OLYMPE AUTOUR DU MONDE

  

NOUVELLE-ZELANDE 2

Île du Sud

Après nos deux escapades dans l'île du nord, nous partions pour une dizaine de jours dans la moitié nord de l'île du sud très différente de la précédente. Nous étions donc impatients de découvrir de nouveaux paysages, plus montagneux.

Christchurch

Vendredi 3 décembre, nous prenons un vol Auckland-Christchurch pour gagner le centre de la côte est de l'île du sud; c'est sous un beau soleil que nous arrivons en tout début d'après-midi après 1h20 de vol.

Nous allons alors découvrir un moyen de transport tout à fait original pour gagner le centre ville et notre hôtel : les shuttles (navettes en français), non pas des bus comme chez nous (il en existe aussi), ni des taxis mais des camionnettes aménagées pour une dizaine de personnes, tirant une remorque pour mettre les bagages. Chaque navette part quand elle a fait le plein et au plus tard dix minutes après que le premier client soit monté. Elle fait ensuite du porte à porte pour conduire les passagers à leur destination finale dans l'ordre d'arrivée, le tout pour un prix extrêmement modique. Génial! On pourrait comparer ce système avec les aluguers du Cap Vert, sauf que les véhicules sont confortables et que le tarif ne se discute pas.

Nous nous empressons donc d'utiliser ce moyen de locomotion et, après avoir déposé une autre passagère, nous voilà arrivés devant l'entrée de notre hôtel situé en plein centre ville après avoir traversé ses faubourgs aérés et verts. Le temps de déposer nos bagages et nous voilà déjà partis en reconnaissance.

Christchurch est la capitale de la région, le Canterbury, mais aussi la deuxième ville du pays et la plus importante de l'île du sud avec ses 350 000 habitants; c'est en 1848 qu'elle prit réellement son essor lorsqu'un certain John Robert Godley acquit par l'intermédiaire d'une association les terres sur lesquelles la ville allait s'implanter en faisant venir des colons religieux qui avaient pour objectif de reproduire la société britannique du milieu de 19ème siècle, ce qui doit à la ville sa réputation de conservatisme. Les premiers colons arrivèrent sur quatre navires en 1850 et permirent à la province d'acquérir son autonomie au bout de trois ans seulement.

Elle fut longtemps et est encore le pôle économique d'une région agricole fertile, mais possède aujourd'hui une vie culturelle et sociale de premier plan. En septembre dernier, un séisme assez violent qui n'a cependant fait aucune victime a eu lieu alors que nous n'étions pas encore arrivés. Mais il s'en est fallu de peu!

Nous commencerons notre visite par la place de la Cathédrale située près de l'hôtel; mais ce qui nous a frappé au premier coup d'œil, c'est l'omniprésence de la verdure, que ce soit le long des rives de l'Avon, la rivière qui traverse la ville, ou dans les parcs et jardins qui ont valu à la ville le surnom de Garden City.

La construction de la cathédrale commença en 1864, seulement 14 ans après la fondation de la ville, et fut ouverte au public en 1881 bien qu'elle ne fût complètement terminée qu'en 1904. Son nom vient du Collège de l'Université d'Oxford de Christ Church en Angleterre; de style néogothique, elle fut construite avec les matériaux locaux, pierres des carrières des environs et bois de la voûte en matai et totara, arbres indigènes provenant de la péninsule de Banks voisine.

Les créations artistiques le long des murs, inspirées par des évènements historiques du Canterbury, sont représentatives du mélange culturel maori, polynésien et européen; près de 700000 visiteurs annuels viennent s'y recueillir ce qui en fait la cathédrale la plus visitée de Nouvelle-Zélande. Son orgue datant de 1927 comporte 3938 tuyaux. Quant à son carillon, composé de 13 cloches, il serait le plus célèbre de l'hémisphère sud (encore un record!).

Lorsque nous y sommes arrivés, un concert manifestement réservé au troisième voire quatrième âge venait de se terminer et il nous fallut attendre qu'elle se vide de son flot impressionnant de spectateurs pour y pénétrer et bénéficier des éclairages installés pour l'occasion.

Autour de la place de la cathédrale, nous verrons ensuite le Old Government Building aujourd'hui reconverti en hôtel de luxe, le Press Building datant de 1909 de style néo-gothique également, caractéristique avec sa tour en encorbellement.

Puis nous descendrons la New Regent Street, zone commerçante piétonne de style Spanish Mission datant de 1932, avant de retrouver les bords de l'Avon à Victoria Square, ancienne place du marché transformée en très bel espace vert. Une horloge florale, les statues de la Reine Victoria et du capitaine Cook et ses fontaines d'eau l'agrémentent. Au nord de la place se situe le Town Hall édifié en 1972; il constitue le principal lieu de spectacle de la ville.

Nous déambulerons alors le long des rives de l'Avon où des gondoliers promènent des touristes près d'un pont qui ne dépareillerait pas à Venise. D'immenses saules pleureurs ajoutent au charme de ces rives verdoyantes.
Nous arriverons ainsi au Law Court et aux Provincial Coucil Buildings érigés entre 1858 et 1865 possédant paraît-il de magnifiques vitraux; malheureusement nous ne pourrons y pénétrer, l'accès étant provisoirement fermé au public pour cause de dégradations liées au tremblement de terre.

Puis au bout d'Oxford Terrace, nous atteindrons le Bridge of Remembrance, un monument dédié aux soldats du Canterbury morts lors des deux conflits mondiaux et des suivants.

Nous nous éloignerons alors un peu du centre par Worcester Boulevard pour nous diriger vers les magnifiques Botanic Gardens. Avant d'y arriver, nous passerons devant l'Arts Center constitué des anciens bâtiments de l'université du Canterbury. Ces bâtiments de style toujours néogothique furent édifiés à partir de 1877 et se complétèrent pendant presque un demi-siècle avant de devenir un centre d'arts et de culture comprenant de nombreuses galeries d'art, des ateliers et des boutiques d'artisanat, des salles de spectacle, des cinémas, des cafés et des restaurants. L'ensemble architectural, austère comme l'est le style néogothique, n'en est pas moins impressionnant et harmonieux.

L'après-midi se termina donc par une visite très partielle des Botanic Gardens, tant ils sont grands et l'heure déjà avancée. Créés en 1863, les plus vieux arbres, dont des séquoias déjà immenses, ont donc près d'un siècle et demi. De grandes pelouses à l'anglaise, des serres, des massifs de fleurs faussement désordonnés, une roseraie, des étangs et la rivière Avon qui le traverse démontrent le savoir faire de nos amis anglo-saxons dans ce domaine. Il faut dire que le climat local, chaud l'été, généralement doux l'hiver et souvent pluvieux en toute saison s'y prête parfaitement!

Le lendemain, nous avions fait réserver par l'hôtel des billets de train pour nous rendre à Greymouth sur la côte ouest.

La Transalpine

Samedi 4 décembre, un shuttle vient nous prendre à 7h à l'hôtel pour nous emmener à la gare prendre le Tranz Scenic qui, chaque jour, fait l'aller-retour entre Christchurch et Greymouth. Un aller d'un peu plus de quatre heures nous attendait pour traverser l'île d'est en ouest en franchissant la chaîne montagneuse des Southern Alps avec, paraît-il, des paysages somptueux. Malheureusement, en ce début de journée, le ciel était bien gris, un rien pluvieux.

Le train comporte en son milieu une voiture plateforme où il est possible de sortir pendant le trajet pour prendre des photos; il faudra cependant "lutter" avec une armée de japonais pour prendre une bonne place!

C'est en 1923 que cette ligne fut ouverte, après le percement du tunnel d'Otira d'une longueur de 8554 mètres, mais les liaisons touristiques quotidiennes avec le train dans sa configuration actuelle ne datent que de 1987.


La première partie du voyage, de Christchurch à Springfield, se situe dans les plaines fertiles de l'est où nous aperçûmes d'immenses champs de cultures équipés de gigantesques installations d'arrosage automatique. C'est au bout d'une heure que nous commençâmes à apercevoir les contreforts de la chaîne montagneuse; ce sera alors une succession de viaducs et de tunnels, la ligne longeant de larges vallées où les rivières pouvaient s'élargir en bras multiples, traversant des champs de lupins bleus, puis des gorges profondes comme peuvent l'être celle du Verdon, du Tarn ou de l'Ardèche. De la neige subsistait sur les plus hauts sommets, le ciel avait eu la bonne grâce de se dégager et nous offrait un bleu azur faisant encore mieux ressortir le jaune des genêts et les nuances de verts des flancs de montagne parsemés de forêts de conifères. Bref, le spectacle était à la hauteur de nos attentes.


Le point le plus élevé de la ligne se situe à Arthur Pass à seulement 737 mètres d'altitude, peu avant le tunnel le plus long, le tunnel d'Otira; c'est ensuite la descente en pente douce jusqu'à la côte ouest en longeant le lac Brunner et la ville de Greymouth où nous arrivâmes peu après midi.

Greymouth et la côte ouest

Située à l'embouchure de la rivière Grey, Greymouth est la ville la plus importante de la côte ouest; elle fut fondée en 1865 lors de la ruée vers l'or que connut la région comme l'ouest américain. De nombreuses similitudes existent d'ailleurs, comme le plan des villes tracé au cordeau et leur architecture que nous pourrons visiter 11 km plus au sud à Shantytown, réplique d'une ville de chercheur d'or de l'époque : l'église, les boutiques des différents corps de métier, le saloon, la poste, tout est magnifiquement reconstitué dans les moindres détails.

Un train à vapeur de 1913 avec ses cuivres encore rutilants emmène les visiteurs dans le bush où l'on peut voir une scierie et une démonstration d'orpaillage.

L'extraction des mines de charbon prit ensuite le relais des mines d'or lorsque les filons furent épuisés.

Mais sur la ville de Greymouth proprement dit, rien de bien particulier à voir…Nous nous rendrons ensuite au lac Kaniere avant de terminer la journée à Hokitika, capitale de la néphrite, autrement dit du jade vert. Cette pierre se forme dans les failles alpines à très hautes températures et à fortes pressions. Elles sont ensuite, par érosion, transportées par les rivières de la côte ouest. Les Maoris s'en servait autrefois pour fabriquer des outils et des armes car c'était le matériau le plus dur qu'ils pouvaient trouver.

Située à une quarantaine de kilomètres au sud de Greymouth en bord de mer, cette ville laisse une drôle d'impression; avec ses larges artères désertes, on dirait une ville fantôme. De nombreux magasins d'artisanat vendant des objets en jade, principalement des bijoux mais aussi des sculptures, jalonnent les trottoirs. Mais à cette heure, impossible de trouver un restaurant pour dîner. Nous rentrerons donc à notre hôtel à Greymouth avec l'intention de redescendre encore plus au sud le lendemain visiter les glaciers du Westland National Park.

Malheureusement, le lendemain le temps s'était à nouveau dégradé; outre la température qui avait tendance à baisser, une pluie intermittente allait nous empêcher de profiter pleinement des sites que nous allions visiter.

Ce fut tout d'abord le Franz Joseph Glacier situé à environ 180 km au sud de Greymouth; c'était la première fois que nous nous approchions tous aussi près d'un glacier, l'intérêt était donc au rendez-vous. Mais je ne dois pas cacher une certaine déception face à ce monstre de glace qui ferait bien pâle figure à côté de ceux de la Patagonie. Outre sa taille relativement modeste (il est vrai que depuis un siècle il a considérablement diminué), la blancheur éclatante ne devait plus être qu'un lointain souvenir! Nous avons d'ailleurs croisé un argentin qui ne cachait pas non plus sa déception en ironisant sur les superlatifs des dépliants touristiques locaux et disant à qui voulait bien l'entendre qu'en Argentine, le spectacle était d'une autre envergure! Nous le croyons bien volontiers. Mais le vide laissé dans cette vallée glacière par la fonte du glacier est réellement impressionnant.



Puis après avoir encore parcouru une trentaine de kilomètres plus au sud, nous allâmes visiter le lac Matheson situé entre la chaîne montagneuse et la mer; ce lac a la particularité, par beau temps, de refléter dans ses eaux calmes les montagnes alentour dont le mont Cook, point culminant de la Nouvelle-Zélande avec ses 3754 mètres. De nombreuses photos de l'endroit se retrouvent sur les cartes postales les plus diffusées dans le pays. Malheureusement, avec le temps gris et pluvieux que nous avions, point de miroir sauf pour les arbres qui bordaient la rive opposée!

Nous nous rendîmes ensuite à l'autre glacier bien connu, le Fox Glacier qui nous offrit un spectacle assez similaire au précédent. Dans la vallée en aval du glacier, nous admirâmes tout de même la couleur d'un bleu particulièrement lumineux des étendues d'eau alimentées par la fonte du glacier. Il nous fallait alors refaire les 200 kilomètres vers le nord pour regagner Greymouth.

Le lendemain, avant de retraverser, en voiture cette fois, les Southern Alps, nous partîmes vers le nord admirer une curiosité naturelle sur la commune de Punakaiki, les "Pancakes Rocks". Il s'agit de falaises ayant subi une érosion par la mer et le vent très particulière due à leur constitution en strates de matériaux alternativement en calcaire dur et tendre. Cela leur donne un aspect de crêpes empilées avec une remarquable régularité.

De nombreuses anfractuosités ont aussi été creusées par la force des vagues, avec un trou du souffleur géant (par analogie à celui de Tahiti) où, à marée haute et par gros temps, les vagues viennent se fracasser sous la falaise produisant une sorte de geyser par la pression de l'air ainsi comprimé. Certains pitons rocheux n'étaient pas sans nous rappeler par leur forme le rocher de la Fauconnière au Cap Fréhel, à la nature et la couleur de la roche près bien sûr.

Puis nous reprîmes la route de Greymouth où il fallut bien que ces dames achètent un souvenir en jade et partîmes rejoindre à nouveau Christchurch en retraversant en voiture la chaîne montagneuse qui nous offrit d'autres points de vue qu'à l'aller, la route n'empruntant pas toujours le même parcours que la voie ferrée.



Nous nous arrêtâmes en particulier dans les gorges d'Otira sur une aire nous permettant d'avoir une jolie vue sur le viaduc de la route 73 et où nous fîmes la connaissance de quelques perroquets chapardeurs et voraces, les Kéas, qui s'en prenaient aux joints des portières d'une voiture voisine! Nous avons préférés leur donner un peu de pain…

Mais nous fîmes aussi plusieurs haltes dans les vallées au bord des immenses bras de rivières où le spectacle dû au contraste de couleurs entre les champs de lupins, l'eau un peu laiteuse des glaciers et les dégradés de verts de la végétation avec en arrière plan la chaîne montagneuse et ses neiges éternelles était de toute beauté sous un soleil enfin retrouvé.

Arrivés à Christchurch, nous repartîmes nous promener dans les Botanic Gardens puis y passâmes notre dernière soirée avant de partir le lendemain visiter la presqu'île de Banks et nous diriger vers le nord en faisant étape à Kaikoura avant d'atteindre la côte nord…de l'île du sud et ses célèbres Malborough Sounds le surlendemain.

Littelton, la presqu'île de Banks et Kaikoura 

Mardi 7 décembre, le temps est nuageux, parfois pluvieux mais surtout la température a fortement chuté : 10°C, voilà bien longtemps que nous n'avions pas eu aussi froid! Nous partons en direction de la presqu'île de Banks située au sud-est de Christchurch en passant d'abord par Lyttelton qui est le port de commerce de la région; situé seulement à une dizaine de kilomètres, c'est à cet endroit que les premiers colons choisis pour peupler le Canterbury accostèrent en 1850. C'est lord Lyttelton, président de la Canterbury Association en charge de financer le développement de la région, qui donna son nom au port.

Une petite chaîne montagneuse sépare toutefois Christchurch de Lyttelton, ce qui nécessita le percement d'un premier tunnel ferroviaire en 1867 doublé par un tunnel routier en 1964.

Comme la plupart des villes portuaires à fort trafic de marchandise, les lieux ne sont pas très sexy car entourés par des entrepôts et des zones industrielles. Le temps froid et pluvieux ne nous incite pas à nous y attarder et nous reprenons aussitôt la route, contournant la baie Lyttelton Harbour; autour de la baie, le paysage est vallonné et la route tortueuse; finis les entrepôts et les usines, on est manifestement dans une zone résidentielle huppée! Cachées dans la verdure le long de la côte, les propriétés laissent tout de même entrevoir par endroit de magnifiques vues sur la baie.

Puis nous traverserons l'isthme pour rejoindre la route principale s'enfonçant dans la presqu'île de Banks. Cette dernière était encore une île il y a 25 000 ans et a été créée par l'éruption de deux volcans. Il y a une certaine similitude avec l'île de Tahaa en Polynésie : de forme ovale avec de nombreuses échancrures sur son pourtour s'enfonçant profondément vers le centre et un relief escarpé.

Les paysages ressemblent à ceux que nous avions vus dans le Northland, avec des collines verdoyantes où moutons et bovins se retrouvent en complète liberté, mais aussi des reliefs plus abruptes avec des falaises escarpées le long du littoral. Dommage que le soleil n'ait pu être au rendez-vous mais, même sous la grisaille, les paysages étaient très beaux.

C'est au bout d'une soixantaine de kilomètres d'une route en lacets que nous arrivâmes au village d'Akaroa situé en bordure est de la baie du même nom, la plus profonde de la presqu'île. Ce village a une histoire intéressante car il fut créé en 1840 par un groupe de colons français, ce qui en fait la plus ancienne commune du Canterbury. C'est un certain Jean-François Langlois, un commandant de baleinier, qui décida en 1838 d'y établir une colonie. Il acheta une grande partie des terres à la tribu maorie Ngai Tahu et fit venir 63 pionniers de France.

Mais nos "amis" anglais, qui venaient de signer le traité de Waitangi, ne l'entendirent pas de cette oreille et firent valoir leur droit sur ces terres. Les colons français restèrent cependant et aujourd'hui on en trouve encore les traces avec des noms de rues et de places et même de certaines boutiques écrits en français et en anglais; nous pûmes même apercevoir quelques drapeaux français flotter au vent!

La température était encore descendue : 8°C! C'est un peu au pas de course que nous fîmes le tour de ce coquet village aux maisons et bâtiments en bois de couleur, son front de mer pittoresque avec sa plage et son phare, le tout dégageant une atmosphère tout à fait particulière.


Nous passerons devant la maison devenue musée de Jean-François Langlois qui aurait été construite en France et livrée "en kit" en 1845; l'ancien tribunal fait aussi partie des monuments historiques du village mais de nombreuses autres constructions plus récentes lui donnent un charme fou. C'est à regret que nous le quitterons en début d'après-midi après un déjeuner pris au chaud!

Nous retraversâmes toute la presqu'île pour aller contourner Christchurch par l'ouest et prendre la nationale 1 longeant la côte est vers le nord en direction de Kaikoura.

Nous traverserons tout d'abord les vignobles du Waipara dont les premières plantations ne remontent qu'en 1981; cela pouvait se voir au faible diamètre des pieds de vigne! Nous nous arrêterons en cours de route sur la côte à hauteur de Cheviot pour apercevoir les Cathedral Cliffs curieusement situées en retrait de la côte dans une dépression qui a dû sans doute être ennoyée il y a quelques millénaires.

Puis ce sera l'arrivée à Kaikoura en fin d'après-midi où nous perdrons du temps à trouver un hôtel qui était finalement fermé avant de trouver un motel et un restaurant où nous dînerons d'un succulent repas que nous n'attendions pas à trouver dans ce coin perdu!



Kaikoura, qui signifie "repas de langouste", fut d'abord un centre baleinier important; ce passé est retracé dans le petit musée de Fyffe House, petite maison de bois de pêcheur dont les fondations ont été faites de vertèbres de baleine. Construite en 1842 par Robert Fyffe, elle est l'un des derniers témoignages de cette époque de l'industrie baleinière en Nouvelle-Zélande. Nous la visiterons le lendemain matin pour y découvrir, outre des restes d'os de baleine, des dents de cachalots gravées, un œuf énorme de Moa, oiseau géant aujourd'hui disparu, des objets anciens de la vie quotidienne des occupants successifs de la maison et de nombreuses photos.

Comme nous l'avons déjà indiqué, en Nouvelle-Zélande tout est matière à reconstituer un passé pourtant récent avec quantité de petits musées parfois très kitch!



Puis nous irons photographier la colonie d'otaries à fourrure qui a pris possession d'une partie des rochers du rivage pour la plus grande joie des touristes; les eaux des alentours renferme d'ailleurs une faune très riche, notamment des cachalots et des albatros venant se nourrir près des côtes.

C'est en repartant de Kaikoura que le captain se fit rappeler à l'ordre par un policier courtois mais inflexible pour un (petit) excès de vitesse…Nous repartions alors en direction du nord, vers Nelson.

Le nord et les Malborough Sounds

Nous arrivâmes en milieu d'après-midi à Nelson, ville de 50 000 habitants située sur la côte nord de l'île. Créée en 1842 par les premiers colons, elle devînt quelques années plus tard la capitale de la province du même nom et, en 1858, devînt même la seconde ville du pays par décret royal, statut qu'elle a perdu aujourd'hui.

Ayant peu de temps à lui consacrer (il y a d'ailleurs peu de choses à y voir à part un musée de peintures et d'aquarelles fermé tôt l'après-midi et ouvert tard le matin), nous irons déambuler dans le centre ville dominé par la cathédrale anglicane Christ Church (on manque parfois d'un peu d'imagination ici!) située en haut de la colline…Christ Hill!! Un escalier monumental y mène à partir de Trafalgar Street. On ne peut pas dire que le style soit enthousiasmant. Il s'agit en fait de la troisième église construite sur ce site dont la première pierre fut posée en 1925 et elle fut consacrée en 1932, avant d'être agrandie avec une extension en béton qui n'est pas du meilleur goût. Une exposition d'arbres de Noël décorés et réalisés par les écoles et les différentes associations de la ville y avait lieu.

Puis nous traverserons quelques rues, passerons devant un des collèges de la ville avant de pénétrer dans Queen's Gardens, un joli petit parc comme nos amis anglo-saxons savent si bien les faire, et de rentrer à l'hôtel.



Le lendemain matin, après que Maryse ait trouvé chaussures de marche à ses pieds et Gérard carte mémoire à son caméscope, nous partîmes en direction de Picton en prenant le chemin des écoliers pour nous rendre au bout d'une presqu'île au lieu-dit French Pass. Nous sommes alors dans l'un des plus beaux coins de la Nouvelle-Zélande, les Malborough Sounds; il s'agit d'un enchevêtrement de baies, de criques et de bras de mer autour de reliefs boisés (jusqu'à 1200 mètres d'altitude) qui constituaient des vallées de rivières englouties par l'océan à la fin de la dernière ère glacière. En regardant une carte, la région ressemble à un labyrinthe géant d'eau de mer dans lequel la navigation nécessite de posséder des cartes de détails si l'on veut pouvoir en sortir un jour.

Et le captain rêve de venir y tremper la coque d'Olympe, au grand désespoir de son moussaillon qui trouve déjà très bien de le découvrir en voiture et à pied! Il faut dire que pour arriver là, il faudra des conditions météo très favorables et cinq bons jours de mer pour contourner le cap Reinga, descendre toute la côte ouest de l'île nord et s'engouffrer dans le détroit de Cook où le vent aime bien souffler même si c'est calme partout ailleurs! Et là, on sera pour de bon dans les quarantièmes, mais en été tout de même; Affaire à suivre…

Mais pour arriver à French Pass en voiture, il faut quitter la route de Picton et s'engouffrer d'abord sur une route étroite qui suit le relief et la côte, puis sur une piste de terre qui nous conduira pour midi à ce petit village de pêcheur du bout du monde. Les points de vue tout au long du parcours sont grandioses, se partageant entre paysages de plaines arides où moutons et bovins en complète liberté arrivent tout de même à se nourrir en grimpant dans des endroits invraisemblables, chapelets d'îles le long du littoral, plages magnifiques et falaises impressionnantes. Mais nous verrons aussi des pans entiers de collines en cours de déboisement pour l'industrie de la construction et quelques parcelles de terrains réservées à la vente pour la promotion immobilière. Pourvu que les Kiwis prennent rapidement des dispositions pour préserver cette nature magnifique! Il fait frais, le soleil n'est pas toujours au rendez-vous, mais on se régale.

Mais French Pass est aussi le nom donné au passage étroit entre une pointe acérée du "continent" et d'Urville Island, nom donné en hommage à Dumont d'Urville, le navigateur français, qui fut le premier en 1827 à oser franchir cet étroit passage au courant redoutable, parsemé de roches affleurantes, avec sa corvette Astrolabe. Si nous descendons avec Olympe, il nous faudra passer par là!

Il nous faudra ensuite faire demi-tour pour regagner la route de Picton que nous atteindrons le soir après de nombreux arrêts pour admirer des sites plus beaux les uns que les autres et prendre des photos. Dans la baie précédant l'arrivée au port de Picton, nous aperçûmes un port de chargement de bois réellement impressionnant par le volume des troncs d'arbre stockés.

Picton est une petite ville située au fond de l'un des plus profonds bras de mer, le Quenn Charlotte. C'est essentiellement le port où accostent les ferries qui effectuent la liaison avec la capitale Wellington sur l'île nord de l'autre côté du détroit de Cook. Nous aurons juste le temps d'aller réserver pour le lendemain un tour en bateau dans le Quenn Charlotte pour aller faire une partie de la randonnée du Quenn Charlotte Track.
Une partie seulement en effet, car ce track est long d'environ 70 km et se parcourt en 4 jours. Nous prendrons donc un catamaran à moteur qui fera une première halte au bout d'une heure à Motuara Island pour récupérer des plus courageux que nous qui avaient pris la première navette du matin pour découvrir ce sanctuaire aux oiseaux.

Nous accosterons ensuite dans l'anse Ship Cove pour déposer des encore plus courageux que nous qui allaient marcher deux heures de plus. C'est à cet endroit que le capitaine Cook mouilla par cinq fois lors de ses différents voyages en Nouvelle-Zélande; un monument commémoratif y a été édifié.

Nous serons ensuite déposés à Resolution Bay d'où nous entamerons notre marche de trois heures pour rejoindre le fond de la baie voisine Endeavour Inlet. La végétation nous masquera souvent la vue sur la côte, mais le peu que nous avions pu voir était toujours très beau. Nous arriverons dans un joli lodge où nous pourrons nous désaltérer en attendant le bateau qui nous ramènera à Picton.

Samedi 11 décembre, le lendemain, après avoir rendu notre voiture de location, nous prendrons le ferry pour Wellington quittant ainsi l'île du sud.

Retour sur l'île du nord, Wellington

Il faut un peu plus de trois heures pour effectuer la traversée entre Picton et Wellington; un tiers du temps est consacré à sortir des Malborough Sounds en slalomant dans les bras de mer, un autre tiers à traverser le détroit de Cook proprement dit et un dernier tiers à traverser la baie de Wellington jusqu'au port et au quai de débarquement.
Cette baie entourée de hautes collines est souvent le siège de vents violents descendant des reliefs; nous en aurons un aperçu en arrivant : alors que la traversée s'était effectuée avec un temps relativement calme, c'est à peu près 40 nœuds de vent dans le nez que le ferry dût remonter dans la baie avant d'accoster.

Capitale du pays, elle abrite le siège du gouvernement, le parlement, les ministères et les ambassades étrangères ce qui lui vaut souvent la dénomination de ville de fonctionnaires. Mais c'est aussi une capitale culturelle avec de nombreux artistes qui s'y sont installés depuis deux décennies, le Museum of New-Zeland Te Papa Tongarewa, l'Orchestre Symphonique de Nouvelle-Zélande, le Royal New Zeland Ballet, l'Ecole Nationale de Danse et bien d'autres entités culturelles.

Arrivés à 16h30, nous ne disposions que de la soirée et du lendemain jusqu'en début d'après-midi pour découvrir la ville, reprenant ensuite l'avion pour Auckland. Après avoir déposé nos bagages à l'hôtel, nous partîmes donc à pied faire une première découverte de la ville : le front de mer où nous découvrirons l'architecture moderne du Museum Te Papa Tongarewa et le Circa Theatre, bâtiment rénové qui est devenu l'un des pôles de création contemporaine de la ville.

Nous remonterons Taranaki Street pour gagner Courtenay Place, soit-disant le cœur de la vie nocturne de la ville avec ses bars branchés et ses restaurants de toute tendance. Une néo-zélandaise nous voyant examiner une carte de la ville nous demanda dans un français irréprochable si elle pouvait nous aider; elle nous déconseillera de nous attarder dans cette rue passée une certaine heure de la nuit mais nous recommandera un autre quartier où nous pourrions dîner tranquillement!

Nous nous dirigeâmes donc vers Cuba Street en partie piétonnière, avec ses façades multicolores mais où le premier restaurant recommandé par notre guide, installé dans les locaux d'une ancienne banque, était malheureusement complet. Nous recherchâmes alors un autre restaurant dans Boulcott Street et, après être passés devant un magnifique bâtiment de style colonial, nous le trouvâmes dans une petite maison biscornue pleine de charme, coincée entre les buildings du quartier. Nous eûmes la chance de pouvoir prendre la dernière table disponible et nous y passâmes une excellente soirée.

Nous retournerons de nuit à l'hôtel en traversant Victoria Street, admirant au passage un bel immeuble illuminé appartenant à une banque et en passant par le front de mer après avoir traversé City-to-Sea Bridge, un pont décoré de grandes sculptures de bois reliant Civic Square au Frank Kitts Park.

Le lendemain de bonne heure, après avoir traversé le marché hebdomadaire situé sur le front de mer, nous repartîmes à pied rejoindre le funiculaire grimpant vers l'université et le Botanic Garden; nous descendîmes au terminus pour admirer le panorama sur la ville et la baie environnante. Puis nous redescendîmes à pied par le Botanic Garden afin de rejoindre le quartier nord de la ville où se situent la plupart des bâtiments importants.

Ce fut tout d'abord le parlement, curieusement composé de trois bâtiments accolés : le premier, de style néo-classique édouardien, fut inauguré en 1918, le second, abritant la bibliothèque, construit en 1899 et le dernier, de forme tronconique et appelé "la Ruche", mis en service en 1977.

Nous atteindrons ensuite la cathédrale Saint-Paul; vue de l'extérieur, c'est une horreur absolue qui mériterait d'être rasée sans délai! Elle ne fut achevée qu'en 1998 après des décennies de tergiversation sur sa construction. Heureusement, l'intérieur donne une meilleure impression et ne vaut que par la qualité de ses vitraux et son orgue original avec ses 2500 tuyaux verticaux et horizontaux. Une chapelle attenante réalisée en bois, la Lady Chapel transportée depuis la côte au nord de Wellington, est par contre magnifique.


A quelques pas de là, changement de décor pour cette fois une vraie merveille, l'église cathédrale St Paul, à ne pas confondre avec la précédente! Plus connue sous le nom de Old St Paul, elle fut consacrée en 1866; de style néo-gothique anglais, elle fut réalisée avec le seul matériau disponible à l'époque, le bois. De taille modeste, elle est de forme assez complexe et la charpente de sa voûte est entièrement chevillée.

Nous passerons ensuite devant l'ancien parlement construit en 1876 dans le style Renaissance. Il constitue le plus grand édifice en bois de l'hémisphère sud. Il abrita des services gouvernementaux jusqu'en 1990 avant d'abriter depuis la faculté de Droit de Victoria University. A le voir sur la photo comme dans la réalité, on n'a pas du tout l'impression de se trouver face à un monument en bois!

Après un déjeuner pris à la terrasse d'un café, il restait une heure avant de regagner l'hôtel pour prendre un taxi pour l'aéroport. Marie-Paule et Gérard en profitèrent pour aller visiter au pas de course une petite partie du musée Te Papa Tongarewa pendant que Maryse et le captain repartaient flâner dans la ville, estimant que le temps imparti était trop court pour la visite d'un tel musée. Nous retournâmes en particulier sur Civic Square bordé par le Town Hall, la bibliothèque municipale, les City Councils Buildings, la City Gallery et l'office de tourisme. Une sculpture en forme de sphère ajourée aux motifs de fougères y est suspendue dans les airs.

A 16h30, nous décollions en direction  d'Auckland, survolant la splendide baie de Wellington, pour retrouver le soir Olympe et le calme de la marina. Il ne restait alors plus qu'une journée à Marie-Paule et Gérard pour préparer leurs bagages en vue de leur périple vers Tahiti, les Marquises et les Tuamotus avant de rentrer en France dans la nuit du 31 décembre.

La journée ne fut pas de trop, sous nos regards amusés, pour boucler grands et petits sacs! Le lendemain nous les emmenions à l'aéroport où nous prîmes notre dernier repas en commun après plus de deux mois et demi passés ensemble.

Ils allaient retrouver l'hiver particulièrement rigoureux qui sévissait en France. Quant à nous, nous allions nous occuper un peu d'Olympe avant de repartir naviguer vers de nouveaux horizons néo-zélandais.

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