OLYMPE AUTOUR DU MONDE

 

TAHITI : 3ème SEJOUR

PREAMBULE

Il faudrait en fait parler des troisième et quatrième séjours du captain car il dut effectuer un aller-retour sur trois semaines entre le 15 mai et le 8 juin pour organiser et faire effectuer la sortie du bateau sur l'ancien site du chantier naval qui avait été détruit par le cyclone du mois de février. Mais ce séjour éclair n'étant que technique et sans grand intérêt pour le lecteur, nous ne relaterons les évènements qu'à partir du retour définitif de tout l'équipage le 11 août 2010.

3ème SEJOUR

Tahiti

Les premiers jours

C'est un peu sur les rotules que nous revenions à Tahiti après un séjour en France un peu fou; outre le tour de France habituel pour revoir famille et amis, nous avions eu la riche idée de changer de maison sur un coup de tête et avions réussi, en l'espace de trois mois, le tour de force de négocier l'achat de la nouvelle, de vendre l'ancienne, de faire effectuer des travaux dans la nouvelle, de faire le déménagement et de remettre en état un parc qui n'avait pas été entretenu depuis un an et demi.

Qui plus est, nous avions utilisé pour revenir les billets retour de notre voyage à l'île de Pâques et au Chili, ce qui nous valut un voyage d'une quarantaine d'heures avec les correspondances!

C'est ainsi qu'arrivés le 11 août au soir, Irène et Gérard accueillirent deux loques chez eux en attendant que le bateau soit remis à l'eau, ce qui fut fait dès le 13 après-midi. Plutôt que de retourner à la marina Taina où nous étions restés de si longs mois, nous nous amarrâmes au quai des yachts de Papeete en centre ville, face au plus grand yacht à voiles privé du monde appartenant au propriétaire de Paramount.



Les premiers jours furent consacrés à refaire le plein de courses et à finir les derniers réglages techniques du bateau; mais ils furent aussi consacrés à nous soigner, nos organismes fatigués s'étant quelque peu rebellés.

Mais le captain n'avait qu'une envie, repartir en mer et tester en situation toutes les réparations du bateau! Maryse n'étant pas encore remise de ses soucis de santé, c'est seul qu'il partit sur deux jours à Moorea les 25 et 26 août, la nuit étant passée au mouillage dans la baie de Cook. Vous pouvez imaginer l'émotion ressentie à la barre de notre cher Olympe qui n'avait plus navigué depuis un an…

La sortie fut satisfaisante, seul l'alternateur d'arbre qui n'en est d'ailleurs pas un (il ne s'en fabrique plus en 24 volts) causa des soucis en délivrant du 32 volts, risquant de détériorer de nombreux équipements, d'autant plus qu'il refusait obstinément de se désexciter pour s'arrêter! Le captain dut le déconnecter pour le mettre hors service.

Le dimanche suivant, Maryse voulut aller assister à l'office du temple situé à proximité du quai; cet office était en fait réservé aux habitants originaires des îles Australes, archipel le plus sud de la Polynésie; elle put y admirer la ferveur des participants, la beauté des chants et les toilettes des fidèles rivalisant d'élégance avec leurs toilettes du dimanche et leurs chapeaux.

Le premier septembre, nous fêtâmes l'anniversaire d'Irène chez Miriama et Mate dans leur nouvel appartement. La soirée fut comme à l'accoutumée joyeuse et agréable.

Un week-end entre amis à Moorea

Du vendredi 3 au dimanche 5 septembre, nous emmenâmes Irène, Miriama et Gérard à Moorea sur Olympe; Mate, malade en mer, avait préféré nous rejoindre par le ferry et louer une voiture pour nous retrouver au fond de la baie de Cook où nous avions mouillé. Bien que l'aller fût relativement calme, Irène se coucha dans la cabine avant avec un seau, tandis que Miriama restait allongée sur un banc du cockpit avec un linge glacé sur le front; les polynésiens seraient-ils plus à l'aise sur une pirogue que sur un voilier? Mais dès la prise de mouillage effectuée, les sourires revinrent sur tous les visages!




Le samedi, après quelques courses dans le village, Mate et Miriama nous emmenèrent en voiture faire le tour de l'île où ils avaient habité autrefois et qu'ils n'avaient pas revue depuis cinq ou six ans.

Nous montâmes d'abord au belvédère en longeant les champs d'ananas, non sans nous être arrêtés au marae Tetiiroa situé sur la route d'accès; du belvédère, on a une superbe vue sur les deux grandes baies du nord de l'île, la baie de Cook et la baie d'Opunohu où nous avions mouillé un an plus tôt en arrivant de Huahine avec Martine et Michel; ces deux baies sont séparées par le spectaculaire et vertical mont Rotui culminant à près de 900 mètres.

Puis, étant redescendus pour rattraper la route côtière, nous fîmes le tour complet de l'île, soit environ soixante kilomètres, en nous arrêtant aux points névralgiques; Miriama et Mate avaient parfois du mal à reconnaître le paysage, tant celui-ci se transforme par les nombreuses constructions qui commencent à mordre sur les hauteurs.

Il faut dire que l'île sœur de Tahiti, plus propre et plus coquette que sa grande sœur, a une vocation de résidences secondaires pour les habitants de la grande ville, Papeete, qui, dès le vendredi après-midi, prennent le ferry pour venir y passer le week-end. Le lagon y est en tout point splendide, d'où la succession d'hôtels qui s'y sont installés notamment sur la côte nord. Les lois de défiscalisation ont certes permis ce développement mais ont eu également des effets pervers en surdimensionnant les capacités d'accueil conduisant à la fermeture de nombre d'entre eux dont le Club Méditerranée parti comme un voleur en laissant à l'abandon toutes ses installations qui dénaturent le paysage.

De la côte est exposée au vent, nous avons pu admirer Tahiti au loin et les couleurs magnifiques du lagon autour de Vaiare, le port de l'île où accostent les ferries en provenance de Papeete.

L'après-midi fut consacré à des parties acharnées de tarot à bord d'Olympe dont Mate sortit grand vainqueur, alors que le propriétaire d'un autre Super Maramu vînt nous rendre visite avec son annexe; il recherchait depuis longtemps Olympe dont il suivait les péripéties sur le site en nous suivant depuis plusieurs mois dans les mêmes escales. Il nous expliqua que nos routes divergeraient après l'Australie, ayant choisi l'option d'un retour par la Mer Rouge.

Quant à Miriama, elle joua de la canne à pêche mais n'attrapa qu'une annexe et un hauban, ce qui valut à Maryse de se faire hisser dans le gréement pour décrocher l'hameçon!

La nuit suivante fut particulièrement agitée; le vent en effet nous jouait des tours comme il sait si bien le faire parfois dans des mouillages encaissés en fond de vallée. A partir de minuit, il était capable de passer de pratiquement zéro à plus de 35 nœuds, parfois 40 en violentes rafales qui duraient quelques minutes puis s'arrêtaient jusqu'à la fois suivante. Le mouillage était soumis à rude épreuve, le bateau tournait violemment autour de son ancre et nous devions surveiller que celle-ci ne dérapât point car nous étions peu éloignés d'un platier de corail.

Mate et Miriama qui avaient choisi de dormir dans le cockpit pour cause de claustrophobie ont en fait peu dormi cette nuit là, comme le captain qui surveillait périodiquement ses alignements. Ce ne fut pas cette expérience qui allait réconcilier Mate avec la navigation en mer!

Le lendemain, ils apprirent le décès d'un membre de leur famille et reprirent le ferry de bonne heure. Nous rentrâmes donc sur Tahiti avec Irène et Gérard contre un alizé soutenu qui nous valut de tirer deux longs bords pour rejoindre la baie de Papeete après cinq heures de navigation au près serré. Irène avait repris sa place préférée dans la couchette avant, quant à Maryse et au captain, ils souffrirent du mal de mer après cette trop longue interruption de navigation. Seul Gérard resta frais et dispo jusqu'à l'arrivée.

Le soir, nous nous retrouvâmes tous chez Miriama et Mate pour dîner puis nous passâmes la nuit chez Irène dans une couchette qui ne bougeait plus!

Les derniers jours à Tahiti

Les jours suivants ne furent pas très beaux; la météo jouait des siennes et nous gratifiait d'une saison sèche particulièrement humide, la température descendant parfois à 21°C ce qui nous frigorifiait!

Nous les passâmes à accomplir nos formalités de visa pour la Nouvelle Zélande, ce qui nous imposa d'expédier nos passeports au consulat néo-zélandais de Nouméa en Nouvelle Calédonie (angoisse…), à faire un peu de vélo sous la pluie tandis que Maryse passait du temps chez Miriama à faire de la couture.



Mais chacun savait que la fin approchait, Gérard et Marie-Paule, nos amis de Fréhel, nous rejoignant le 23 pour partir vers la Nouvelle Zélande. Aussi avons-nous souvent dîné avec Irène et Gérard, Miriama et Mate, Marie-Laure et Louis, tantôt chez eux, tantôt à bord d'Olympe.

Le 16, Miriama avait organisé une sortie en mer avec le bateau de son fils pour une partie de pêche au gros. Le temps était maussade et la mer, entre Tahiti et Moorea, hachée. Première surprise, à quelques encablures de la côte, nous croisons une baleine nageant paisiblement; c'est en effet encore la saison où elles viennent se reproduire dans les eaux chaudes du Pacifique avant d'effectuer leur migration vers les eaux plus froides où elles se repaissent du krill.

Puis après une heure de parcours à tirer deux lignes reprises sur deux gros moulinets, nous entendîmes le bruit caractéristique du défilement rapide d'une des lignes; un espadon saute hors de l'eau et se décroche! Malgré tous nos efforts, nous rentrerons bredouilles en fin d'après-midi mais avec ces deux images en mémoire, la baleine et le saut de l'espadon.

C'est donc le 23 au soir que le captain partit chercher, avec les colliers de fleurs traditionnels de bienvenue, Marie-Paule et Gérard débarquant à l'aéroport avec leurs cent kilos de bagages. La voiture que nous avions louée la veille pour leur faire visiter Tahiti était juste assez grande pour contenir sacs et passagers, Maryse étant restée sur le bateau. Nos amis nous étonnèrent par leur fraîcheur, le décalage horaire ne semblant n'avoir eu aucun effet sur eux.

Dès le lendemain, nous les emmènerons faire un tour à pied dans Papeete : le marché où nous rencontrerons Miriama, les boutiques de perles (si, si, même Marie-Paule s'y intéresse!), l'assemblée et son parc avec le bassin de la Reine couvert de nénuphars fleuris où la reine Pomare avait l'habitude de se baigner.

Puis nous irons leur montrer la marina Taina où nous sommes restés plusieurs mois, ferons quelques courses avant d'aller assister à un spectacle de danse traditionnelle sur la place Vaiare donné par des écoles de danse polynésienne. Gérard fut invité par une danseuse à venir se trémousser avec elle et nous avons alors regretté de ne pas avoir d'appareil photo,car le spectacle en valait la peine!

Nous sommes allés ensuite dîner aux roulottes installées à proximité de la place en choisissant des plats chinois qui s'avérèrent succulents.

Le lendemain, nous expédierons en France par la poste deux gros paquets renfermant les collections de sable et de coquillages de Maryse ainsi que des objets que les Kiwis (les néo-zélandais) risquaient de nous confisquer à l'arrivée, ce qui aurait été un crime de lèse majesté pour Maryse!

Puis nous irons visiter près de la Pointe des Pêcheurs le très intéressant musée des îles situé dans un cadre naturel de carte postale et présentant de nombreux renseignements sur la formation géologique des îles de Polynésie ainsi que l'histoire des migrations maori, et exposant de nombreux objets de la culture traditionnelle.

 

L'après-midi, nous irons montrer la Pointe Vénus, le cap le plus nord de l'île, le trou du souffleur et l'une des trois cascades, sites déjà décrits dans notre premier séjour avec Michel et Martine en juillet 2009.

Le soir, nous avons retrouvé Louis et Marie-Laure au Beachcomber pour un dîner spectacle de danses tahitiennes monté par le groupe de Tahiti effectuant des représentations bien au-delà des frontières polynésiennes. Sur le thème des révoltés du Bounty et d'une histoire d'amour entre le célèbre Christian Fletcher et une belle polynésienne, ce fut un festival de chants et de danses colorées et endiablées très professionnelles mais peut-être moins spontanées que celles auxquelles nous avions assistées la veille. Cela n'empêcha pas Louis et le captain d'être invités à danser par des danseuses de la troupes!



Le dimanche 26, Gérard et Marie-Paule profiteront du salon du tourisme annuel pour organiser leur voyage de retour d'Auckland prévu mi-décembre afin de visiter deux îles des Marquises et, sur nos conseils, Rangiroa au lieu d'une troisième île marquisienne avant leur retour en France fin décembre. Nous monterons ensuite à l'observatoire d'où la vue sur Papeete et son port est magnifique.

Le lendemain, nous entamerons le tour complet de l'île déjà relaté lors de notre premier séjour; ce fut aussi le jour des rencontres inattendues : d'abord aux cascades Haamaremare, nous rencontrerons deux chiliens en voyage de noces, Cécilia et Emilio; Maryse entama la conversation avec eux histoire de travailler son espagnol. Bien entendu la conversation fut longue, nous apprîmes (Maryse apprit surtout) beaucoup de choses sur ces chiliens sympathiques qui habitent Santiago, ils apprirent beaucoup de nous, notamment de notre voyage à l'île de Pâques et au Chili et sur notre tour du monde en bateau qui fit leur admiration. Ils devaient repartir le soir même à Santiago et nous reçurent quelques jours plus tard un mail de leur part nous informant qu'ils étaient bien rentrés et nous remerciant de notre rencontre!

Après la visite de la Normandie tahitienne, je veux dire le plateau de Taravao, nous nous arrêtâmes à Port Phaéton où nous reconnûmes le bateau de Sebastiano mis au sec en attendant son retour d'Italie. Puis aux grottes Mata Va'a nous tombâmes nez à nez devant Lionel, le guide que nous avions eu sur l'île de Pâques! Puis ce fut le tour d'Alexandra, une fidjienne avec laquelle Maryse avait sympathisé quelques mois plus tôt à Papeete. Le monde est décidément incroyablement petit.

Le mardi 28 septembre nous étions invités chez Irène et Gérard pour déguster une spécialité d'Irène, un canard désossé et farci. Nous y arrivâmes en début de matinée et, tandis que Maryse restait avec Irène pour apprendre la recette, le captain emmenait Gérard et Marie-Paule faire la randonnée pédestre du sentier pédagogique d'Aneane (voir compte rendu du premier séjour). Marie-Paule, férue de botanique, était aux anges ce qui fit durer le parcours un peu plus longtemps que prévu…Au retour nous dégustâmes ce fameux canard, un délice!

C'est chez Mate et Miriama que nous terminerons la journée pour prendre un pot.


Les deux jours suivants furent consacrés à des problèmes d'intendance : courses pour garnir les coffres du bateau, coiffeur, etc…Le 30 septembre au soir, nous organisâmes un "pot d'adieu" avec nos amis polynésiens, Irène et Gérard, Miriama et Mate, Marie-Laure et Louis; nous fûmes littéralement couverts de colliers de fleurs avec la consigne d'en jeter une partie lorsque nous passerions la passe de Papeete et le reste lorsque nous quitterions définitivement la dernière île polynésienne, Bora Bora en l'occurrence. C'est en effet un signe de retour futur pour les polynésiens. Il y eut beaucoup d'émotion lorsque nous les embrassâmes pour la dernière fois…

Le 1er octobre, nous ferons un aller-retour en bateau par le lagon jusqu'à la marina Taina pour y faire le plein de gasoil,puis le captain s'occupa des formalités de douanes et d'immigration pour quitter le territoire. Le soir, veille du départ, c'est Azélie qui vint nous rendre visite à bord avec ses deux enfants, suivie un peu plus tard par le fils aîné de Maté.

Le lendemain à 9 heures, nous larguions les amarres pour quitter définitivement Tahiti; dès 8h30, Gérard (le tahitien) passait prendre un dernier café et nous dire au revoir et repartir aussitôt : il ne voulait pas rester pour le départ du bateau; un grand tendre ce Gérard! Puis Marie-Laure et Louis arrivèrent pour un dernier "au revoir" car étant bretons tous les deux et ayant leur racine à Trébeurden au dessus de la marina où Olympe avait passé plusieurs mois après son convoyage, nous serons sûrement amenés à nous revoir en Bretagne un jour.

Comme promis, dans la passe de sortie du lagon, accompagnés par des dauphins, nous jetâmes une partie de nos colliers de fleurs, des larmes aux coins des yeux, destination Moorea.

Moorea

Trois heures plus tard nous entrons à nouveau dans la baie de Cook après qu'un vent de 30 nœuds se soit brusquement levé en nous propulsant au portant devant la passe d'entrée; le temps est gris comme notre état d'âme, il pleut de temps en temps. Ce premier petit parcours rassure Marie-Paule et Gérard sur le comportement du bateau.

Comme depuis longtemps, il pleut; ce n'est que le lendemain que le loueur de voiture que nous avions contacté par téléphone vint nous chercher au fond de la baie; les formalités une fois accomplies, nous entamâmes le tour de l'île comme nous l'avions fait avec Mate et Miriama quelques jours plus tôt. Le midi nous déjeunâmes dans une pizzeria située près du débarcadère des ferries dont la propriétaire est originaire de Lancieux, près de Dinard!

Une fois la voiture rendue, nous nous calfeutrâmes dans le bateau, la pluie redoublant de plus belle. Le lendemain matin nous levions l'ancre pour partir sur l'île de Huahine.

Huahine

C'est l'île que nous avions préférée l'année précédente lorsque nous l'avions visitée avec Martine et Michel; souvenez-vous, nous y avions assisté à Fare au folklorique défilé du 14 juillet. C'est aussi au sud de cette île que Maryse avait lié amitié avec Titaua qu'elle espérait bien revoir. Pour toutes ces descriptions, se référer au premier séjour polynésien.

La traversée de 91 milles fut sans histoire; partis le matin à 6h, c'est à 18h30 que nous franchissions la passe sud d'Avapehi pour mouiller en bordure du chenal devant Fare. Ne maîtrisant pas encore le bateau, Gérard et Marie-Paule avaient préféré effectuer cette navigation de jour pour ne pas avoir à se retrouver seuls en quart de nuit.

Le lendemain, nous nous promenâmes dans Fare et le long de la plage bordant le lagon. L'endroit était toujours aussi enchanteur. Après avoir effectué quelques courses d'avitaillement, nous partîmes en annexe faire un peu de plongée. Marie-Paule trouva la température de l'eau à son goût, c'est dire qu'elle était bonne! Nous louâmes également une voiture pour faire le tour de l'île que nous effectuâmes le lendemain et au cours duquel nous pûmes admirer les fameuses anguilles sacrées que nous n'avions pas trouvées l'année précédente pour nous être trompé de rivière! C'est vrai qu'elles sont énormes, atteignant deux mètres de long et venant manger pratiquement dans la main.

De retour assez tôt dans l'après-midi, nous décidions de lever l'ancre et de descendre le lagon vers la pointe sud de l'île pour mouiller devant la plage de la baie d'Avea devant la maison où habitait Titaua. Malheureusement sa tante nous expliqua qu'elle vivait maintenant dans une vallée voisine et, au grand désespoir de Maryse, nous ne la verrons pas.
Le lendemain midi, nous déjeunâmes dans le restaurant où, avec Michel l'année précédente, nous avions été servis par une magnifique polynésienne qui, elle aussi, n'était plus là : décidément les choses n'étaient plus ce qu'elles avaient été!

Après une ballade à pied le long du lagon, puis une sortie en annexe jusqu'à la barrière de corail pour une plongée, nous assistâmes le soir à une soirée pareo à l'hôtel situé en bordure de plage agrémentée d'excellents cocktails.

C'est le lendemain, vendredi 8 octobre, que nous partîmes tôt le matin pour Raiatea et Tahaa, les îles sœurs situées dans un même lagon à peu de distance à l'ouest de Huahine.

Raiatea 

C'est de cette île que partirent les migrations polynésiennes vers les îles Cook et la Nouvelle Zélande; elle serait donc le berceau de la civilisation polynésienne et maori, ayant été et étant encore le centre culturel et religieux le plus important du Pacifique : chaque année, d'importants rassemblements de chefs religieux des autres archipels maori (Hawaï, Nouvelle Zélande, îles Cook, Fidji, etc…) ont lieu sur le site sacré de l'immense marae Taputapuatea.

L'annexion par la France avec celle de Tahaa y fut plus difficile que pour les autres îles sous le vent; ce n'est qu'en 1897 après une forte rébellion des deux îles et l'envoi de trois navires de guerre et de plus de mille hommes que le chef local Terahupo fut capturé et envoyé en exil en Nouvelle Calédonie, permettant ainsi le retour à la paix et l'annexion de fait de ces deux îles qui avait pourtant été prononcée dès 1888!

Comme toutes les îles de la Société, c'est une île volcanique dont le point culminant est le mont Tefatua à 1017 mètres d'altitude.



Nous arrivâmes par la côte est et la passe sud de Iriru, face à la baie Faaroa au fond de laquelle nous mouillâmes; le paysage y était un peu différent de ceux auxquels nous étions habitués depuis notre arrivée dans les îles de la Société; plus de falaises abruptes ni de reliefs escarpés, mais un rivage aux pentes plus douces et vallonnées. Après avoir mis l'annexe à l'eau, nous remontâmes sur plus d'un kilomètre la rivière Apomau dans un décor enchanteur, mélangeant paysage de mangrove et de sous-bois. Nous y croisâmes un polynésien qui s'y promenait dans sa pirogue.

Le lendemain matin, nous partîmes faire le tour de l'île par la côte sud; nous nous arrêtâmes dans la baie d'Opoa sur le site incontournable du marae Taputapuatea, le plus important de Polynésie, impressionnant par sa taille et sa position stratégique au sud-est de l'île sur une plateforme très étendue. Il est en fait constitué de plusieurs sites cérémoniaux.

Puis nous longeâmes la côte sud de l'île, la plus belle avec des couleurs de lagon invraisemblables et une côte plus haute que la précédente; pour le déjeuner, nous mouillâmes près du motu Naonao le long duquel s'étire une magnifique plage de sable corallien; cet îlot étant privé, nous reçûmes rapidement la visite d'une gardienne nous indiquant que nous pouvions nous baigner mais que nous n'étions pas autorisés à aborder sur la plage!

Après nous être effectivement baignés dans une eau cristalline et chaude puis rassasiés, nous continuâmes en passant la pointe sud-ouest de l'île, longeâmes les motu Roa et Tapute avant de sortir du lagon par la passe Toamaro, les fonds devenant insuffisants pour continuer à l'intérieur. C'est par la passe Rautoanui située au nord-ouest que nous pénétrâmes à nouveau dans le lagon pour rejoindre en fin d'après-midi le mouillage de la baie d'Apoiti où se situe une petite marina réservée aux bateaux locaux et aux charters. Nous nous amarrâmes sur une bouée extérieure en attendant un beau coucher de soleil avec Bora Bora en arrière plan.

Le lendemain, nous quittâmes le mouillage pour aller au quai d'Uturoa, la capitale de l'île située à quelques cinq milles, pour faire quelques courses; nous avions oublié que c'était dimanche et ne pûmes trouver qu'une petite partie de ce que nous cherchions. Nous revînmes mouiller dans la baie d'Apoiti où nous dînâmes le soir à "La Voile d'Or", un restaurant éponyme de celui des Sables d'Or où nous habitons en Bretagne! Ce dernier est tenu par un couple de français savoyards installés depuis de nombreuses années en Polynésie.

Le lendemain matin, nous revînmes à Uturoa compléter la cambuse avant de partir pour l'île sœur de Tahaa située au nord de Raiatea dans le même lagon.

Tahaa

Cette île a une forme pratiquement circulaire, d'un diamètre d'une dizaine de kilomètres; elle est en outre pourvue de nombreuses baies profondes s'enfonçant vers son centre faisant d'elle une sorte de roue dentée.

Nous arrivâmes à l'heure du déjeuner au mouillage de Marina Iti, endroit incontournable de tout voyageur au long cours. Ce mouillage porte en fait le nom d'un petit hôtel situé à la pointe sud de l'île, la pointe Toamara. L'après-midi, la visite d'une petite ferme perlière située à proximité sera fatale à Gérard et au captain, nous ne nous étendrons pas plus sur le sujet…

Le lendemain, le temps est à nouveau à la pluie; nous avions décidé de partir faire le tour de l'île en bateau dans le sens anti-horaire. Pour le déjeuner, nous nous enfonçâmes au fond de la profonde baie de Haamene située à l'est et qui atteint presque le centre de l'île; nous partîmes faire une petite promenade à pied dans le village où nous rencontrâmes des collégiens partir pour leur cours de Volley-ball avec leur professeur française. Haamene n'est pas le centre administratif de l'île mais de par sa position centrale elle en possède le seul collège.

Après le déjeuner pris à bord, nous repartîmes vers le nord de l'île à la voile; après une tentative de mouillage infructueuse le long des motus nord près d'un hôtel de luxe sur un fond corallien très "dérapant", nous partîmes mouiller pour la nuit dans la baie de Tapuamu située à l'ouest de l'île où se situe un petit port de pêche servant également d'accès aux navettes de l'hôtel. Nous pûmes assister à nouveau à un beau coucher de soleil sur le motu Tautau avec Bora Bora en arrière plan et un ciel toujours menaçant à l'ouest.

Le lendemain, après un peu de voile dans le lagon, nous n'avions que peu de route à faire sous une pluie battante pour rejoindre un mouillage sur bouée situé dans la baie voisine de Hurepiti où se situe la base de Vanilla Tour d'Alain Plantier avec lequel nous avions pris rendez-vous pour une visite commentée du centre de l'île en 4x4. Nous allions nous retrouver avec les occupants d'un catamaran arrivé en même temps que nous, cinq allemands avec lesquels nous allions effectuer le tour le lendemain.

Alain Plantier et son épouse sont arrivés il y a 25 ans en Polynésie après un voyage autour du monde qui les avait menés jusqu'en Nouvelle Zélande; ils avaient ensuite fait demi-tour pour venir habiter définitivement en Polynésie et s'étaient installés depuis une vingtaine d'année dans cette vallée. Alain possède une très bonne connaissance de la flore de l'île qui est la principale productrice de Vanille avec plus de 80% de la production des îles de la Société.

Le lendemain, nous nous rendons en annexe à son ponton et découvrons un sosie de Bernard Moitessier! Entretient-il ce look ou est-ce un hasard, la ressemblance était frappante.


Après une visite commentée de son immense jardin tropical, où l'on trouve à peu près tout ce qui peut pousser sur ces îles, et de ses magnifiques farés construits à l'ancienne avec des toitures en pandanus dans un décor luxuriant, il nous emmena en vrai 4x4 par la route traversière de l'île qui n'est plus guère pratiquée sur la totalité du parcours que par lui : il faut dire que l'état de la piste est particulièrement délabré, notamment après de fortes pluies comme c'était le cas depuis quelques jours au point qu'il nous fallut descendre du véhicule pour franchir certains passages délicats. Des arrêts choisis en fonction de la flore locale et de magnifiques points de vue depuis le centre de l'île d'où l'on domine toutes les profondes baies sur une vue à 360°, puis une pause culinaire pour boire du lait de coco frais et des pamplemousses cueillis dans la nature, cette promenade fut un véritable enchantement comme nous l'avaient d'ailleurs promis outre notre guide touristique mais aussi Francine et François, des amis navigateurs rencontrés à Papeete.



Tahaa est restée sauvage et secrète, un peu à l'écart des circuits touristiques ce qui l'a préservé jusqu'à présent des conséquences du tourisme de masse. Ce fut, avec Huahine, notre île préférée.

L'après-midi, nous retournions au mouillage de Marina Iti pour notre dernière nuit à Tahaa; le lendemain, nous mettions le cap sur Bora Bora, dernière escale de notre périple commun avec Gérard et Marie-Paule dans les îles de la Société avant le départ pour les îles Cook.

Bora Bora

Partis à 8h de Tahaa, c'est à 14h que nous prenons une bouée devant le yacht club de Bora Bora. Pendant le déjeuner, nous entendons la pompe d'alimentation d'eau douce se déclencher intempestivement de plus en plus souvent : il y a une fuite sur le circuit! Voilà bien longtemps que nous n'avions pas eu d'ennui. Il ne fallut que quelques minutes pour découvrir que la fuite provenait du chauffe-eau tout neuf installé à Papeete! C'est en fait un joint en caoutchouc qui était sorti partiellement de son logement qui n'assurait plus l'étanchéité de la fixation de la résistance électrique. Il fut remis en place en quelques minutes.

Le lendemain, nous nous rendons avec le bateau au quai de Vaitape pour faire quelques courses; par rapport à l'an passé, tous les farés traditionnels qui avaient été construits pour les fêtes du Heiva en juillet ont été démontés; en lieu et place, une affreuse structure de métal et de toile, genre cirque Barnum, a été mise en place et semble être là à demeure : quel dommage! Bien sûr, les farés nécessitaient certainement un gros travail de construction mais ils représentaient une partie du patrimoine culturel polynésien et avaient tout de même une autre allure! Quand on veut favoriser le tourisme, voilà une bien curieuse décision.

Pendant ce temps, une autre fuite d'eau se déclenche à bord, toujours au niveau du chauffe-eau! Vidange, démontage complet pour se rendre compte que le fameux joint en caoutchouc est complètement déchiré! Le captain appelle alors Michel à Tahiti, le shipchandler qui lui a vendu le dit chauffe-eau. Il ne comprend pas mais nous met à l'avion du lendemain un joint neuf que nous récupérerons au terminal des navettes de l'aéroport. Après remontage, tout rentrera dans l'ordre.

Puis nous irons mouiller pour la nuit dans la baie Tehou à l'ouest du gros motu Toopua, à l'abri du vent d'est qui souffle assez fort en rafales depuis quelques jours.

L'après-midi du lendemain, de retour au mouillage du yacht-club, nous irons nous promener sur les hauteurs dominant la passe d'entrée, à un endroit où fut installé un canon de protection de la passe par les américains pendant la guerre du Pacifique. L'aéroport de l'île date également de cette période.

Lundi 18 octobre, nous entamons le tour de l'île en bateau en empruntant les étroits chenaux serpentant au nord et à l'est de l'île; nous avions déjà emprunté ces chenaux l'an passé et savions que ça passait mais la vigilance et la lecture du sondeur étaient toujours de mise! Nous mouillâmes dans la baie de Taurere au large de la plage où nous débarquâmes en annexe. Là, nous rencontrâmes Aki, un polynésien installé avec sa vahine dans l'une des rares cahutes du bord de l'eau, vivant de la récolte de pandanus et de la préparation des feuilles servant à la confection des toits traditionnels équipant tous les farés sur pilotis des hôtels de Bora Bora. Mais lui aussi, à son humble niveau, nous expliqua qu'il avait moins de travail, crise économique mondiale oblige…

Il nous accompagna pour traverser le motu et arriver à la barrière de corail côté océan. Le spectacle était toujours aussi beau, avec la houle venant se fracasser dans un grondement sourd sur le platier de corail et l'étendue d'eau calme derrière où l'on pouvait admirer coquillages, coraux et poissons de corail. Avec sa machette, il nous ouvrit des noix de coco pour y boire l'eau au goût si caractéristique; le captain, goûtant assez peu ce breuvage, se força tout de même pour ne pas vexer notre hôte.

Le lendemain matin, nous abordâmes à nouveau la plage pour offrir à Aki des tablettes de chocolat avant de lever l'ancre pour refaire à l'envers le tour de l'île et revenir mouiller devant le yacht-club. Le soir, nous allâmes dîner au Fare Manuia, un restaurant que l'on nous avait recommandé; c'était notre dernière soirée en Polynésie française après 16 mois passés dans ce merveilleux territoire : le lendemain matin, à 11h30, nous franchissions la passe de sortie de Bora Bora en jetant à l'eau nos derniers colliers de fleurs en pensant bien fort à tous ceux qui nous les avaient offerts. Le captain et son moussaillon préféré se regardèrent : pas besoin de mots pour comprendre ce que chacun ressentait.


Nous partions en direction de Rarotonga, capitale des îles Cook.

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