n'était pas de tout repos et nous lèverons une nouvelle fois l'ancre pour retourner au sud de l'île dans la baie Putiki devenue calme ce qui nous permettra de faire une navigation à la voile très agréable en traînant l'annexe derrière le bateau. Nous y retrouverons le Super Maramu italien.

Le lendemain matin, le moteur de l'annexe fraîchement révisé refuse obstinément de démarrer : p… de b… de m… le captain est dans tous ses états! Il lui faudra une bonne heure pour tout remettre en ordre et entendre le doux ronronnement du moteur.

Nous irons alors nous baigner sur la petite plage du fond de la baie avant d'en faire le tour en annexe en longeant la côte des anses et des nombreuses échancrures, munis de la trousse à outils au cas où… L'eau était d'une température très agréable, moins chaude (et moins transparente) bien sûr qu'à Tahiti mais meilleure qu'en Bretagne nord!

Nous passerons une nuit calme avant de repartir le lendemain matin au nord dans la baie d'Oneroa (Olympe connaissait maintenant le chemin par cœur!) pour terminer ce que nous avions commencé sur internet, puis partir faire le tour complet de l'île vers l'est.

Le vent, d'une dizaine de nœuds, permettait de faire une navigation tranquille en nous laissant admirer l'île vue de la mer. Mais voilà t'y pas que nous semblons rattraper un gros cotre kiwi au moins aussi gros que nous, venant du large pour tourner aussi autour de l'île? Non, il semble nous semer. C'est plus fort que nous, les voileux, quand on voit un autre bateau bien marcher, on se précipite sur le réglage des voiles et, l'air de ne pas y toucher, on surveille du coin de l'œil la progression du concurrent ce qui a le don d'excéder Maryse…

Mais oui, on semble le rattraper, mais l'air de ne pas y toucher non plus, on voit l'équipage s'affairer sur le pont et le gamin du bord qui nous surveille pressant sans doute son père pour ne pas se faire doubler par un frenchie! On ne vous raconte pas la jouissance du captain quand, juste avant d'atteindre la pointe nord-est de l'île, nous le doublerons irrésistiblement.

Passé la pointe, le vent faiblit et vient de face; l'un et l'autre rentrent les voiles pour continuer au moteur; le cotre s'approchera de nous pour nous demander d'où nous venions : il était sans nul doute impressionné!!!

Nous descendrons alors la côte est en longeant Man O' War Bay, Cowes Bay et Omaru Bay, puis contournerons la pointe sud-est pour longer la côte sud, passant devant de multiples baies peu praticables car peu profondes : Te Mataku Bay, Awaawaroa Bay, Rocky Bay avant de revenir pour la nuit à Putiki Bay, espérant que cette fois le vent ne tournerait pas.

Il ne tournera pas et nous passerons une bonne nuit. Depuis notre départ de Gulf Harbour, le temps est magnifique, même si le vent est capricieux, mais cela n'allait pas durer. Les prévisions météo que nous avions réussies à prendre via internet prévoyaient l'arrivée d'une dépression pour le lendemain.

A 10h, nous quittons cette fois définitivement l'île de Waiheke pour aller mouiller pour déjeuner devant la petite île de Motuihe, précisément devant sa pointe sud-ouest. Et là, surprise : c'est la crise du logement : entre les voiliers, les gros yachts à moteurs et les day-boats mouillés cul à la plage, il y a foule. Il est vrai que c'est l'île la plus proche du "continent", que ce sont les grandes vacances et qu'en plus nous sommes dimanche!

Mais si la tranquillité n'est pas au rendez-vous, la beauté des lieux est bien réelle; après le déjeuner pris à bord, nous irons faire une promenade sur l'île, allant côté nord où le vent était frais et à l'extrémité ouest où la vue sur Rangitoto, Motutapu, Rakino Island et Auckland est magnifique.

De retour sur la plage, nous nous baignerons avec plaisir avant de retourner au bateau et lever l'ancre pour revenir dans la baie d'Islington; avant l'arrivée du mauvais temps, nous aimerions bien, en effet, visiter l'île de Rangitoto et monter à son sommet. Nous y passerons une soirée d'un calme absolu : peu de bateaux, le week-end se termine et le mauvais temps est prévu; calme de l'eau également sur laquelle le vent complètement tombé ne soulève pas une ride. Ainsi admirerons-nous les lumières du coucher de soleil se refléter dans la baie.

Dès le lendemain matin alors que le soleil brille encore, nous voilà repartis en annexe sur l'isthme entre les deux îles. Contrairement à sa voisine, l'île de Rangitoto est de nature volcanique; elle a la forme d'un cône parfait quelle que soit la direction d'où on la regarde. Elle est constituée de coulées de lave noire sur laquelle a poussé une végétation faite de mélange d'arbres assez bas (manuka et rewa), de broussailles, de mousses et de palétuviers ainsi que de fougères.

Le sommet, situé à une altitude de 260 mètres, nécessite une bonne heure et demi de marche pour être atteint; mais comme toujours, quelle récompense d'arriver au sommet et d'avoir cette vue à 360° sur le golfe de Hauraki, ses îles et la ville et le port d'Auckland! Quant au cratère aujourd'hui rempli de végétation, il est parfaitement circulaire, conservant ainsi la symétrie du profil de l'île.

Nous y vîmes également les anciennes installations de défense militaire de l'entrée d'Auckland construites lors de la guerre du Pacifique mais qui n'ont jamais eu à servir.

Il était cependant temps d'arriver, car le ciel commençait à se charger de vilains nuages gris; le temps de redescendre et de regagner le bateau, les premières gouttes de pluies commençaient à tomber et le vent à se lever. Plutôt que de reprendre la mer dans ces conditions et étant bien protégés dans cette baie, nous décidâmes d'y rester le restant de la journée et la nuit suivante; demain sera un autre jour et nous aviserons en fonction des évènements.

Cette baie est aussi connue pour la bonne tenue de ses fonds de vase, ce qui est rassurant quand le vent forcit et que la chaîne se tend! La nuit se passera sans problème, sinon les hurlements du vent dans les haubans. Le lendemain, ça souffle encore plus fort; nous ne sommes que quatre bateaux à être restés à attendre que ça se passe et, aujourd'hui moins qu'hier, il est question de partir.

Nous passerons donc la journée à tuer le temps à lire et à jouer aux cartes. La nuit suivante sera tout aussi ventée dans sa première partie; au petit matin, le vent tombera à 25 puis 20 nœuds; nous déciderons alors de mettre les voiles au sens propre et de regagner Gulf Harbour qui est de toute façon sur la route de la Bay of Islands.

Ainsi s'achevait cette visite des îles du golfe de Hauraki qui venait compléter celle de Barrier Island faite avec Gérard et Marie-Paule. Il ne nous restait plus qu'à faire un arrêt sur Kawau Island au nord de Gulf Harbour pour être complet. Ce bassin de navigation si près de la côte néo-zélandaise est tout simplement splendide et sa facilité d'accès le rend très populaire; c'est un peu comme si les îles anglo-normandes étaient situées à moins de dix milles dans le golfe de Saint-Malo!

Ce que nous ne savions pas encore, c'était que le coup de vent que nous venions de subir était dû à la queue du cyclone Zelia qui était passé à l'ouest de la Nouvelle Calédonie avant de venir mourir non loin de la Nouvelle-Zélande.

Et ce que nous savions encore moins, c'est qu'il allait y avoir encore deux phénomènes plus forts et plus longs dans les jours à venir!

Retour à Gulf Harbour

Compte tenu du vent soutenu au petit largue, nous ne mettrons pas longtemps pour rejoindre la marina de Gulf Harbour; comme la première fois, c'est Dean, du service de sécurité, qui nous accueillit avec l'aide de notre futur voisin de ponton, Joseph.

"Avez-vous le certificat de conformité électrique?" me demanda-t-il; lui répondant que j'avais attendu en vain le coup de fil du contrôleur pendant un mois et demi, il l'appela sur le champ et nous dit avec un grand sourire :"il sera là demain matin à 7h"! Il y a des jours où l'on regrette de ne pas mieux parler la langue de Shakespear…

Nous ferons ensuite plus ample connaissance de nos voisins de ponton, Joseph et Kornelia, un jeune couple de hongrois partis autour du monde sans but précis sur un Océanis 46 flambant neuf. Ils nous apportèrent une pâtisserie que Kornelia avait réalisée et que nous échangeâmes contre un chausson aux pommes fraîchement sorti du four d'Olympe! Les présentations faites, nous les invitâmes pour le lendemain à venir prendre l'apéritif. Le temps restera maussade toute la journée.

Le lendemain matin à 7h tapante, nous entendons taper sur la coque du bateau; c'est le contrôleur électrique qui débarque : nous l'avions presque oublié celui-là! Il se contentera d'examiner l'état du câble électrique de liaison au ponton, de demander si la commutation entre réseau et groupe électrogène est bien automatique, vérifiera la présence d'une protection bipolaire différentielle 30mA et sera aux anges quand il constatera la disjonction des protections quand il mettra la terre et la phase en court-circuit. Dix minutes après son arrivée, il nous délivrera un bout de papier à coller sur un hublot, entourera le câble extérieur d'un autocollant prouvant le contrôle et nous réclamera 90 dollars! Il y a des jours où…

Le temps est toujours maussade comme l'humeur du captain qui, pour se défouler, nettoie le pont au jet pendant que Maryse se charge de l'intérieur. Pour couronner le tout, les prévisions météo ne sont pas bonnes, une nouvelle dépression est annoncée pour le surlendemain. Il paraît que nous étions en été!

Le soir, nous recevrons donc nos voisins de ponton, un peu curieux quand même de savoir comment ce couple d'environ 35 ans pouvait ainsi partir sur un tel bateau en quittant leur travail sans problème apparent. Comme le disait avec justesse Joseph, ils ne devaient pas être nombreux les hongrois sur un bateau en Nouvelle-Zélande!

Lui est chef d'entreprise dans le domaine de la sécurité; avec la crise, les affaires ne marchaient plus bien et il a mis son entreprise en sommeil en attendant des jours meilleurs. Quant à Kornelia, avocate de métier, quitter quelque temps son cabinet ne semblait pas poser problème. Comme ils disaient tous les deux, après tout, l'argent n'est pas le plus important dans la vie! Ils ont bien raison, mais c'est plus facile à dire et à mettre en pratique quand on en a de côté!

A part ça, ils étaient tout à fait charmants et de très agréable compagnie. Ils nous rendirent notre invitation le lendemain soir sur leur bateau où nous passâmes également un bon moment.

Ce jour là, nous prîmes le ferry à la marina pour nous rendre à Auckland où nous avions réservé une voiture de location car attendre sans rien faire sur le bateau commençait à nous peser. Le temps était toujours gris et venté mais il ne pleuvait plus.
Nous en profitâmes pour visiter les quartiers est de la ville situés de l'autre côté de Hobson Bay. Pour y arriver, il faut emprunter dans le prolongement de Quay Street Tamaki Drive, le pont qui traverse la baie. On arrive alors sur la presqu'île qui marque le sud de l'entrée de la baie d'Auckland, face à Devonport qui en est la porte nord.

C'est le quartier le plus huppé de la ville, notamment dans Paritai Drive où l'on pourrait presque comparer les villas à celles de Beverly Hills! De jolies plages de sable doré bordent la route côtière et la vue à partir de Mission Bay est imprenable sur Rangitoto et la plupart des îles du golfe de Hauraki.

Nous déjeunerons de moules frites dans une chaîne manifestement belge où notre serveuse était tahitienne et faisait ses études en Nouvelle-Zélande pour être pilote d'avion! Elle était ravie de rencontrer des français en provenance de Tahiti pour parler un peu du fenua!

Puis nous monterons au Savage Memorial Park érigé en mémoire de Michael Joseph Savage, Premier Ministre du pays lors de son entrée dans la seconde guerre mondiale; une sorte d'obélisque y est érigé au centre d'une espèce d'amphithéâtre de verdure et de parterre de fleurs : pas terrible!

Pour clore la journée, nous irons visiter, toujours dans le même quartier, le Kelly Tarlton's Underwater World and Antarctic Encounter (tout ça!); les kiwis ont un don pour mettre en scène leurs spectacles : nous passerons d'abord sur un tapis roulant dans un tunnel de Plexiglas entouré d'eau où l'on peut admirer requins et poissons de toute sorte. Ce sont ensuite des aquariums de poissons tropicaux comme nous avons pu en voir dans "la vraie mer" dans les lagons de Polynésie. Nous assistâmes également au repas de deux énormes raies manta venant se faire caresser par les employés chargés de les nourrir.

Dans la partie antarctique, on se promène dans une chenillette dans un décor de glace où vivent manchots et empereurs et on visite une réplique du refuge de l'explorateur Robert Scott lors de son expédition dramatique du pôle sud en 1911. Nous ne savions pas encore que nous visiterions un peu plus tard à Christchurch une exposition consacrée à Scott et Shackleton.

Le retour à Gulf Harbour s'effectuera sous la pluie et le froid.

Le lendemain, il pleut, il fait froid et le vent se stabilise autour des 30 nœuds; on a envie de sortir mais par ce temps quoi faire? Le captain regarde la météo : le pire est pour demain et l'on voit se former une tempête tropicale à l'ouest de la Nouvelle Calédonie qui, d'après les sites spécialisés, a toutes les chances de devenir dans quelques jours un joli cyclone plus violent que le précédent, avec des retombées sur le nord de la Nouvelle-Zélande. Décidément, on ne s'en sortira pas! Joseph et Kornelia qui voulaient descendre dans l'île sud par la côte est remettent leur projet à plus tard; quant à nous, nous sommes lassés de perdre notre temps et prenons la décision de laisser le bateau à la marina pour aller visiter le sud de l'île sud en avion et en voiture.

Malgré le vent et la pluie, le lendemain nous tentons une sortie vers la plage d'Orewa où surfeurs et kitesurfeurs agiles se jouent des vagues de l'océan. L'après-midi, l'anémomètre monte à 47 nœuds dans la marina, la pluie cingle les visages.

Ce n'est que le 24 janvier que le vent se calmera un peu et que les rayons du soleil referont leur apparition. Nous en profitons l'après-midi pour aller à Auckland acheter nos billets d'avion en nous fixant deux semaines pour notre voyage. Nous reviendrons en faisant un détour à Devonport, la porte d'entrée nord de la baie d'Auckland; nous grimperons (c'est fou ce qu'on aime grimper depuis quelque temps!) sur le mont Victoria où se trouvent encore les batteries de canons installées lors de la guerre du Pacifique et d'où l'on a une superbe vue sur la ville. Quant à Devonport proprement dit, c'est la seule banlieue nord d'Auckland qui garde encore quelques vestiges architecturaux de l'époque coloniale dans le style victorien. Le front de mer en donne quelques exemples.


Le 25, les prévisions météo s'améliorent! La tempête tropicale ne se transformera pas en cyclone… Avons-nous été trop rapides dans notre décision? Sans doute, mais il est trop tard pour changer! Nos amis hongrois décident de larguer les amarres et de partir vers l'est. On s'échange adresses mail et skype en se disant que l'on se recroisera bien quelque part!

Quant à nous, nous préparons nos bagages pour notre périple de 14 jours dans le sud du sud que nous avons hâte de découvrir après tout ce qu'on en a vu et lu. Nous n'avons rien programmé et partons à l'aventure au jour le jour. Le 26 janvier à 14h, nous décollons à nouveau pour Christchurch; nous aurions pu prendre un vol direct pour Dunedin mais nous avions aimé cette ville la première fois et d'autres points d'intérêt se situaient entre Christchurch et Dunedin.

Le sud de l'île sud, le meilleur!

Arrivée à Christchurch

A notre arrivée à Christchurch, nous appelâmes le loueur de voiture pour qu'il vienne nous chercher; il faut savoir que pendant la période des vacances, les loueurs traditionnels augmentent leur prix largement de 50%! 120 dollars par jour pendant 14 jours pour une petite voiture… Aussi avions-nous réservé sur le site d'un loueur "low cost", la société A2B; nous la recommandons à tous les futurs visiteurs du pays. Pour 41 dollars par jour, nous aurons une voiture plus grande mais plus vieille. Seuls petits inconvénients : A2B a un réseau moins étendu que les loueurs traditionnels et il n'y a pas de guichet aux aéroports; par contre, quelqu'un vient vous chercher gratuitement et vous emmène aux bureaux jamais très loin de là. Cette petite perte de temps le premier jour (et le dernier pour rendre le véhicule) vaut bien une économie de près de 80 dollars par jour!

Puis nous prîmes la direction de notre hôtel en centre ville; nous avions essayé en vain la veille de réserver au Copthorne où nous étions descendus la première fois; la période des vacances battait son plein et les hôtels en centre ville étaient tous complets; voilà qui allait nous compliquer singulièrement la tâche pendant notre périple! Tous complets sauf un appartenant au groupe Accor : le All Seasons. Il avait l'avantage d'être en plein centre ville à côté de la cathédrale mais, en rentrant dans la chambre, Maryse faillit avoir une syncope! Il faudrait plutôt parler de cellule, sans fenêtre, minuscule, n'ayant même pas la place de poser et d'ouvrir notre sac de voyage ailleurs que sur le lit… Par contre, des lumières psychédéliques dans le coin douche et un système de réveil par simulation de lever du soleil avec une autre lampe au dessus du lit, voilà qui était fort utile!

Après âpres discussions, utilisant le reste de pouvoir de persuasion qui lui restait, le captain convainquit son mousse préféré de rester en répétant que ça valait mieux que de coucher sous un pont et que de toute façon ce n'était que pour une nuit…

Puis, pour nous remettre de nos émotions, nous partîmes dîner dans un petit restaurant situé dans l'Arts Centre où nous découvrîmes sur la carte devinez quoi? Un bœuf bourguignon! Si, si, comme chez nous, un vrai, un beau bœuf bourguignon! Ce n'était pas possible, il devait être préparé à la Néozed, il ne pouvait pas être cuisiné dans les règles de l'art… Nous n'étions plus à une prise de risque près et nous commandâmes deux bœufs bourguignons. Et bien, les amis, quelle bonne surprise! Si, si, il était aussi bon que chez nous, accompagnés de champignons, de petits oignons, de petits lardons et d'une vraie purée de pomme de terre maison. SUCCULENT! Et pour finir la soirée en apothéose, une crème brûlée, une vraie, délicieuse, le tout pour un prix inférieur à la moyenne; retenez l'adresse : "Le Café", Arts Centre, Worcester Boulevard, Christchurch.

Pour comprendre pourquoi nous plaisantons ainsi sur ce sujet, il faut savoir que depuis notre arrivée nous ne mangeons que la cuisine locale; pas mauvaise, mais vraiment peu variée; car à part l'agneau et le bœuf, excellents par ailleurs mais préparés toujours de la même façon, le poisson le plus souvent pané et les légumes à peine cuits, on se prend parfois à rêver de petits plats régionaux bien de chez nous, de cuisine un peu sophistiquée, de fromages et de desserts. Curieusement, le poisson est assez rare dans les restaurants, surtout dans l'île sud et même dans les supers marchés; il est vrai que nulle part nous n'avons vu de flottilles de pêche dans ce pays où pourtant la mer ne manque pas! Une explication ne pourrait-elle pas être qu'une grande partie de la population pêche elle-même son poisson?

Descente de la côte est

Mais revenons à notre périple; le lendemain matin, nous prenons la direction du sud par la route côtière. Pas grand-chose à se mettre sous la dent cette première matinée; on traversera rapidement le petit village de Rakaia qui se vante d'être la capitale de la pêche au saumon et qui arbore à l'entrée de l'agglomération pour s'en persuader un énorme saumon réalisé en fibre de verre du plus mauvais goût!

Nous nous arrêterons un peu avant midi à Timaru, petite ville située à mi-distance de Christchurch et de Dunedin; elle fut autrefois une station baleinière avant de devenir un petit port et une gentille ville de province lovée autour de Caroline Bay et d'une belle plage de sable blanc. On peut encore voir dans les rues commerçantes des façades datant de l'urbanisation initiale.

Nous visiterons l'église anglicane St Mary consacrée en 1886; l'extérieur, de style néo-gothique, a été réalisé avec les pierres basaltiques locales et des pierres calcaires d'Oamaru. L'intérieur est beaucoup plus chaleureux avec ses voûtes en bois et ses colonnes de marbre. Ses vitraux, les fonds baptismaux et une magnifique représentation de la Cène de Léonard de Vinci sculptée dans un panneau de bois rouge derrière l'autel en font les principaux centres d'intérêt.

Puis nous nous arrêterons à la Basilique du Sacré Cœur édifiée en 1911 par le même architecte, Francis Petre, qui a également conçu les cathédrales catholiques de Christchurch et de Dunedin. Dominant la ville de ses deux tours et de son dôme, elle recèle un intérieur assez sobre malgré des plafonds en caissons décorés au pochoir et d'imposantes colonnes.

Nous reprendrons alors la route sans interruption jusqu'à notre escale du soir, la ville d'Oamaru où nous arrivâmes vers 16h et qui fut pour nous une révélation. Elle est sans doute l'une des villes du pays qui a le mieux préservé et sauvegardé ses bâtiments anciens. Il faut dire que cette ville a dû connaître une prospérité importante du temps des premiers colons à en juger par la richesse architecturale des bâtiments commerciaux et même des entrepôts de l'époque qui rivalisaient d'élégance avec les édifices publics. Nous passerons à l'office du tourisme pour avoir un plan détaillé de la ville; on essaiera alors de nous vendre une visite guidée pour aller voir le soir une colonie de pingouins bleus en pleine nature qui reviennent nicher chaque soir vers 21h.

Le principe même de payer quelque chose qui est à la disposition de tous mais que s'est approprié une association, une commune ou n'importe quel organisme sans aucune valeur ajoutée a le don d'exaspérer le captain. Voyant sur le plan qu'on peut aller sur une falaise plus éloignée voir des pingouins jaunes, nous opterons pour le jaune!



En attendant, nous commencerons la visite du quartier du port et des principaux bâtiments de la rue principale, tous réalisés avec la pierre calcaire du pays, tendre et facile à sculpter.

Autour du port, à proximité d'anciens bâtiments commerciaux et d'entrepôts, on peut admirer le Criterion Hotel qui n'est plus en activité aujourd'hui; puis l'ancien Harbour Board Office, l'Union Bank, la Customs House et le Smith's Grain Store.



Au centre, dans la rue principale, nous admirerons le bâtiment de la National Bank, Forrester Gallery mais aussi et surtout le North Otago Museum, la Courthouse (palais de justice) et l'Opera House, le tout concentré sur deux cents mètres. Quant à la poste, elle connut à l'origine le First Post Office devenu aujourd'hui un restaurant et se situe actuellement à côté dans un édifice que ne renieraient pas de nombreuses grandes cités en tant qu'Hôtel de Ville!

L'heure n'étant pas encore venue d'aller voir nos pingouins jaunes, nous fîmes le tour du jardin botanique de la ville où nous tomberons en admiration, entre autres, devant un parterre de lupins multicolores.

Puis nous prendrons la route de cette fameuse falaise d'où l'on peut admirer le retour des pingouins; nous n'étions pas seuls à les attendre et on les attendra assez longtemps! Pour nous faire patienter, quelques lions de mer étaient venus se prélasser sur la plage en contrebas de la falaise. Puis au bout d'une petite heure, Maryse voit quelque chose bouger dans l'eau et s'approcher du rivage : oui, c'en est un, un pinpin… un pingouin; il est bien jaune et, sorti de l'eau, se met debout et remonte la plage en dandinant de son allure caractéristique avant de disparaître dans les herbes. Ce sera le seul pingouin de la soirée mais il est dans la boîte : regardez comme il est beau!

Le lendemain, avant de quitter la ville, nous reprendrons la voiture pour aller dans le quartier nord voir le St Kevin's College, très british avec ses briques rouge et ses immenses étendues de pelouse, ainsi que la Waitaki Boys' High School, toujours très british mais de style Tudor. Nous sommes en période de vacances mais nous imaginions très bien les élèves avec leur uniforme arpenter le parc ou les couloirs de leur belle école. Savez-vous que depuis que nous avons quitté la France et que nous avons vu déjà quelques pays, il n'y a qu'en France que nos élèves n'ont pas d'uniforme? Encore une exception culturelle à la française! Je serai curieux de connaître les arguments des "anti uniforme", espérant que ce ne sont pas les mêmes que ceux qui prêchent pour l'égalité des chances et la disparition des classes sociales…



Après la pensée du jour, nous reprenons la route vers Dunedin; en cours de route, le temps se dégrade à nouveau, nous avons même droit à quelques gouttes de pluie. Nous nous arrêterons sur la plage de Moeraki où d'étonnants rochers lisses et hémisphériques baignent à marée haute; pouvant atteindre près de 4 mètres de diamètre, ils se seraient formés par agglomération de dépôts calcaires sur un noyau. D'ailleurs, certains sont cassés et laissent entrevoir la différence interne entre noyau et pourtours.

Dunedin et la péninsule de l'Otago

Nous reprendrons la route vers Dunedin que nous atteindrons avant midi. Il pleut et il fait frais, on se rapproche du sud du pays! Nous décidons de ne pas nous arrêter et de continuer sur la péninsule de l'Otago voisine, espérant que le temps s'arrange le lendemain pour la visite de la ville. La péninsule se détache à l'est de Dunedin pour repartir parallèlement à la côte vers le nord-est, enserrant ainsi un bras de mer sur environ 24 km.

La péninsule est connue pour une faune et une flore rares, une côte splendide, la présence du seul château de Nouvelle-Zélande, Larnach Castle, et la présence d'albatros royaux dans la réserve de Taiaroa située à son extrémité. Nous empruntons alors la route côtière côté bras de mer sous un crachin bien de chez nous. Quel dommage cette absence de soleil car le paysage doit être somptueux. Ayant passé les villages de Collinswood, Macandrew Bay et Company Bay, nous verrons la direction du Larnach Castle sur la droite; commence alors une longue montée jusqu'au sommet de la colline où, trônant sur un domaine de 200 hectares, le château s'élève.

Il fut construit entre 1871 et 1885 par un certain William Larnach, homme d'affaires, banquier et politicien (phonétiquement, ça ne s'invente pas!). Il est dans le plus pur style écossais ce qui est normal dans la région qui a été essentiellement colonisée par des écossais qui devaient y retrouver le climat du pays! La décoration et les sculptures sur bois intérieures ont été réalisées par des artisans italiens et anglais venus spécialement pour ce travail.

La visite est intéressante mais montre le peu de cas (et de place) faite aux enfants pourtant nombreux et à leur nurse à cette époque! W. Larnach finira tragiquement en se suicidant suite à une banqueroute; grandeur et décadence…

Entre temps, à la pluie s'est ajouté le brouillard : nous sommes carrément dans les nuages! Avant de repartir, nous prendrons un thé pour nous réchauffer puis redescendrons jusqu'à la route littorale où nous retrouverons un peu de visibilité. Nous pousserons ainsi jusqu'à l'extrémité de la péninsule, à Taiaroa Head, dans l'espoir d'apercevoir les fameux albatros royaux, la seule colonie continentale au monde.

Oui mais voilà, il faut commencer par rentrer dans le centre où une exposition et des projections nous disent tout sur ces fabuleux oiseaux dont l'envergure peut atteindre 3 mètres et qui sont capables de parcourir des distances journalières de 1800 km! Mais pour voir ceux qui ne sont pas empaillés (et sans garantie de résultat compte tenu du temps qu'il fait dehors) il faut passer à la caisse : décidément, il faut éponger les touristes jusqu'à la dernière goutte…



Qu'à cela ne tienne, on va aller voir le phare de plus près? Et bien non, l'accès en est interdit.

Nous décidons alors de rejoindre Dunedin et notre hôtel situé dans le centre. Pendant le dîner, ayant laissé le portable dans notre chambre, nous manquerons l'appel de Geneviève et François qui se trouvaient ce soir là à Dunedin, remontant vers le nord, et qui voulaient nous proposer de dîner ensemble : zut, pas de chance!

Le lendemain, il pleut et il fait toujours frais. Il va pourtant bien falloir la visiter cette ville de Dunedin! Celle-ci dut sa prospérité à la période de la ruée vers l'or; essentiellement colonisée par des écossais comme nous l'avons déjà signalé, elle fut le pôle économique du pays lors des années 1860.

Partant à pied de l'hôtel, nous rejoignons l'Octagon, nom donné à la place principale et centrale à cause bien entendu de sa forme. La plupart des centres d'intérêt sont d'ailleurs concentrés dans ce quartier.

Et là, surprise, un rassemblement de vieux tacots rutilants est en cours. Ils sont en parfait état et leurs propriétaires, en costume d'époque, sont fiers d'exhiber leur passion au son d'un orchestre jazzy de qualité constitué de musiciens et musiciennes déjà d'un certain âge.


Pour les connaisseurs, de nombreuses Ford de 1911 à 1917, Une Dodge de 1917, des Sunbeam de 1911 et 1912, une Renault AX de 1912, une Delage de 1914, la plus ancienne étant une Wolseley de 1900. 32 magnifiques voitures venues par leur propre moyen des quatre coins du pays. Il n'y a pas à dire, ces automobiles d'autrefois avaient de la gueule! Mais quel travail d'entretien pour obtenir de tels bijoux en état de fonctionnement!

Dominant l'Octagon sur sa butte à côté des Municipal Chambers, la cathédrale anglicane St Paul fut consacrée en 1919; l'intérieur est élancé avec ses arches gothiques. Mais une extension derrière l'autel faite après 1975 en mémoire de l'évêque Walter Robinson, par son caractère moderne et dépouillé, dénote avec le style d'origine.

Non loin de là, c'est l'église presbytérienne First Church, la plus importante de l'Otago. Il a fallu écrêter la colline de 15 mètres pour pouvoir la construire. Elle possède une flèche haute de 56 mètres, une jolie rose et un toit en bois fort bien conservé.

Descendant Stuart Street, on passe devant les Law Courts achevés en 1902; comme certains bâtiments de Timaru, on a associé par contraste la pierre sombre volcanique et le calcaire d'Oamaru.

Mais le clou de la visite est inattendu : il s'agit de la gare ferroviaire réalisée en 1906! Un vrai joyau de l'hémisphère sud et sans doute l'un des plus beaux bâtiments de Nouvelle-Zélande. De style flamand, sa façade comporte une galerie qui abrite les voyageurs du mauvais temps qui doit être habituel ici. En tout cas, il pleut toujours averse au moment où nous la visitons. Elle est réalisée en pierre bleue de l'Otago, en granit d'Aberdeen poli pour les colonnes et en pierre de calcaire beige d'Oamaru.

Sur son côté droit, une tour de l'horloge de 37 mètres de hauteur, flanquée de lions sculptés à son sommet, fait pendant à une tourelle côté gauche. Le toit est fait de tuiles en terre cuite (ce qui est rare ici) venant de Marseille.



Mais l'intérieur ne le cède en rien à l'extérieur : une très belle mosaïque recouvre le sol et l'escalier monumental menant à une galerie supérieure avec une superbe rampe en fer forgé. Les guichets, entourés de céramique blanche, sont coiffés du logo des New Zealand Railways également en céramique. Une frise magnifique réalisée par une manufacture anglaise court en partie haute des murs du hall.

Au niveau de la galerie supérieure, deux verrières, presque des vitraux, se font face, représentant des locomotives à vapeur. Jusqu'aux poignées des portes d'accès aux quais qui ont été savamment travaillées et aux appliques murales, tout est harmonieux et équilibré. Quant au buffet de la gare, sans doute réaménagé depuis, il est très cosy avec sa moquette, ses tables basses et ses canapés moelleux!

Nous resterons un long moment à admirer ce que l'on peut appeler un chef d'œuvre d'architecture, puis regagnerons l'hôtel pour récupérer la voiture en passant devant l'Otago Daily Times Building, siège du plus vieux quotidien du pays de style Art Déco, et les Terrace Houses de Stuart Street, maisons mitoyennes de 1900 qui abritaient la classe populaire de l'époque et aujourd'hui reconverties en boutiques et restaurants.

Mais nous ne voulions pas quitter Dunedin sans voir les bâtiments de l'université de l'Otago, la plus ancienne de Nouvelle-Zélande, situés au nord de la ville. Nous nous perdrons quelque peu pour y parvenir mais découvrirons le même contraste de pierres sombres et de pierres de calcaire au service d'un style néo-gothique.

Les Catlins et le sud

Nous reprendrons alors la direction du sud vers la région des Catlins, du nom d'un propriétaire terrien des années 1840; les beautés naturelles tout au long de la côte y sont nombreuses mais nécessitent de quitter la nationale 1 pour prendre de nombreuses pistes non goudronnées.

C'est peu après la ville de Balclutha que nous emprunterons donc les chemins de traverse pour nous rendre tout d'abord à Nugget Point. La bonne nouvelle, c'est qu'en descendant vers le sud la pluie a cessé et que le soleil est à nouveau au rendez-vous; mais le vent se rappellera à notre bon souvenir lorsque nous rejoindrons à pied ce site magnifique où un phare est érigé sur un éperon rocheux dominant le Pacifique. La vue y est époustouflante sur un chapelet d'îlots rocheux où éclatent les vagues d'un océan très remuant; pour prendre des photos ou filmer, nous devions bien nous caler pour ne pas être repoussés par le vent! Comme au Cap Fréhel un jour de tempête! Le phare date de 1869; en contrebas des falaises, on peut voir des otaries et des lions de mer sur les rochers, manifestement peu perturbés par ces conditions climatiques.



Puis nous nous arrêterons à la baie suivante, Cannibal Bay, où des lions de mer ont l'habitude de venir s'y reposer; mais à cette heure, ils devaient être encore à chercher leur pâture dans l'océan avant de venir se faire admirer (de pas trop près…) par les touristes.

Nous reprendrons la route, ou plutôt la piste, jusqu'aux Purakaunui Falls, une jolie cascade que l'on atteint après une dizaine de minutes de marche. Elle a la particularité de s'écouler d'une série de terrasses sur une hauteur d'une vingtaine de mètres.



Nous ferons ensuite l'impasse sur quelques autres curiosités, (autre chute d'eau et grottes dans une falaise) pour nous rendre directement à Curio Bay où l'on pourra voir les vestiges fossilisés vieux de 160 millions d'années d'une forêt du Jurassique qui étaient découverts à marée basse, spectacle étonnant et rare.

Reprenant les pistes pour contourner Haldane Bay, nous aboutirons enfin à Slope Point, le point le plus sud de l'île sud à la latitude 46° 40' 40" sud. Le vent souffle toujours très fort, les cinquantièmes hurlant ne sont plus très loin! Tout autour, un paysage de bout du monde de prairies vallonnées et rases où paissent les moutons les plus méridionaux de l'île avec, de temps en temps, des bosquets sculptés par le vent comme on peut en voir sur certaines photos de Patagonie.


Des nuages menaçant ne tardèrent pas à arriver, donnant un contraste de lumière fantastique et presque irréel. Nous aurons du mal à nous extraire de cet endroit pourtant hostile tant il était beau et dépouillé. En contrebas de la falaise, peu élevée, l'eau de l'océan bouillonnait littéralement.

L'heure avançant, il nous fallait bien pourtant continuer; nous reprîmes nos chemins détournés avec parfois le sentiment de s'être égarés. Nous ferons l'impasse sur la pointe Waipapa où est érigée un autre phare et qui connut la plus grande catastrophe maritime de la Nouvelle-Zélande en 1881 quand le Tararua s'échoua sur les récifs, faisant 131 victimes.

Après encore une trentaine de kilomètres de pistes, nous rejoignîmes la route principale à Fortrose et c'est à 19h30 que nous atteignîmes la ville d'Invercargill pour notre étape du soir, les têtes encore pleines des spectacles du jour.

Invercagill et Bluff

Invercargill est la grande ville la plus méridionale du pays et le pôle économique du Southland; assez étendue, avec ses rues alignées au cordeau, elle fut, comme Dunedin, fondée par des colons essentiellement écossais, ce que rappellent nombre de bâtiments, néanmoins loin de la qualité de ceux de Dunedin.

Curieusement, malgré le plan des rues à angle droit, nous nous égarerons souvent dans cette cité par manque de points de repère. Partis à sa découverte le lendemain matin, c'est par un curieux château d'eau que notre visite commencera. Datant de 1889, il est constitué d'une tour en briques rouge de 42 mètres de haut supportant le réservoir d'eau proprement dit.

Puis c'est dans Tay Street et Dee Street que nous découvrirons les principaux monuments de la ville, à commencer par la First Presbyterian Church réalisée en brique et inspirée des églises lombardes.

 



Suivront le Civic Theatre bâti en 1906 dans le style néo-Renaissance, imposant par sa taille et son style, quelques belles façades de la rue commerçante jusqu'au Bank Corner, une place autour de laquelle s'étaient regroupés les établissements bancaires. Non loin de là, le Railway Hotel datant de 1896 est un exemple de mélange de styles édouardien, victorien et baroque.

Ce sera ensuite la St Mary's Basilica, catholique, terminée en 1905 et souvent décrite comme la plus "pretty" de l'hémisphère sud (!!!), argument que nous ne partageons pas même s'il est vrai qu'elle a une allure sympathique.

Mais nous n'avons pas vraiment été conquis par les attraits de cette ville qui ne nous laissera pas un souvenir impérissable. Aussi décidons nous de nous rendre en cette fin de matinée à la petite ville de Bluff, sur la presqu'île du même nom, ville la plus septentrionale de l'île sud et capitale de la culture des huîtres. Rien que d'y penser, le captain en avait l'eau à la bouche et avait déjà choisi son plat du jour!

Une trentaine de kilomètres sont nécessaires pour y parvenir en traversant deux presqu'îles successives, l'accès à la seconde se faisant sur un isthme très étroit. Nous irons ainsi jusqu'à Stirling Point où se termine la nationale 1 que nous aurons donc parcourue entièrement du Cap Reinga au nord de l'île nord jusqu'à cette extrémité sud de l'île du sud. A cette pointe est installé un poteau regroupant des panneaux indiquant les distances de plusieurs endroits du monde et qui fait le bonheur des photographes de passage. Paris n'en fait pas partie mais Londres y est à 18 958 km!

Autant vous le dire tout de suite, cette petite ville n'a aucun intérêt architectural, à part peut-être l'ancienne poste transformée en lodge actuellement en vente : si vous êtes amateur de dépaysement et en quête d'un investissement…

Et les huîtres alors? Et bien ce n'était pas la saison et nous dûmes nous rabattre sur du blue code, un bon poisson qui avait été bien préparé et non pané! Puis en guise de digestion, nous montâmes au sommet du mont Motupohue, une colline au centre de la presqu'île offrant un panorama sur la ville, l'isthme et les îles du large dont Stewart Island à l'abri de laquelle le navigateur français Yves Parlier reconstruisit un mât de fortune pour son bateau, une des plus belles histoires de cette course légendaire du Vendée Globe.



Il était alors temps de repartir pour gagner l'un des principal but du voyage dont nous attendions beaucoup : la région du Fiordland dotée du plus grand parc national du pays et inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco; située au sud-ouest de l'île, avec son épaisse forêt pluviale, ses 14 fjords et ses 5 lacs glaciaires, impénétrable dans la plupart de sa superficie, c'est l'une des plus sauvages et belles régions du monde.

Le fiordland

Nous quittâmes Bluff en début d'après-midi, nous égarant une nouvelle fois dans Invercargill avant de récupérer la route 99; celle-ci rejoint la côte sud à Riverton avant de la quitter à nouveau pour partir vers le nord en direction de Te Anau en longeant la Waiau River.

Nous prendrons encore quelques photos de la côte sauvage assaillie par l'océan à Colac Bay, avant d'atteindre un vieux pont suspendu fermé à la circulation, datant de 1899 au lieu dit Clifden. Il nous restera alors 85 kilomètres d'une jolie route bordée de gyneriums (herbes de la pampa) avant de traverser une forêt d'eucalyptus et d'atteindre Te Anau en traversant de nombreux élevages de moutons.

Nous ferons un arrêt vingt kilomètres avant à Manapouri sur la rive du lac du même nom, non sans nous être arrêtés pour laisser passer une colonie de canards traversant la route et annoncés par un panneau routier! Cette toute petite ville est le point de départ pour les visites du fjord appelé Doubtful Sound, l'un des plus profonds puisqu'il s'enfonce de plus de 40 km dans la montagne. Nous n'avons pas d'idée préconçue sur le fjord à visiter; ils sont uniquement au nombre de deux atteignables, celui-ci et le Milford Sound 140 km plus au nord.

Nous allons nous renseigner au bureau des réservations; pour atteindre le Doubtful Sound, il faut traverser en bateau le lac Manapouri puis faire deux heures de car pour arriver au fond du fjord et embarquer sur un second bateau pour en faire le tour. 8 heures aller-retour, ça semble bien long (et assez cher) sans certitude d'avoir un temps convenable. Nous sommes le dimanche 30 janvier, la météo prévoit une forte pluie pour le lendemain (ici il pleut 300 jours par an!) et une amélioration pour le mardi.

Fort de ces renseignements, nous poussons donc jusqu'à Te Anau au bord du plus grand lac de l'île sud et où nous avons réservé notre hôtel. Pour rejoindre le Milford Sound, point besoin de traverser d'abord un lac mais il faut parcourir 120 km en voiture pour atteindre le fjord. Compte tenu de ces éléments et des prévisions météo, nous déciderons de faire une reconnaissance de la route le lendemain ce qui nous permettra, même si le temps n'est pas très beau, de nous arrêter sur les nombreux centres d'intérêt du parcours et de réserver notre billet de bateau pour le mardi, jour où il doit faire soleil. Puis après cette première expérience, on décidera si cela vaut la peine de tenter la deuxième croisière sur le Doubtful Sound.

Lendemain lundi 31 janvier, il fait beau! Une fois de plus, la météo s'est plantée…Peut-être fera-t-il encore beau demain? En tout cas, ne boudons pas notre plaisir, nous allons faire la reconnaissance de cette belle route sous le soleil.

Nous quittons Te Anau vers 9h; les premiers 30 km longent le lac à main gauche jusqu'au petit lac Mistletoe situé sur la droite et que nous atteignons après dix minutes de marche. Rien de particulier à en dire sinon qu'il est petit, au calme et ceint de verdure!



La route s'enfonce ensuite dans une vallée où alterneront prairies avec ou sans moutons, bois et forêts jusqu'aux Mirror Lakes 28 km plus loin; ils doivent leur nom au calme de leurs eaux, protégés qu'ils sont des vents dominants d'ouest par la chaîne du mont Eglinton culminant à 1807 mètres. L'endroit est réellement enchanteur et bucolique, si ce n'est la présence de cars d'asiatiques qui envahissent littéralement la région! Quelques belles photos de montagnes se reflétant dans un lac nous ferons presque oublier d'avoir manqué celle du mont Cook se reflétant dans le lac Matheson!

Nous continuerons en contournant le lac Gunn pour arriver à l'embranchement de la vallée Hollyford où la route se termine en cul de sac; un point de vue est aménagé pour admirer la perspective de cette vallée au fond de laquelle coule la Whakatipu Ka Tuka River. De là partent de nombreux chemins de grande randonnée réservés aux marcheurs expérimentés et équipés; la plupart, en effet, nécessitent plusieurs jours de marche dans un environnement inhospitalier, montagneux et humide.
Puis la route vers Milford s'élèvera pour atteindre le Homer Tunnel long de 1219 mètres et à une seule voie. L'entrée se situe au sein d'un cirque entouré de vertigineuses falaises de roches grises et noires; il fallut presque vingt ans pour le percer, de 1935 à 1954, la principale difficulté étant sans doute liée aux infiltrations d'eau.
Lorsque nous y arriverons, le feu sera au rouge et il faudra attendre que les véhicules en provenance de Milford aient terminé leur traversée. En attendant, un Kea, perroquet local, viendra faire le tour des voitures pour quêter de la nourriture qu'il est interdit de leur donner.

Puis ce sera notre tour de traverser, pratiquement dans le noir, sur une chaussée défoncée avec des fuites d'eau de la voûte; on comprend mieux que l'hiver, et même au-delà, la route soit fermée. A la sortie, on débouche sur la Cleddau Valley avec de magnifiques points de vue; après quelques lacets serrés, la route descend ensuite en pente assez douce jusqu'à Milford.

Peu avant d'arriver, nous nous arrêtâmes à The Chams, un gouffre où l'eau de la rivière Cleddau jaillit dans un grondement d'enfer, générant des arcs-en-ciel miniatures autour de pittoresques formations rocheuses.

Nous voilà enfin à Milford! Nous étions heureux d'y être arrivés si facilement; en effet, lorsque nous étions arrivés en Nouvelle-Zélande à Whangarei, Jo, l'ami de Sandrine et de Laurent, nous avait déclaré n'avoir jamais pu atteindre cet endroit après plusieurs séjours dans le pays. Sans doute n'y était-il pas à la bonne saison.

Milford n'est qu'un tout petit lieu-dit niché au fond du fjord; une petite piste d'aérodrome à l'écart, un lodge, un bar restaurant, des parkings et le terminal des bateaux de promenade et c'est tout. Mais quel environnement! Difficile de trouver les mots décrivant cette nature si grandiose, à la fois belle, envoûtante et inquiétante car oppressante. Sur la gauche en regardant vers le large, sa majesté le Mitre Peak, haut de 1692 mètres s'élevant quasi verticalement au dessus du niveau de la mer; car il s'agit bien ici de la mer de Tasmanie même si l'on ne voit pas le large compte tenu des nombreux méandres du fjord. De nombreux autres pics le bordent de part et d'autre entre lesquels l'eau joue à cache-cache entre les innombrables échancrures de la côte. Sur la droite, de la fumée s'échappe d'une paroi rocheuse; il s'agit des embruns d'une énorme cascade que l'on apercevra en se déplaçant sur la rive, la Bowen Falls haute de 160 mètres. Sur tous les flancs de montagne on apercevra des chutes d'eau ou des ruissellements. Certaines parois sont nues, d'une roche sombre, dure et luisante; d'autres sont couvertes d'une végétation donnant un peu de couleur à cet endroit où domine le gris, même si le soleil est encore partiellement présent.

On a hâte d'être au lendemain pour s'enfoncer dans cet univers incroyable; puisse le temps être avec nous! Mais "un croquis valant mieux qu'un long discours", nous vous offrons ces photos qui, si belles soient-elles, ne rendent pas compte des dimensions qui nous écrasent!



Nous déjeunerons d'un casse-croûte au bar où nous rencontrerons un groupe de français de notre âge venu avec l'organisme Terres d'Aventure passer deux petites semaines en Nouvelle-Zélande. La conversation s'engagera naturellement et nous devrons "raconter notre vie" quand, épatés, ils comprendront que nous sommes arrivés dans ce pays en voilier depuis la France!

Nous reprendrons alors la route du retour qui sera avalée beaucoup plus rapidement car sans arrêts et rejoindrons notre hôtel à Te Anau où nous nous reposerons un peu avant d'aller "dîner en ville" et rencontrer à nouveau notre groupe de français.

C'est à 8h le lendemain matin que nous quittons l'hôtel pour refaire la route vers Milford; le départ du bateau est prévu à 11h, nous avons le temps de prendre notre temps! Quant au temps, lui, il est gris, bien couvert mais il ne pleut pas tout du moins pas encore. Nous haïssons de plus en plus les prévisionnistes météo!

Nous ne nous arrêterons qu'une fois, à l'entrée du tunnel, pour que le feu passe au vert et arriverons un peu avant dix heures. Avec cette grisaille et les nuages bas cachant les sommets, le paysage ne nous apparaît qu'en nuances de gris et on se dit qu'on a eu le nez fin de venir la veille avec le soleil!

Nous embarquerons sur le ferry à l'heure prévue avec une armée d'asiatiques. Ils sont vraiment impayables ces asiatiques et l'on se demande ce qu'ils viennent faire là car ils ne s'intéressent pas au paysage, encore moins à le photographier mais à se photographier eux! Et de préférence dans des positions ou situations insolites : et que je te mets la tête sous la cloche du bateau, et que je pose à côté de l'ancre, et que je lève les bras au ciel, et que je te soulève une jambe, et que je passe la tête par le hublot, et que je saute en l'air, à toi, à moi, à nous, à vous, ils n'arrêtent pas, ils sont épuisants! S'ils ont autant d'imagination pour leurs ébats amoureux, ça doit être quelque chose!



Quant à nous, nous nous sommes installés dehors à l'avant de la plate-forme supérieure pour de pas en perdre une miette, non pas des acrobaties des asiatiques mais du paysage… Le bateau longera de très près les falaises sur bâbord, la côte étant très acore. La profondeur moyenne du fjord est de 400 mètres. Même si l'on admire l'aspect grandiose du paysage, le temps gâche un peu la sortie; on se rendra parfaitement compte de la taille de ce qui nous entoure lorsque nous verrons un petit avion voler le long d'une falaise, point blanc minuscule sur le noir de la montagne. Et ce sera le même effet d'échelle avec un autre petit ferry au pied du Mitre Peak. Il faudra 50 minutes pour arriver à la sortie en haute mer, l'effet de la houle, légère ce jour là, se faisant tout de même sentir et donnant l'occasion à nos acrobates d'Extrême-Orient de trouver de nouvelles suggestions de pose!


La route du retour se fera le long de l'autre rive où nous apercevrons des otaries allongées sur un rocher et où le commandant du ferry viendra tutoyer du bout de l'étrave une énorme chute d'eau, la Sterling Falls, haute de 155 mètres et dont les embruns inonderont le pont et freineront pour un temps les ardeurs photographiques de nos asiatiques qui n'étaient toujours pas en manque d'imagination.

1h40 après le départ, nous étions de retour, heureux de ce que nous avions vu; même si le soleil avait bien manqué, il n'avait pas plu, c'était déjà quelque chose ici! Mais nous nous disions que faire l'autre Sound ne nous apporterait pas grand-chose de plus : la décision était prise, nous partirions le lendemain pour Quennstown.

Après une petite marche le long du fjord et un prélèvement de sable pour la collection du mousse, nous reprîmes la route de Te Anau pour y passer notre dernière nuit.

Queenstown et la région des lacs

C'est une étape de 180 km qui nous attendait pour rejoindre la capitale des sports d'aventures. A vol d'oiseau, la distance était beaucoup plus courte mais il fallait contourner par le sud le massif des Eyre Mountains avant de reprendre vers le nord-est puis le nord la direction de Queenstown.



La route fut un enchantement, serpentant au milieu de collines vallonnées souvent consacrées à l'élevage de moutons ou de biches et traversées de nombreux cours d'eau avec en arrière plan des chaînes montagneuses, avant d'arriver à la pointe sud du lac Wakatipu que nous longerons jusqu'à notre destination. Qui plus est, le temps variable offrait des contrastes de ciel bleu et de nuages gris chargés d'humidité, générant des lumières magnifiques sur les prairies aux couleurs dégradées du rouille au jaune mordoré en passant par toutes les nuances de vert.

Quant au lac, nous avions rarement vu une eau d'un bleu aussi lumineux; nous nous arrêterons souvent pour prendre le temps d'admirer ces paysages et les différents points de vue aménagés le long du lac.

Peu avant notre arrivée, nous fûmes bloqués presque une demi-heure pour laisser passer sur un pont un convoi peu banal : un énorme engin aménagé transportait… une maison! Certes, elle était construite en bois mais sa taille était imposante; elle avait l'air neuve : est-ce une méthode de construction locale que de construire une maison en atelier puis de la transporter, nous ne le savons pas.

Nous arriverons à 13h à Queenstown et mettrons un peu de temps à trouver notre hôtel…du groupe Accor situé un peu à l'écart du centre ville mais avec cette fois une bonne surprise : pour le même prix que notre cellule de prisonnier sans fenêtre de Christchurch, nous avions une chambre immense avec la vue ci-dessous! Elle est pas belle la vie? Le captain remonta aussitôt dans l'estime du moussaillon…

Le vent s'était levé et avait chassé les nuages, un fort clapot agitait le lac; nous partîmes en voiture en centre ville pour en faire une première découverte. Mais impossible de se garer et, après avoir fait trois fois le tour du centre ville, il faut revenir sur nos pas et garer la voiture loin le long des berges du lac.

C'est que nous sommes dans une ville de vacances qui a la chance de vivre deux saisons : la saison d'été actuelle avec l'attrait du lac et des montagnes alentour et la saison d'hiver car quelques stations de ski ne sont pas très loin. Il y a beaucoup de monde et le cadre comme l'ambiance n'est pas sans nous rappeler la ville de Puerto Varas où nous avions séjourné au Chili lors du tremblement de terre : une ville d'eau au bord d'un lac, des montagnes, une plage pour se baigner, un casino, des hôtels, des restaurants et des rues commerçantes pour touristes.



Nous déjeunerons sur une terrasse de café au bord du lac près de l'embarcadère de l'Earnslaw, un ancien bateau à vapeur qui promène les touristes sur le lac et que nous verrons souvent passer sous la fenêtre de notre chambre d'hôtel. Nous serons surpris de voir des mouettes voraces guetter le départ des clients pour venir finir les assiettes avec une rapidité incroyable.

Nous flânerons ensuite dans la ville, très agréable, jusqu'à la petite église anglicane St Peter située à l'autre extrémité. Dans une rue voisine, notre regard sera attiré par un drapeau français : on s'approche et on tombe sur le restaurant "Les Alpes" avec un menu bien français. On retient l'adresse au cas où! Nous déambulerons ensuite dans le Mall, une zone piétonnière très animée autour de magasins, de bars et de restaurants et qui possède encore quelques façades d'époque. Puis nous rentrerons à l'hôtel où nous dînerons (pas très bien) et admirerons de notre fenêtre la lumière du soleil couchant sur le flanc des montagnes.

Le lendemain matin, nous voulions aller voir les deux autres grands lacs de la région, le Wanaka et le Hawea connu pour le bleu extraordinaire de ses eaux.

Sur la route, nous ferons un premier arrêt au niveau d'un pont enjambant The Gorge, une rivière encaissée comme le suggère son nom. Nous tomberons par hasard sur un couple de français vivant en Nouvelle Calédonie, tous deux travaillant dans la marine. Puis de là nous nous dirigerons sur la petite ville de Arrowtown, ville de la ruée vers l'or la mieux préservée de la région qui n'est pas devenue une ville fantôme; elle est toujours habitée et vit dans son jus de l'époque avec une orientation touristique évidente. Nous y découvrirons un magasin vendant des objets sculptés dans le jade de toute beauté.



La rue principale a conservé tous les bâtiments d'époque fort bien entretenus et il est très agréable de s'y promener.

A proximité, on peut voir le Chinese Settlement, restes de petites maisons en pierre rudimentaires qui abritaient les ouvriers chinois venus remplacer à partir de 1865 les chercheurs d'or partis vers l'ouest. Certaines n'étaient que des aménagements de grottes dans la falaise. A voir la taille de ces abris, on peut en déduire qu'ils étaient de très petite taille!

Nous reprendrons ensuite la route de Wanaka en passant au plus court, c'est-à-dire par la Cardrona Valley; la route y est splendide et passe par un col dont nous ne connaissons malheureusement pas l'altitude, ce genre de renseignement n'étant pas précisé sur les cartes routières. Nous arriverons pour midi à Wanaka, ville d'eau au bord de son lac du même nom et station également appréciée des néo-zélandais. Le temps d'aller au centre des visiteurs et le temps se gâte : il devient nuageux et venteux, le bleu du lac vire au gris; c'est mal parti pour le lac suivant, le lac Hawea!

Nous pousserons tout de même jusqu'à lui, une vingtaine de kilomètres plus loin mais, comme prévu, le spectacle ne sera pas à la hauteur des espérances!

Revenant sur nos pas, nous nous arrêterons au Puzzling World, une attraction située sur la route près de Wanaka et où l'on peut s'exercer à toute sorte de casse-tête, chinois ou autre. On y voit aussi des tours penchées sorties de l'imagination créatrice d'un artiste local.

La pluie redoublant, nous retournerons à Queenstown et déciderons d'aller dîner au restaurant français "Les Alpes"! Première bonne surprise, le personnel parle français, et pour cause, il est français. Les serveuses, les cuisiniers et bien sûr les patrons, un couple de bourlingueurs des mers (ils y ont passés 40 ans sur tous les océans) avant de poser leurs sacs ici et de monter cette affaire!

Deuxième bonne surprise, le cadre est très agréable et nous sommes installés près de la cheminée qui marche…au gaz.

Troisième bonne surprise, le menu est appétissant et change de ce que l'on voit dans tous les autres restaurants.

Quatrième bonne surprise, c'est aussi bon que ça en a l'air sur la carte! Cuisine fine et raffinée avec de la recherche.

Nous discutâmes assez longuement avec le sympathique patron, Serge, qui a quatre tours du monde à son actif dont deux en course (la Whitbread). Avec son épouse, ils étaient ensuite employés comme skipper et hôtesse sur des yachts de luxe appartenant à des particuliers. Il nous conseilla une ballade pour le lendemain; bref, nous passâmes une bonne soirée!

Afin d'effectuer cette ballade et comme nous nous plaisions vraiment beaucoup dans notre hôtel, nous demandâmes à y rester une nuit de plus le lendemain soir ce qui ne posa pas de problème.



Le lendemain, suivant les conseils de Serge, nous partons en voiture vers l'extrémité nord du lac Wakatipu pour nous rendre à Glenorchy à 45 kilomètres de Queenstown. Ce village n'a rien de particulier à montrer mais la route recèle des points de vue magnifiques sur le lac et les montagnes dont les plus hauts sommets sont encore enneigés.

Puis nous emprunterons une piste s'enfonçant dans une vallée et menant à un lieu-dit nommé Paradise, tout un programme, qui semble se situer dans un cirque montagneux; seulement voilà, ce sont plus de 30 kilomètres de pistes caillouteuses qui nous attendent avec des traversées de gués de rivières dont un panneau à l'entrée de la zone indique les dangers; et nous n'avons pas de 4x4…

Qui ne tente rien n'a rien et nous (le captain surtout!) décidons d'avancer pour voir.

Nous traversons tout d'abord des pâturages bordant une rivière aux eaux parfois tumultueuses au pied de massifs montagneux; puis arrive le premier gué franchi sans difficulté, comme le seront les cinq suivants. Au septième, les choses se compliquent; nous descendons de voiture pour repérer le meilleur passage possible et éviter les trous d'eau trop profonds; Maryse s'arrêterait bien là, le captain dit que c'est possible et…ce sera possible.

Les deux suivants se passeront sans encombre, nous ne sommes plus qu'à deux kilomètres du but quand se présente le dixième gué et là… Le courant est impressionnant, les pierres qui permettent de rouler ont manifestement été emportées par le courant; avec les pluies de ces derniers jours le débit d'eau est trop fort, la profondeur semble trop importante pour notre voiture; même à pied, on hésiterait à traverser! Quel dommage si près du but!

Nous ferons donc demi-tour et croiserons en amont du septième gué deux voitures et un camping car arrêtés qui n'iront pas plus loin. Le camping car est conduit par un couple de français installé en Nouvelle Calédonie et venu passer ses vacances dans l'île sud.

Une fois retrouvée la route normale, nous repasserons à Queenstown sans nous arrêter pour profiter du beau temps et retourner voir ces fameux lacs bleus de Wanaka et Hawea si gris hier. C'est vrai que le soleil arrange bien les choses! Non seulement pour la couleur de l'eau mais aussi pour la beauté de la route de Cardrona Valley que nous avons reprise.
Repassant à Wanaka sur la route du retour, nous ferons une petite randonnée de deux heures pour monter (encore!) au sommet du mont Iron d'où l'on aura un très beau panorama sur la ville et le lac; nous pourrons même y apercevoir une partie du lac Hawea dans une échancrure de montagne.

De retour à Queenstown, nous nous accorderons à nouveau le plaisir d'aller manger français au restaurant de Serge, "Les Alpes"! De retour à l'hôtel, Anna, l'assistante manager à qui le captain avait demandé la prolongation de notre séjour, nous offrit un pot au bar; elle était épatée par notre voyage et nous, nous l'étions de rencontrer cette jeune femme polyglotte qui avait déjà tant roulé sa bosse au point que nous en avons fait son portrait dans la rubrique correspondante.

Le lendemain matin, nous quittions définitivement et avec regret Queenstown pour nous rendre à Lake Tekapo au centre de l'île à environ 240 km plus au nord. Prenant la nationale 6 en direction de Cromwell, nous nous arrêterons au niveau d'un pont de la rivière Kawarau où nous aperçûmes une installation de saut à l'élastique, un des sports favoris de nos amis kiwis! Et il y avait la queue pour sauter, même qu'il est prudent de réserver à l'avance! Et parmi les prétendants au saut, de nombreux asiatiques pour se faire photographier!

De voir les sauteurs (et sauteuses) s'approcher au bord de la plate-forme, l'élastique attaché aux chevilles, le captain en avait le vertige pour eux! La hauteur n'était pas très importante, 43 mètres seulement (un peu plus en amont de la rivière, il y a une installation pour des sauts de 134 mètres!) mais se lancer ainsi dans le vide… Et encore, en option pouvait-on demander une arrivée mouillée : par réglage de la longueur de l'élastique, vous terminez dans l'eau! Ils sont vraiment fous ces kiwis!

Nous assistâmes à plusieurs sauts dont celui d'une japonaise qui eut bien du mal à franchir le pas; elle se fit d'ailleurs détacher pour retenter un quart d'heure plus tard et ne réussit que grâce à la poussette vigoureuse de l'un des moniteurs! Chapeau tout de même.

Nous eûmes la surprise de retrouver le couple français de Nouvelle Calédonie rencontré la veille sur la piste de Paradise; ils avaient sauté tous les deux quelques jours plus tôt et nous disaient qu'il ne fallait surtout pas regarder en bas, "sinon, on n'y allait pas". Juste devant soi, ne pas réfléchir et sauter! Et bien pardi! Ils nous confirmèrent la forte montée d'adrénaline et l'état d'euphorie dans lequel on se trouvait après, au point que l'on vous propose de resauter aussitôt pour moitié prix…

Nous reprîmes la voiture, toujours pas convaincus de l'utilité de l'exercice, pour nous rendre à Cromwell en traversant des rivières circulant au fond de gorges plus ou moins profondes mais d'un débit toujours fort. Cromwell est une ancienne ville minière d'or dont il ne reste plus grand-chose; les vieux quartiers ont en effet été submergés par la création du lac artificiel Dunstan destiné à la construction d'un barrage hydroélectrique. Quelques bâtiments anciens ont été sauvés en étant déplacés sur la rive, nous en ferons rapidement le tour.

Nous continuerons la route du Lindis Pass reliant l'Otago et le bassin fertile de la Waitaki, traversant des collines couvertes de landes, passerons à Omarama, centre bien connu des parapentistes, traverserons Twizel, village créé de toute pièces en 1969 lors de la construction d'un nouveau barrage hydroélectrique et nous nous arrêterons sur la rive sud du lac Pukaki d'où nous apercevrons au loin le mont Cook qui semblait cracher un panache de fumée qui n'était qu'une énorme traînée nuageuse issue des sommets. Mais l'eau y était si calme que nous avons pu immortaliser le reflet de la chaîne du mont Cook malgré le temps couvert.

Il nous restait enfin 50 km pour atteindre Lake Tekapo qui est à la fois le nom du village et celui du lac qui a la particularité de posséder une couleur très pâle due à des particules minérales restant en suspension dans l'eau. Toutes les chambres de l'hôtel et des motels étant occupées, nous trouvâmes notre bonheur grâce au centre d'information des visiteurs en louant pour la nuit une maison pour le prix d'une chambre d'hôtel, avec terrasse donnant sur le lac d'où nous pûmes admirer la lumière déclinante du soir.

Le lendemain matin, nous partîmes visiter une petite chapelle située en bordure du lac, l'Eglise du Bon Pasteur datant de 1935. Il fallut faire avec une armée d'asiatiques qui n'avaient de cesse de se faire photographier sous toutes les coutures devant les parties intéressantes de l'édifice; insupportable!
De l'intérieur, on a une vue du lac donnant une véritable impression de carte postale.

A proximité se trouve la statue en bronze d'un chien de berger élevée en 1968 en hommage au rôle joué par l'animal dans cette région d'élevage. Puis nous monterons en voiture en haut du mont John où l'université du Canterbury a installé un observatoire pour profiter de la pureté du ciel de cet endroit; le vent y soufflait violemment au point que les prises de photos étaient assez difficiles.

En redescendant, nous emprunterons des chemins de terre pour faire une partie du tour du petit lac Alexandrino avant de reprendre la route pour Christchurch.

Retour à Christchurch

Nous étions en effet déjà le 6 février et notre avion était retenu pour le 9 au matin. En arrivant le soir à Chrischurch, cela nous laissait deux jours pleins pour profiter encore de cette ville et, pourquoi pas, retourner sur la presqu'île de Banks.

Nous mîmes un peu moins de quatre heures pour parcourir les 280 km en nous arrêtant de temps en temps pour quelques photos; le soir, il fallut trouver un hôtel et devinez? Il n'y avait qu'au All Seasons qu'il restait de la place! On négocia cependant une chambre plus grande et avec DEUX fenêtres pour passer les trois nuits qui nous restaient!

Le lendemain 7 février, il pleut! Nous en profitons pour revisiter la cathédrale puis aller près de l'aéroport visiter l'International Antarctic Centre. Christchurch est en effet une base importante de départ de toutes les expéditions polaires en Antarctique, notamment américaines. Ce centre est le quartier général de ces programmes et une partie est ouverte au public pour lui faire découvrir ce monde merveilleux.

On commence la visite par se mettre dans l'ambiance du climat en entrant dans une chambre froide à -8°C où un courant d'air est ensuite généré pour atteindre la température sensible de -20°C.

On peut voir ensuite une colonie de manchots, d'empereurs et de pingouins bleus; l'un des clous de l'exposition est une séance de cinéma en 4D avec lunettes adaptées et effets inattendus comme de recevoir des embruns en pleine figure, avoir son siège qui bouge quand on est sur un bateau ou avoir des choses qui viennent vous chatouiller les jambes quand, dans le film, on traverse des champs d'algues. Quant aux effets 3D, ils sont vraiment réalistes et l'on se surprend à faire des mouvements de recul quand une vague, un lion de mer ou une stalactite de glace vous tombe dessus!

Dans une autre salle, on vous projette sur grand écran un film offrant de magnifiques images de ce continent encore vierge et on termine par une promenade en chenillette sans grand intérêt. Mais le tout est bien fait et bien documenté, nous n'avons pas regretté la visite.

En fin d'après-midi nous irons visiter une exposition de très belles photos des expéditions de Scott et Shackleton qui avait lieu au Canterbury Museum dans les Botanic Gardens et que nous avions repérée le premier jour de notre arrivée. L'histoire de Scott et de ses compagnons est dramatique; partis à cinq du camp du cap Evans pour être les premiers à atteindre le pôle Sud, ils l'atteignirent en effet mais constatèrent qu'Amundsen les avait précédés de quelques jours en plantant le drapeau norvégien. On lit toute leur souffrance physique et morale sur leurs visages sur la photo qu'ils avaient tout de même eu le courage de prendre à ce moment là. Mais le plus tragique, c'est que sur la route du retour ils mourront tous, les trois derniers, dont Scott, à quelques encablures d'un camp de base qu'ils ne pourront jamais atteindre à cause du mauvais temps et de leur épuisement. Beaucoup disent que s'ils avaient été les premiers au Pôle, ils auraient alors trouvé la force de rentrer; on ne le saura jamais.

Quant à l'histoire de la seconde expédition de Shackleton de 1914 à 1916 avec son bateau "The Endurence" qui coula brisé par les glaces, elle est tout simplement incroyable de courage, de volonté, d'endurance physique et mentale. Il serait trop long de la raconter ici, mais sachez que c'est l'une des plus grande aventure humaine qui ait existé et qu'elle finit bien! Nous vous conseillons de lire "L'Odyssée de l'Endurance " dans la collection Poche (24/04/2010), vous ne serez pas déçus!

8 février, il fait beau, très beau, pas un nuage! Voilà qui nous incite à reprendre la route pour voir du pays. La première fois, nous avions aimé la péninsule de Banks malgré le froid et le mauvais temps; avec ce grand soleil ce devrait être fabuleux. Et puis pour partir, nous aimerions passer par la route des crêtes donnant accès à Lyttelton que nous n'avions pas trouvée la première fois.

Nous quittons l'hôtel assez tôt le matin et prenons la direction de Lyttelton et arrivons immanquablement à l'entrée du tunnel traversant les Port Hills et à la station du téléphérique. Nous irons demander à celle-ci où prendre la Summit Road; demi-tour, il nous faut retourner en centre ville et reprendre la Colombo Street jusqu'à son extrémité sud!

Ce fut ensuite un jeu d'enfant, mais nous ne pensions pas que ces collines étaient si hautes! La route n'en finissait pas de monter. Nous arrivâmes bientôt au niveau d'une construction ressemblant à un manoir écossais; il s'agissait du Sign of the Takahe, un ancien gîte qui avait été construit par l'initiateur de cette route pour faire escale. Ce bâtiment néogothique abrite aujourd'hui un restaurant. Nous y entrâmes et, trouvant l'endroit plus que sympathique, nous réservâmes pour le soir histoire de fêter notre dernière soirée à Christchurch!

Puis la route continue à grimper et à parcourir les crêtes de ces collines séparant la ville du port naturel de Littelton. Les vues deviennent vite fabuleuses, tant sur la ville que sur le port et de l'autre côté sur la presqu'île de Banks. Plus loin, des parapentistes s'élanceront d'un des sommets, offrant un beau spectacle avec leurs voiles de couleur sur un ciel bleu azur.

Nous redescendrons ensuite de l'autre côté de cette chaîne de collines pour rejoindre Governors Bay, en faire le tour et retrouver la route qui s'enfonce dans la presqu'île. Notre objectif était de rejoindre le village "français" d'Akaora en empruntant une autre "Summit Road" afin d'admirer les différents panoramas de la baie d'Akaora.
Nous ne fûmes pas déçus, nous arrêtant à chaque détour de la route pour prendre la photo qui serait plus belle que les précédentes, un peu comme nous l'avions fait avec Gérard et Marie-Paule lors de notre visite de French Pass dans les Marlborough Sounds!



Nous arrivâmes à Akaora en début d'après-midi; laissant la voiture sur un parking, nous déambulerons à nouveau dans ce coquet village à la french touch! Nous passerons dans la rue Jolie devant les plus anciennes maisons bien sauvegardées, monterons au cimetière français et nous promènerons sur le front de mer avant de reprendre la voiture et de rentrer doucement à Christchurch.

Après s'être changés à l'hôtel, nous irons donc dîner dans le Sign of the Takahe, convenablement mais sans plus : comme souvent dans ce genre d'endroit, la cuisine n'est pas à la hauteur du cadre!

C'est le cœur plein de nostalgie que le lendemain matin nous rejoignions les bureaux du loueur de notre voiture qui nous conduira ensuite à l'aéroport; nous allions quitter peut-être définitivement cette île sud si belle et qui nous avait tant donné, destination Auckland, Gulf Harbour et Olympe!

Dix jours plus tard, un violent tremblement de terre détruisait une partie de la ville dont la cathédrale que nous avions visitée!

Retour haut de page