OLYMPE AUTOUR DU MONDE

 

CHILI

Un peu de géographie

Situé à l'ouest du continent sud-américain, ce pays longiligne de 4 300 km du nord au sud sur une largeur moyenne de 180 km est particulièrement isolé géographiquement : à l'ouest par l'océan Pacifique et une cordillère littorale, à l'est par l'imposante cordillère des Andes culminant souvent à plus de 6 000 mètres avec ses neiges éternelles.

On imagine bien qu'avec une telle différence de latitude du nord au sud, le climat est éminemment variable; terre de glace et de feu, on pourrait en effet attribuer au Chili cette même dénomination que celle de l'Islande avec ses 2 085 volcans et ses glaciers patagoniens. Mais le Chili, terre de contraste, est aussi bien autre chose.

Pour simplifier, on énumèrera du nord au sud : 

  • Le Norte Grande et son célèbre désert d'Atacama, l'une des régions les plus arides du monde où il ne pleut pratiquement jamais. Cette région si inhospitalière regorge cependant de richesses minières : nitrates naturels dont l'extraction est aujourd'hui abandonnée car trop onéreuse par rapport aux usines de fabrication modernes, cuivre (la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde se trouve dans ce désert), et aussi argent et or.
  • Après une zone intermédiaire appelée Norte Chico, le Chili central où se situe la capitale Santiago. Le climat y est de type méditerranéen avec des pluies en hiver. C'est une importante région agricole où l'on cultive des fruits et les vignes chiliennes donnant des vins réputés.
  • La région des lacs, verdoyante et abondamment arrosée, limitant les activités agricoles à l'élevage et aux céréales. Douze grands lacs d'origine glacière s'égrènent au pied du versant occidental de la Cordillère des Andes. C'est au sud de cette région, après Puerto Montt, que l'on trouve un archipel de plusieurs centaines d'îles le long de la côte du Pacifique dont la plus importante et la plus connue est Chiloé.
  • Enfin, plus au sud, on trouve successivement les régions Aisen, antichambre du grand sud avec ses forêts, ses lacs et ses glaciers, et Magallanes avec sa célèbre Terre de Feu constituée de plaines désolées balayées par des vents effrayants et son célèbre Cap Horn, île la plus sud du continent sud-américain; on n'est alors plus qu'à mille kilomètres du continent Antarctique. La température maximale l'été y dépasse rarement les 10°C.

Un peu d'histoire

De par ses défenses naturelles, le Chili n'attira pas aussi tôt que ses voisins les explorateurs et bâtisseurs; on ne pouvait en effet y rentrer que par le nord, dans une région désertique peu accueillante, ou par le sud, au climat rude et peuplé par de farouches tribus d'indiens.

Les premières traces de la présence humaine retrouvées à San Pedro de Acatama datent du dixième millénaire avant J.-C. Les premières peuplades seraient venus d'Asie par le détroit de Béring et auraient ensuite migré vers le sud du continent. Parmi elles, les Atacamenos et les Diaguitas qui étaient déjà de fins cultivateurs grâce à leur connaissance de l'irrigation.

Plus bas, dans la partie centrale, se trouvaient les Picunches, qui bénéficiaient de meilleures conditions climatiques pour leurs cultures. Dans le sud du Chili, les Incas ne purent jamais venir à bout du million d'indiens dont les plus connus étaient les Mapuches et les Huiliches.

Ce sont les incas qui s'y aventurèrent les premiers au 15ème siècle et occupèrent la partie nord du pays jusqu'à l'actuelle ville de Santiago, renonçant à conquérir les terribles tribus du sud. Leur domination ne dura guère qu'un siècle, car ils se heurtèrent rapidement à l'arrivée des premiers conquistadors espagnols sur leur propre territoire. C'est le navigateur portugais Magellan qui fut le premier européen à apercevoir le Chili en 1520 en passant le détroit qui porte aujourd'hui son nom, sans toutefois s'y arrêter.

C'est quinze années plus tard que le premier conquistador espagnol, Diego de Almagro, traversa la cordillère en perdant 500 de ses hommes et que la conquête du Chili put commencer; mais elle fut acharnée et dura jusqu'en 1561. Pendant les deux siècles suivants, les Indiens continuèrent à s'opposer à la colonisation, parfois avec succès car les colons espagnols étaient peu nombreux.

Il faut attendre la fin du 18ème siècle pour que la révolution française et le soulèvement des colonies anglaises d'Amérique du Nord donnent des idées aux habitants chiliens, notamment au sein de la population criollos, métis d'indiennes et d'espagnols, qui constituait un prolétariat écarté du pouvoir. Le phénomène s'accéléra grâce à Napoléon lorsque son armée impériale envahit l'Espagne conduisant à l'abdication du roi Charles IV en 1808 qui fut remplacé par Joseph Bonaparte.

Deux mouvements s'opposèrent alors dans les colonies espagnoles, l'un voulant rester fidèle à la couronne d'Espagne déchue, l'autre souhaitant créer des états indépendants au cas où l'occupation de l'Espagne durerait. En 1813, une guerre éclata contre l'Espagne qui envahit la vallée centrale du Chili; cet événement fut finalement le catalyseur qui stigmatisa les indépendantistes et, malgré quelques retournements de situation contre les royalistes basés au Pérou, Bernardo O'Higgins et ses troupes purent proclamer l'indépendance du Chili en 1818, avec comme première priorité de remplacer la monarchie par une république.

Les chiliens mirent longtemps à trouver leur formule constitutionnelle. Mais l'évènement qui marqua la deuxième moitié du 19ème siècle fut la guerre du Pacifique déclarée par le Chili au Pérou et à la Bolivie suite à des différends sur l'exploitation de richesses minières et du Guano. Le Chili en sortit vainqueur par le traité d'Ancon de 1883, ce qui lui permit d'annexer les régions actuelles d'Antofagasta et d'Arica.

Puis ce fut un siècle de soulèvements dus aux transformations rapide de la société; l'industrialisation ce fit au détriment de la population paysanne, les mineurs étaient exploités et s'organisèrent en syndicats pour mener des grèves dures parfois matées dans le sang comme à Iquique en 1907 où l'armée tira sans sommation sur la foule. Les luttes incessantes entre les réformistes et les conservateurs aidés de l'armée ne permettaient pas de stabiliser un pouvoir durable; durant la seconde moitié du 20ème siècle, le débat politique opposait une gauche extrême représentée par les socialistes et les communistes "purs et durs" aux démocrates chrétiens qui remportèrent l'élection présidentielle de 1964. Mais par leur politique, ils se firent des ennemis des propriétaires terriens et de l'armée.

Puis ce fut la victoire de la gauche en 1970 représentée par Salvador Allende qui nationalisa les mines de cuivre et 80% de l'industrie. Il se mit à dos les Etats-Unis lorsqu'il décida de ne pas indemniser les propriétaires américains. Si ses mesures inflationnistes connurent un certain succès au départ, la situation financière du pays fut rapidement insurmontable. De nouvelles grèves générales en 1972, soutenues par l'Oncle Sam, déstabilisèrent le pouvoir. Le 11 septembre 1973, ce fut le coup d'état des militaires et la prise de pouvoir par le général Pinochet.

On connaît les exactions perpétrées par ce régime totalitaire : enfermement, tortures, exécution des opposants au régime. Sur le plan économique, le pays se convertit au libre échange qui connut une certaine réussite macroéconomique mais creusa le fossé entre deux Chili, entre les classes aisées et les pauvres. Un front anti-Pinochet finit par gagner le référendum de 1988 qui obligea Pinochet à abandonner la présidence tout en restant le chef des armées.

Depuis 1990, une coalition de centre gauche, Concertation, a gouverné en ne remettant pas en cause le libre échange mais en développant des politiques sociales. Michelle Bachelet vient de terminer son mandat et pour la première fois depuis vingt ans, c'est un représentant de la droite, la Rénovation Nationale, Sebastian Pinera, qui préside aux destinées du pays; la transmission du pouvoir a eu lieu pendant notre séjour et durant le tremblement de terre le plus violent de ces cent dernières années, mais nous y reviendrons.

Notre séjour

C'est au bout de quatre heures d'avion depuis l'île de Pâques que nous arrivâmes à Santiago le 22 février 2010 en fin d'après-midi; nous nous étions adressé à une agence spécialisée pour nous organiser un auto tour dans le pays qui devait durer trois semaines. Nous fûmes accueillis à notre arrivée par Armel, un chilien représentant l'agence, qui nous conduisit à notre hôtel. Parlant bien le français, il devait être plus tard notre guide pour visiter la capitale.

Le programme de ces trois semaines était chargé, ne nous laissant aucun répit; nous devions en effet visiter le nord, le centre avec Santiago et Valparaiso, la région des lacs, l'île de Chiloé et la région de Punta Arenas avec visite de fjords et de glaciers. Cinq vols intérieurs et quelques centaines de kilomètres en voiture étaient donc au programme! Nous étions particulièrement impatients de descendre en Patagonie qui était notre motivation première de ce voyage.

Le lendemain matin, après la livraison de notre voiture à l'hôtel, nous partîmes vers Valparaiso sur la côte pacifique, situé à quelques 120 kilomètres.

Valparaiso 

"Vallée du Paradis", tel fut le nom donné à cet endroit par les premiers conquistadors au 16ème siècle. La ville fut d'abord un repère d'aventuriers avant de devenir le port de Santiago alors en plein développement et le principal port d'Amérique du Sud sur le Pacifique. Son heure de gloire et de richesse correspond à la période des premiers navires marchands doublant le Cap Horn pour passer dans le Pacifique; Valparaiso était alors la principale escale et la première base navale du continent jusqu'à l'ouverture du canal de Panama en 1914 qui signa pratiquement son arrêt de mort.

Aujourd'hui, deuxième ville du pays après Santiago, elle connaît un chômage et une pauvreté croissants avec ses conséquences en terme d'insécurité : par deux fois nous nous ferons aborder par des passants nous indiquant qu'il était fort imprudent de se promener avec un appareil photo autour du cou!

La ville est située au fond d'une baie et s'étend sur les versants de la cordillère littorale et sur ses 42 collines (les Cerros). Plus les quartiers sont hauts, plus ils sont pauvres; un commerçant nous voyant gravir à pied l'un des Cerros sortira de sa boutique pour nous dissuader de continuer : ambiance! Pourtant, la vue d'ensemble de la ville est plutôt jolie; toutes les collines sont garnies de maisons certes modestes mais colorées, offrant à un aquarelliste un magnifique sujet de peinture.

Nous garerons la voiture près de la place Simon Bolivar pour découvrir la ville à pied. Nous commencerons par la visite de la place de la Victoire avec la fontaine de Neptune, trophée de guerre contre les péruviens, et la cathédrale sans grand intérêt.



Nous déambulerons dans la calle Condell pour admirer les riches façades coloniales des principaux bâtiments dont le Palacio Lyon abritant le musée d'histoire naturelle de Valparaiso. Il est regrettable que les lignes électriques tissant de véritables toiles d'araignées dans les rues viennent troubler l'harmonie de ces belles façades!

Nous emprunterons ensuite une des curiosités de la ville : l'un des quinze funiculaires qui permettent d'accéder plus rapidement dans les quartiers hauts; leur ancienneté et leur aspect ne sont pas très engageants, mais il paraît qu'ils sont sûrs! Et puis, avec le nom de celui que nous allions emprunté, Esperitu Santo, on s'est dit que l'on ne risquait pas grand-chose!

Ce funiculaire nous fit grimper sur le Cerro Bellavista d'où, vous l'aurez deviné, on jouit d'une superbe vue sur la ville et sur le port. Puis on déambulera dans les ruelles, continuant à monter, longeant un vrai musée à ciel ouvert avec ses peintures de façade parfois très "kitsch". En prenant la Calle Ricardo Ferrari, on arrivera à l'une des anciennes demeures de Pablo Neruda, La Sebastiana, aujourd'hui reconvertie en musée des œuvres de l'écrivain et du poète.


Nous redescendrons à pieds jusqu'à la calle Condell que nous remonterons vers l'ouest et qui se prolonge par la calle Esmeralda. Dans ces deux rues, un trafic intense de vieux bus roulant à toute allure entretien une pollution chimique et sonore assez désagréable. A l'extrémité de la calle Esmeralda, on peut voir la Reloj Turri (la tour de l'horloge) qui est pour les habitants de la ville ce que Big Ben est pour les londoniens! On rentre alors dans l'avenue Prat qui est le centre financier de la ville et qui conduit à la place Sotomayor située face au port et devant laquelle trône le magnifique bâtiment de l'Etat-Major de la Marine, parfaitement entretenu au contraire de tous les bâtiments civils aperçus jusqu'alors; de l'autre côté de la place, lui faisant face, est érigé le monument dédié aux héros de Iquique, victimes d'une bataille décisive de la guerre du Pacifique (1879-1883).


Sur le port, l'animation est à son comble; de nombreux chiliens et touristes viennent y regarder les bateaux de passage, commerciaux ou croiseurs, les bateaux de pêche et bien sûr les bateaux militaires du Chili dont la Marine est l'orgueil national, même si elle est contestée par le rôle qu'elle a pu jouer pendant le régime dictatorial du pays. Une quantité impressionnante de barques pour touristes propose dans un trafic incroyable des tours du port pour une somme dérisoire.

Après un déjeuner pris sur le pouce, nous décidons de poursuivre vers le nord-ouest jusqu'à la place du marché et la place des Douanes. C'est en voulant monter de la place du marché vers les quartiers situés au dessus de l'église Matriz que nous serons dissuadés de continuer par un commerçant bien intentionné.

Nous ferons alors demi-tour pour aller prendre un nouveau funiculaire situé derrière l'Etat-Major de la Marine qui nous conduira au Cerro Alegre d'où nous déambulerons jusqu'au Cerro Concepcion. Cet ensemble est inscrit depuis 2003 sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. On y trouve le Palacio Baburizza qui abrite le musée des Beaux Arts malheureusement fermé pour travaux, ainsi que tout un quartier de belles villas construites par les anglais à la fin du 19ème siècle avec de très belles vues sur la mer; ce quartier reste le témoin de la splendeur passée de la ville.

Nous redescendrons ensuite à pied par la rue de l'Amiral Montt pour rejoindre la place Anibal Pinto située à l'extrémité de la Calle Condell et où se situe le Bar Cinzano, lieu traditionnel de rendez-vous des habitants pour y écouter des musiciens de tango et de musique chilienne.

 

En milieu d'après-midi, nous avions vu l'essentiel et nous regagnâmes la voiture pour rentrer sur Santiago en passant par Vina del Mar, la "Côte d'Azur" chilienne; il s'agit en fait d'une ville balnéaire moderne située au nord de Valparaiso le long des immenses plages polluées où se retrouvent la plupart des habitants de Santiago dans une ambiance surpeuplée et un trafic infernal. Nous ne nous y arrêterons même pas et continuerons vers le nord en direction d'un petit village de pêcheurs que l'on nous avait indiqué mais que nous n'avons jamais trouvé! Nous nous arrêterons à Concon située à l'embouchure du fleuve Aconcagua dont le nom évoque forcément des réminiscences de nos cours de géographie d'antan… On s'attendait à quelque chose d'énorme et nous avons été bien déçus par la taille somme toute modeste du fleuve!

Nous reprîmes donc la route pour Santiago, retraversant la cordillère côtière pour atteindre en début de soirée la capitale chilienne, contents de cette première journée qui nous avait gratifiés d'un temps très ensoleillé sans être trop chaud. Arrivés à l'hôtel, un pisco sour fut bien entendu notre réconfort!

La région des lacs

Dès le lendemain matin, nous prenions l'avion pour Puerto Montt, destination la région des lacs située à environ mille kilomètres au sud de Santiago. A l'aéroport nous attendait notre voiture, un superbe 4x4, avec lequel nous gagnâmes en début d'après-midi la ville de Puerto Varas située sur la rive sud du lac Llanquihue, le plus grand du Chili et le quatrième en taille de toute l'Amérique du Sud.

Un peu avant notre arrivée, nous prîmes un paysan chilien en stop qui nous indiqua notre hôtel situé sur la rive du lac avec une superbe vue sur le volcan Osorno dont la forme symétrique n'était pas sans nous rappeler le Teide à Tenerife. Le soir, avant le coucher de soleil, le ciel autour des volcans s'illuminait d'une belle couleur rose, ce qui nous valut de prendre quelques jolies photos.

L'endroit avait une certaine ressemblance avec le Tyrol : un lac entouré de montagnes, de verdure et de pins, une architecture des hôtels en bois rappelant de gros chalets, on n'aurait pas été surpris de croiser au détour d'un chemin un tyrolien en culotte de peau avec son chapeau à plume. En fait, de nombreux colons allemands se sont installés dès le 19ème siècle autour de ce lac et particulièrement dans la ville proche de Frutillar qu'ils ont fondée.

Nous fîmes un rapide tour à pied dans le centre ville que l'on pourrait qualifier de ville balnéaire et touristique. Les rives du lac sont bordées de plages où l'on peut se baigner dans une eau qui semble propre. De nombreux hôtels, des magasins de souvenirs, un casino (l'un des deux du Chili) et des touristes de tous horizons complètent le tableau.

Après une nuit réparatrice, le lendemain nous prenons la route pour l'île de Chiloé : retour sur Puerto Montt puis direction Pargua où nous prenons un bac pour franchir le canal de Chacao et arriver au village éponyme. Bien que le ciel soit d'un grand bleu, le climat est nettement plus frais qu'à Santiago et un vêtement chaud et coupe-vent est le bien venu pendant la traversée au cours de laquelle nous pourrons admirer des phoques et multitudes d'oiseaux de mer se jouant des courants violents du canal.



Nous ne pourrons pas nous empêcher de faire une halte dans ce petit village de Chacao; sur la place principale bordée de maisons en bois aux teintes vives et de l'église, nous entendrons une musique entraînante d'un groupe de chanteurs chilotes caractéristique de la région : il s'agissait d'un lecteur de CD qu'un petit magasin d'artisanat avait placé à son entrée et qui crachait tous les décibels dont il était capable! Mais les airs et la musicalité étaient tels que Maryse ne put s'empêcher d'aller s'enquérir du titre de l'album dans l'espoir de pouvoir le trouver et l'acheter.



En bordure de la rive, l'effet de la marée, forte à cet endroit, dégageait un estran important sur lequel de nombreux oiseaux venaient se nourrir; première impression de déjà vu en Bretagne…
Après cet intermède sympathique, nous prîmes le chemin des écoliers pour longer la côte nord de l'île par une piste de terre qui nous conduisit jusqu'à Ancud située 30 km plus loin. Cette ville de 27000 habitants est la deuxième de l'île et en fut la capitale jusqu'en 1982; sans grand intérêt, nous nous contenterons d'aller jusqu'au port de pêche et, faute de temps, nous reprendrons la route pour descendre 90 km vers le sud jusqu'à la ville principale, Castro, l'actuelle capitale où notre hôtel était réservé. Fondée en 1567, c'est l'une des plus anciennes villes du Chili mais dont les vestiges du passé ont disparu au fil des attaques de pirates dont elle fut l'objet.

A l'entrée de la ville, des maisons de pêcheurs en bois sur pilotis attendent sagement et sereinement la marée montante et offre une palette multicolore du plus bel effet.

Sur la place d'Armes trône la cathédrale San Francisco qui ne date que de 1906; même si des tôles ondulées en recouvrent les côtés pour la protéger des intempéries, elle est réalisée entièrement en bois rendant l'intérieur très chaleureux. Il fallait une belle maîtrise de l'ébénisterie pour arriver à un tel résultat.

Pendant notre visite, Maryse vit ses efforts et sa ténacité récompensés : elle réussit à trouver le fameux CD entendu à Chacao qui tournera un certain temps en boucle dans la voiture…au grand plaisir des oreilles du captain!

Après une nuit perturbée à l'hôtel, la faute à un bar bruyant situé sur le trottoir d'en face, nous reprîmes la route vers le nord jusqu'au petit port de Dalcahue afin de prendre un nouveau bac pour nous rendre sur la petite île de Quinchao. En attendant l'heure du bac, nous entreprîmes de visiter une autre église en bois (elles sont toutes en bois dans la région) après avoir déambulé dans un froid vif et humide sur le petit port de pêche et visité le modeste centre culturel de Dalcahue, petite maison de bois sur pilotis… Si les maisons n'avaient pas été en bois, on se serait bien cru en Bretagne!

Arrivés sur l'île de Qinchao, nous entamâmes sa traversée par la seule route disponible se transformant par endroit en piste. Le paysage y est vallonné et verdoyant, avec de très beaux panoramas sur les îles environnantes posées sur un miroir, tant ce bras de mer protégé des fureurs du Pacifique était calme. Nous étions peu dépaysés, retrouvant, en plus grand pour ne pas dire plus somptueux, un mélange des paysages des rias bretonnes avec ce qui pourrait être pris pour un grand golfe du Morbihan. Dans de nombreuses baies, on pouvait apercevoir des installations d'élevage d'huîtres.

Nous arriverons ainsi à Curaco de Velez, charmant petit village aux maisons très anciennes, puis à Achao, où s'élève une merveilleuse petite église dédiée à Santa Maria de Loreto, la plus ancienne de Chiloé, dont les sculptures baroques sont réalisées en bois de cyprès et de mélèze. Nous irons flâner sur le port de pêche où avait lieu une espèce de marché- trocante de produits artisanaux et de biens de consommation courante. L'endroit était animé et sympathique sous un doux soleil réconfortant.

Nous pousserons jusqu'au village de Quinchao, village du bout du monde où les habitants se terrent dans leurs masures et où la vieille église en bois complètement délabrée était en reconstruction. Seule l'école, flambant neuve, tranchait dans ce paysage austère, dépareillant dans cette atmosphère presque surnaturelle.

Arrivés à l'extrémité sud-est de l'île, nous n'avions plus qu'à faire demi-tour et à rentrer à Puerto Varas en reprenant successivement les deux bacs pour rejoindre le continent, ravis de notre séjour chilote plein de charme et d'authenticité. Le lendemain, nous devions reprendre l'avion pour Punta Arenas en Patagonie sans pouvoir imaginer que la nuit allait être pour le moins agitée, remettant en cause notre programme!

Le tremblement de terre

Nuit du 26 au 27 février 2010 : nous dormons d'un sommeil réparateur dans notre hôtel de Puerto Varas; il est 3h30 quand nous sommes réveillés par les secousses de notre lit qui s'agite de tribord à bâbord! Pas de doute, il s'agit d'une secousse tellurique qui va en s'amplifiant; au bout d'une quinzaine de secondes, non seulement le lit bouge, mais le plancher se met à craquer, les cintres des armoires se mettent à danser.

Maryse se lève et marche avec difficulté pour ne pas tomber; elle quitte la chambre et descend dans le hall de l'hôtel où plusieurs clients sont déjà présents et sortent dans la rue. Le captain qui n'a pas terminé sa nuit décide de rester au lit, se disant que cela finira bien par cesser. Les secousses durèrent bien une bonne minute, ce qui paraît une éternité, puis cessèrent. Tout semblant revenir dans l'ordre, Maryse regagne la chambre et nous nous rendormons. Une heure plus tard, re-belotte! Une première réplique, cependant moins forte et moins longue que la première, secoue notre lit et nous réveille. Maryse s'inquiète et redescend, tandis que le captain peste de ne pouvoir dormir tranquille et, têtu, reste au lit.

Maryse rencontrera le responsable de l'hôtel dans le hall qui la rassurera, lui disant que, comme la plupart des immeubles du Chili, il est construit aux normes antisismiques. Il lui dira également qu'au Chili les tremblements de terre sont fréquents car le pays est situé dans le prolongement de la faille du Pacifique. Par contre, il parut ennuyé d'expliquer que la terre avait tremblé horizontalement, ce qui n'est pas trop grave, mais aussi verticalement, ce qui est plus ennuyeux.

Quelques instants plus tard, tout le monde remonte se recoucher. Maryse sentira une troisième secousse plus faible en fin de nuit, pas suffisante toutefois pour réveiller un captain dormant du sommeil du juste pour récupérer le temps perdu!

Le lendemain matin, nous apprendrons que l'épicentre du séisme se situait un peu au large de Concepcion, à 600 kilomètres de Puerto Varas, ce qui laissait supposer, compte tenu de ce que nous avions ressenti, que le phénomène avait été particulièrement violent. Ce n'est que le soir, après notre tour du lac et notre arrivée à l'aéroport que nous comprendrons l'étendue des dégâts : tous les vols dans tout le pays étaient suspendus jusqu'à nouvel ordre, les trains ne fonctionnaient plus et les raffineries, qui ne seraient plus livrées, allaient tomber dans quelques jours en panne sèche, déclenchant des queues invraisemblables dans les stations services.

Il s'agissait d'un des quatre tremblements de terre les plus violents depuis un siècle dans le monde, atteignant la force 8,8 sur l'échelle de Richter; il était cent fois plus fort que celui de Haïti survenu quelques semaines plus tôt, faisant des dizaines de milliers de victimes… 
 

Cependant, le matin, tout semblant redevenu normal, nous quittons l'hôtel avec nos bagages pour faire le tour du lac avant de regagner l'aéroport en fin d'après-midi pour descendre en Patagonie. Oubliant la mésaventure de la nuit tout en en ignorant les véritables conséquences, nous empruntons une succession de routes et de pistes plus ou moins carrossables pour réaliser les quelques 150 kilomètres nécessaires pour faire le tour du lac Llanquihue.


Sur la rive ouest, nous découvrirons un paysage mixant les prairies normandes avec d'importants troupeaux de vaches et la végétation bretonne avec d'innombrables hortensias. De belles et vastes propriétés s'égrènent le long de la rive où l'on traverse des forêts de pins. Nous traverserons la ville allemande de Frutillar, fondée en 1856 pour servir de port aux colons du lac; c'est propre, net et fleuri, bref, très germanique. Puis nous arriverons à l'extrémité nord du lac, à Puerto Octay, petite ville balnéaire toutefois moins fréquentée que Puerto Varas.



A partir de ce point, plus de route mais une piste en mauvais état, étroite et en travaux, ce qui ralentira notre progression; redescendant la rive est du lac, nous prendrons vers l'est pour atteindre Petrohué en bordure du lac de Tous les Saints situé en amont du lac Llanquihue. Très étroit, tout en longueur et bordé de hautes falaises couvertes de conifères, il est réellement magnifique. On se situe alors derrière le volcan Osorno que l'on apercevait de notre hôtel, avec un très joli point de vue.

Puis nous retournerons vers le lac Llanquihue admirer les chutes de Petrohué qui constituent le trop plein du lac de Tous les Saints et dont les eaux vont se jeter dans la mer, au sud de Puerto Montt.

Nous regagnerons la route principale à Ensenada, ville étape à partir de laquelle peuvent s'effectuer de nombreuses randonnées pédestres; la partie sud jusqu'à Puerto Varas est moins intéressante et nous regagnerons donc directement l'aéroport de Puerto Montt pour prendre notre avion après avoir rendu notre voiture.

C'est alors que nous apercevons sur les panneaux de l'aéroport que tous les vols sont annulés! Impossible d'obtenir des précisions sur la reprise des dits vols; la plupart des aéroports dont celui de Santiago qui les dessert tous ont été endommagés par le séisme. Il ne nous restera plus qu'à relouer notre voiture, retourner à notre hôtel Bellavista de Puerto Varas qui avait par chance encore une chambre libre et prendre notre mal en patience!


28 février et 1er mars, nous tournons en rond dans la ville; nous monterons à pied au sommet de la colline dominant la ville, le Cerro Philipp, où est implantée une immense croix illuminée la nuit. Quelques achats de souvenirs, des ballades à pied le long des rives du lac, le temps est heureusement au beau fixe.

Toutes les chaînes de télévision passent en boucle les informations concernant le séisme; il semble que le pays ne prenne conscience que petit à petit de l'ampleur du phénomène. Les images sont pourtant terribles dans la région allant de Concepcion à Constitucion. Les premières estimations font état "seulement" de 700 à 800 victimes ce qui est beaucoup dans l'absolu, mais incroyablement modeste compte tenu de l'importance de ce tremblement de terre en rapport avec celui bien moins violent de Haïti. Encore faut-il préciser que la majeure partie des victimes est la conséquence du tsunami qui a suivi sur la côte, prenant au dépourvu toute une population que les autorités (l'armée en l'occurrence) avaient omise de prévenir! C'est ainsi que nous verrons des images montrant d'énormes bateaux de pêche échoués sur la place centrale d'un village.

Nous verrons aussi avec désolation des images de Valparaiso où nous étions quelques jours plus tôt, reconnaissant des immeubles que nous avions photographiés et dont les façades étaient maintenant lézardées.

Le 2 mars, n'y tenant plus, nous retournons à l'aéroport pour tenter de réserver un billet pour le prochain vol qui partirait; mais il n'y a pas de guichet de la compagnie chilienne à l'aéroport et on nous demande d'aller à Puerto Montt. Arrivé à l'agence de la LAN, c'est environ 200 mètres de queue que nous apercevons sur le trottoir! Nous renonçons et retournons à Puerto Varas où nous réservons deux places de car pour le lendemain afin de retourner à Santiago, faisant une croix sur notre visite de la Patagonie et espérant pouvoir récupérer une partie de notre circuit du nord du Chili, si les avions veulent bien re-décoller. Par la même occasion, nous changeons d'hôtel pour nous rapprocher de la gare routière avec tout notre barda et demandons à la société Hertz de venir chercher la voiture ce qui fut fait rapidement. Nous avions en effet renoncé de faire le trajet avec notre voiture, ne connaissant pas les zones interdites à la circulation et craignant la pénurie de carburant.


C'est à 9h que nous quitterons en car la ville de Puerto Varas pour un périple de 1000 kilomètres vers Santiago en traversant des zones sinistrées. Nous arriverons à 5h30 le lendemain matin après des détours et des contours pour éviter les portions de route ou les ponts endommagés. Il était étonnant de voir les failles ou crevasses générées sur l'infrastructure routière, à côté de modestes habitations qui n'avaient pas l'air d'avoir souffert.

Notre correspondante de l'agence avait réussi on ne sait comment à nous réserver deux places pour l'avion en partance pour Calama le 5 mars soit deux jours seulement plus tard que la date initialement prévue. Nous allions donc faire l'impasse sur une partie du circuit nord mais allions préserver l'essentiel.

En attendant, nous passâmes la matinée du 4 à visiter le centre de Santiago où de nombreux bâtiments publics avaient été fermés pour cause de dégradation. C'est ainsi que nous ferons le tour du palais de la Moneda, le palais présidentiel qui connut des heures tragiques lors du putsch militaire : le 11 septembre 1973 : il fut bombardé et Salvador Allende y trouva la mort. Ce palais, construit sur les plans d'un architecte italien, a été inauguré en 1805. Il a abrité, comme son nom l'indique, l'hôtel des Monnaies et ne devint la résidence des présidents qu'à partir de 1846.

Nous déambulâmes dans le centre historique, place de la Constitution où sont érigées les statues d'anciens présidents, place d'Armes où l'accès à la cathédrale était fermé pour des raisons de sécurité. L'ambiance dans la ville était comme à l'accoutumée animée et chaleureuse, les chiliens aimant déambuler dans les grandes rues piétonnes et déjeuner aux terrasses des nombreux cafés et restaurants de la ville.

L'après-midi, nous repartirons tenter de monter au Cerro Santa Lucia, éperon rocheux de 80 mètres de haut qui fut le lieu de fondation de la ville en 1540; l'accès y.était également interdit, Puis nous poussâmes jusqu'au musée national des Beaux Arts sur la rive du Mapocho; la façade de ce beau monument avait été hélas bien détériorée par le tremblement de terre, un fronton et une partie de l'escalier d'accès ayant été détruits.


Nous longeâmes la rive sud du Mapocho jusqu'à atteindre le marché central un peu déserté, puis nous revînmes vers le centre en visitant le temple de Santo Domingo, tout au moins la partie qui restait ouverte au public. Parmi les autres bâtiments remarquables, nous citerons le théâtre municipal, le tribunal, la bibliothèque nationale et l'université du Chili.

Nous rentrâmes le soir à l'hôtel non sans avoir acheté quelques bouteilles de… pisco.
Le lendemain 5 mars, alors que nous prenons notre petit déjeuner à l'hôtel, nous entendons une conversation à la table voisine sur un tremblement de terre qui aurait eu lieu la nuit à … Calama où nous devions nous rendre en fin de matinée!

Le sort semblait s'acharner sur nous, mais surtout sur ce pauvre pays si attachant. Renseignement pris, il y eut effectivement une secousse sismique assez forte, de force 7, mais sans conséquences, et notre vol était confirmé à 11 heures.

Arrivés à l'aéroport, quelle ne fut pas notre surprise de constater que l'aérogare était fermée et déjà en travaux de réparation! Les chiliens avaient reconstitué en quelques jours un aéroport bis sur les parkings, constitués d'immenses tentes équipées de moquette, de climatisations portatives et de tous les équipements nécessaires à l'enregistrement des passagers et des bagages : comptoirs avec balances pour les bagages, ordinateurs avec toutes les liaisons informatiques, portiques de sécurité, etc…

A l'extérieur, les files d'attente et de tri avaient été également prévues avec des paper-boards et un nombre impressionnant de personnels vérifiant tous les dix mètres que chacun était dans sa bonne file en fonction de sa destination; d'autres employés passaient avec de l'eau et des jus de fruits pour permettre aux voyageurs qui patientaient sous un soleil éclatant de se désaltérer gratuitement. Nous nous mîmes à imaginer ce que cela aurait pu donner si un tel cataclysme était arrivé en France! Inutile d'être plus cruel. Et le plus impressionnant, c'est que tous les avions partaient à l'heure et qu'aucun bagage ne se perdait! Chapeau bas, Messieurs les chiliens, c'est une belle leçon de courage et d'organisation que vous avez donné à tous vos visiteurs.

Désert d'Atacama

Deux heures plus tard, après avoir survolé la cordillère des Andes vers le nord du pays, nous atterrissions à Calama, en plein désert d'Atacama situé à 2400 mètres d'altitude. Le soleil était de plomb, la chaleur sèche et torride malgré l'altitude.

Le temps de récupérer un gros 4x4 qui nous attendait et nous prenions la route pour San Pedro de Atacama situé à une centaine de kilomètre de là, près de la frontière bolivienne. Nous n'eûmes pas à rentrer dans la ville de Calama qui, vue de l'aéroport, paraissait constituée de lotissements de petites maisons multicolores perdues au milieu de nulle part. Puis, sur la route déserte, on se disait qu'il ne valait mieux pas tomber en panne au risque de griller sur le bas-côté de la route en attendant d'éventuels secours!


C'était notre première expérience de désert, après celle toutefois de l'antichambre du désert du sud marocain près de Ouarzazate, et nous étions réellement impressionnés par le paysage ou plutôt par l'absence de paysage des premiers kilomètres. Devant nous, au loin, on apercevait une chaîne de volcan culminant entre 5000 et 6000 mètres, avec leur neige éternelle malgré la latitude des lieux, entre l'équateur et le tropique du Capricorne. Puis, vers la fin du parcours, le paysage se transforma peu à peu pour laisser apparaître des formes érosives assez exceptionnelles.

La route était en parfait état et il nous fallut un peu plus d'une heure pour atteindre San Pedro, lovée autour d'un des seuls oasis de ce désert réputé pour être le plus aride de la planète. L'entrée dans San Pedro s'effectue ensuite par des artères en terre battue soulevant une poussière incroyable; il faut réduire fortement la vitesse pour ne pas asphyxier les pauvres habitants des lieux réduits à moins de 2000 aujourd'hui! Nous tournâmes un peu avant de trouver notre hôtel, non climatisé mais tout de même bien isolé de la chaleur; la plupart des constructions de cette petite ville ou gros village est réalisée en pisée et en terre.

A notre arrivée, nous eûmes droit à un briefing nous conseillant de nous acclimater au moins deux jours à l'altitude avant d'entamer des excursions qui devaient nous conduire à 4300 mètres en passant par des cols voisins de 5000. Cardiaques s'abstenir…

Après un peu de repos, nous partîmes à l'heure du dîner dans le centre de San Pedro, dont la rue principale, en terre, doit bien faire au plus cinq mètres de large. Celle-ci comporte essentiellement les échoppes de souvenirs et d'artisanat ainsi que de nombreux petits restaurants dont les prix, sans être astronomiques, rappellent toutefois que l'on est loin de tout…

Beaucoup de touristes étaient présents, l'ambiance y était très bon enfant et agréable, on avait du mal à imaginer, dans cet endroit plein de charme, être en plein désert. Dès la nuit tombée, on sentit la fraîcheur arriver; le ciel étoilé était d'une pureté inégalée; c'est d'ailleurs dans cette région que se trouve le plus grand observatoire au monde et qu'il a été récemment décidé qu'un nouvel observatoire international quarante fois plus puissant y serait bientôt construit.


Le lendemain, suivant les conseils donnés, nous resterons à San Pedro pour nous acclimater à l'altitude; nous visiterons la charmante église toute de blanc vêtue, datant du 17ème siècle, l'une des plus anciennes du Chili. Sa forme n'est pas sans rappeler les églises de la frontière mexicaine que l'on peut voir dans certains westerns! A proximité, la place principale du village avec l'hôtel de ville, une galerie artisanale et les seuls arbres qui nous serons donnés de voir dans le désert; il faut dire que le petit cours d'eau de l'oasis ne passe pas bien loin!

Un très intéressant musée archéologique est situé tout près; il fut créé par un missionnaire belge, Gustavo Le Paige, arrivé dans la paroisse en 1955. Il consacra 25 années de sa vie à rassembler quelques 400 000 pièces dont celles qui sont exposées sont particulièrement bien mises en valeur; malheureusement, la célèbre momie "Miss Chile" qui y est habituellement exposée se faisait refaire une beauté à Santiago; Il faut dire qu'elle est antérieure de plusieurs milliers d'années à ses consoeurs du désert égyptien!

Nous déambulerons ainsi jusqu'à midi dans la rue principale, la rue Caracoles, dont la pharmacie ne manque pas d'originalité!






Après le déjeuner, nous prendrons la voiture pour nous rendre à la célèbre Vallée de la Lune, située à une dizaine de kilomètres de San Pedro. Cette vallée, sculptée par l'érosion, porte bien son nom; nos yeux seront éblouis par des paysages dantesques, tant par leur nature que par leurs formes ou leurs couleurs. Ce sera en effet un mélange de dunes de sable gris, de plateaux au sol couvert de cristaux de sel, de sculptures étranges créées par une érosion de trois millions d'années et de canyons aux couleurs ocre et rouille avec pour certains des strates blanches de nitrates. C'était un vrai festival et nous en prenions plein les mirettes. La chaleur était très forte mais d'une sécheresse absolue et donc supportable pour autant que l'on se protégeât du soleil et que l'on bût régulièrement les bouteilles d'eau offertes par l'hôtel!



De retour à San Pedro, nous décidâmes d'y retourner le soir pour visualiser les effets du coucher de soleil sur ce paysage grandiose. Nous ne fûmes pas déçus : le soleil couchant donnait des couleurs encore plus vives, allongeait progressivement les ombres des reliefs, rougissait au loin la chaîne des volcans dont le majestueux Licancabur culminant à 5916 mètres, le tout dans un silence absolu. Pas un oiseau, pas un reptile, aucun signe de vie si ce n'est quelques touristes qui avaient eu la même idée que nous avec le bon goût d'être muets d'admiration. Nous avions hésité, lors de l'organisation du voyage, à monter dans le nord du pays et nous ne le regrettions pas!

De retour à la nuit tombée, nous dînerons dans un des petits restaurants de la rue Caracoles d'un plat de pâtes qui n'avait rien à envier aux meilleurs restaurants italiens, après bien sûr avoir cédé, mais sans efforts, à la tradition du pisco sour…

Le lendemain, nous partîmes en direction du sud visiter tout d'abord la lagune de Chaxa; il s'agit d'une immense étendue d'eau, résurgence de nappes sous-volcaniques, au milieu des Salar de Acatama, vastes étendues de sel dont les cristaux brillaient dans le soleil. On aurait pu croire à des mirages, mais peut-être en était-ce? Nous pûmes y admirer une colonie de flamants roses se nourrissant d'invertébrés dans une eau saumâtre d'un calme absolu, accompagnés de caiti, oiseaux blancs et noirs parfaitement immobiles.

Juste avant d'arriver à la lagune, nous avions traversé le petit village de Toconao dont toutes les constructions sont réalisées en liparita, pierres volcaniques issues d'une carrière toute proche, et dont les toits sont majoritairement faits de tôles ondulées maintenues par des pneus usagés!

Ensuite, nous continuâmes la route qui mène en Argentine jusqu'à Socaire, autre petit village perdu avec son église miniature; il fut créé grâce à l'exploitation d'une mine d'or aujourd'hui désaffectée. Il ne reste plus aujourd'hui que 380 âmes. Nous y croiserons une chilienne mapuche conduisant son troupeau de moutons on ne sait où, à moins que ces pauvres bêtes puissent se contenter des (très) maigres herbages qui longeaient la route un peu plus loin.

Celle-ci grimpait d'ailleurs depuis un certain temps et la pente devenait plus raide : nous arrivions à 4000 mètres au bord de l'un des lacs d'altitude situé à 110 kilomètres de San Pedro, le lac Miscanti, suivi du lac Meniques. L'eau d'un bleu intense tranchait dans ce paysage aride entouré de volcans éteints. Des touffes d'herbe brunes et mordorées agrémentaient les alentours; un flamant rose se nourrissait au bord de l'eau et, surprise, un lama, ou plutôt un guanaco, nous observait de loin méfiant.

Nous prîmes le temps de nous imprégner de ces images inhabituelles avant de reprendre la route du retour vers San Pedro; nous ne voulions pas rentrer trop tard, car le lendemain, il nous fallait partir à 4h du matin pour arriver avant le lever du jour sur le site des geysers de Tatio situés à deux heures de route au nord de San Pedro.

Le 8 mars, nous quittons donc San Pedro de nuit à 4h en essayant de ne pas se tromper de piste au départ; à la sortie du village, bonne surprise, la piste devient route; mais au bout d'une vingtaine de kilomètres, nous déchantons en nous retrouvant à nouveau sur une piste de terre et de pierre. Puis nous montons en altitude, la piste tourne en lacets; à la difficulté de respirer que nous ressentions, nous devions approcher du col voisin des 5000 mètres. Puis c'est la descente jusqu'au site de Tatio à 4300 mètres où nous arrivons les premiers un peu avant 6h.

La température est légèrement négative! En prévision, nous avions pris nos vêtements chauds et parkas. Le temps de payer l'entrée et d'attendre les six heures et nous sommes autorisés à poursuivre sur environ deux kilomètres jusqu'au parking aménagé pour les véhicules. Il fait encore nuit noire, mais nous entendons comme des jets de vapeur que nous commençons à distinguer.


Le site se compose d'un vaste plateau de quelques hectares d'où sortent par des trous entourés de concrétions minérales de l'eau à 80°C et des fumerolles de vapeur. D'ailleurs, le terme de geyser n'est pas très approprié, car l'eau ne sort pas sous pression. Petit à petit, les touristes arrivent et bientôt, au lever du jour, nous serons quelques dizaines à nous promener autour de ces curiosités naturelles.

Mais il fait froid et nous avons perdu l'habitude depuis plus d'un an de ces températures! Aussi Maryse me demande-t-elle les clés de la voiture pour aller se réchauffer. Un bon quart d'heure plus tard, le captain la rejoint, sauf qu'il n'y a personne dans la voiture fermée à clé! Il n'imaginait pas perdre son équipier préféré dans ces circonstances! Dépité, il fait demi-tour et part à sa recherche, un peu inquiet tout de même.

Soudain, il l'aperçoit affolée en train de discuter avec un chilien : les clés de la voiture avaient été perdues sur cet immense domaine! Etaient-elles tombées dans un de ces trous d'eau où elle s'était rincée les mains pour les réchauffer? Bref, nous n'en menions pas large et commencions à cogiter à la façon dont nous allions sortir de ce mauvais pas.

Pendant que Maryse allait questionner les chauffeurs de minibus, le captain qui avait grossièrement repéré l'endroit où il avait transmis les clés s'y redirigea sans conviction jusqu'à ce qu'il se dise que "ce devait être par là"; baissant la tête, il aperçoit alors le trousseau devant ses pieds!!! Personne n'y croyait; il faudra aller porter un cierge à Saint-Antoine; la touche virtuelle KOB (keys over board) du GPS de la tête du captain avait bien fonctionné! Il doit d'ailleurs avoir un don particulier, ayant déjà retrouvé des clés de voiture tombées à l'eau dans la marina de Saint Peter à Guernesey il y a quelques années!

Vers 9h, en repartant, nous nous arrêtâmes dans l'enceinte du site à une piscine naturelle d'eau chaude (35°C) où l'on pouvait se baigner; mais la température extérieure était encore trop fraîche à notre goût pour tenter l'expérience!

Sur la route du retour, nous croisâmes quelques dizaines de guanacos dont l'un fera la course avec la voiture, car il voulait absolument traverser la piste devant nous! Bien entendu, le captain maintînt l'allure pour l'en empêcher afin de pouvoir l'admirer plus longuement; puis il eut pitié de cet animal sans doute à la cervelle limitée qui n'avait pas l'idée de laisser passer notre voiture pour traverser tranquillement derrière!

Puis à mi-chemin du retour, nous tombâmes sur un endroit magique que nous n'avions pu voir de nuit à l'aller : une espèce d'étang, complètement incongru dans un paysage aussi aride, dans lequel barbotaient quelques canards locaux, des tagua cornuda. Le contraste de cette verdure qui bordait l'étang avec le désert et les volcans en arrière plan était en tout point magnifique.

Nous arrivâmes à San Pedro pour le déjeuner; L'après-midi, nous nous accorderons un peu de repos.

Le lendemain matin, nous reprendrons la même route sur vingt kilomètres pour nous rendre aux Termas de Puritama; il s'agit de sources chaudes dont l'eau, à 33°C, s'écoule au fond d'un vallon désertique en passant par huit petites piscines naturelles s'alimentant les unes les autres par de petites cascades. Situé à 3000 mètres d'altitude, la température y était bien moins fraîche que la veille et nous avons passé presque deux heures à nous prélasser dans cette eau délicieusement chaude et limpide au milieu des gynériums ou herbes de la pampa qui poussaient abondamment tout le long de ce petit ruisseau, uniquement dérangés par des libellules. La température extérieure était de 18°C, donc très supportable, mais il faisait réellement meilleur dans l'eau. Cet îlot de verdure dans ce paysage aussi aride était vraiment surprenant.

Sur la route du retour à San Pedro, nous prendrons un jeune couple chilien de Santiago, Judith et Felipe, que leur guide avait manifestement oubliés! Ils étaient ravis de s'en sortir à si bon compte et nous proposèrent leurs services si nous en avions besoin lors de notre retour à Santiago. Nous visiterons ensuite, à trois kilomètres du centre de San Pedro, les vestiges d'une forteresse indienne du 12ème siècle partiellement restaurée, Pukara de Quitor, établie sur le versant d'une colline dominant l'oasis.

En fin d'après-midi, nous ferons quelques achats de souvenir et goûterons avec délectation notre dernière soirée dans le désert d'Atacama.

Il nous fallait en effet le lendemain retourner prendre notre avion en milieu d'après-midi à Calama; nous avions donc le temps d'aller visiter au nord-est de la ville le charmant petit village de Chiu Chiu. Ancien carrefour préhispanique au confluent de deux cours d'eau, il est tout à fait représentatif de ce qu'est une oasis dans un environnement des plus hostiles.

La première chose que l'on remarque, en entrant dans le village, c'est sa petite église aux murs de terre d'une incroyable épaisseur. Datant de 1675, son architecture est conforme à la culture atacamène : ses gros murs supportent une charpente de bois en cactus séché assemblée au moyen de liens de cuir. Quelques statues représentent le Christ de façon assez inhabituelle.

Puis, ayant garé la voiture sur la petite place du village, nous tombâmes sur l'école San Francisco, avec ses murs de terre peints à la chaux et son toit végétal. Nous approchant d'une fenêtre, nous rencontrons une femme qui nous invite à rentrer dans la cour où trône, comme dans toutes les écoles, le drapeau chilien. Nous apercevons une classe ouverte où la maîtresse fait son cours; nous approchant doucement pour ne pas déranger, celle-ci nous invite à rentrer et à nous présenter à la classe d'enfants de huit à dix ans tout heureux du divertissement. Ayant révélé que nous venions de France, nous eûmes droit à un magnifique "au revoir" en Français lancé par tous les élèves qui nous faisaient des grands signes d'adieu avec un sourire jusqu'aux oreilles! Nous en étions tout émus.

La soif commençant à nous tenailler, nous trouvâmes une espèce de restaurant-cantine où les travailleurs du village semblaient se retrouver chaque midi pour leur repas traditionnel commençant par une soupe bien fumante, suivie d'un plat composé qui semblait tenir au corps! Nous nous contentâmes surtout de boire pour nous réhydrater.

Nous reprîmes la route vers Calama et son aéroport d'où nous décollâmes à l'heure prévue, destination Santiago pour la dernière étape du voyage.

Santiago

Nous avions déjà eu un premier aperçu de la ville le 4 mars après notre retour mouvementé en car de Puerto Varas. Nous ne nous y étions pas sentis dépaysés compte tenu de son atmosphère européenne. Cette fois, c'est Ariel, notre guide qui vint nous chercher le matin de bonne heure pour nous faire faire un tour de la ville.

Notre hôtel étant situé en plein centre, nous commençâmes à pied par longer le bâtiment de l'université du Chili reconnaissable par sa façade jaune; sa construction, commencée en 1863 est l'œuvre de l'architecte français Lucien Henault qui influença toute l'architecture publique chilienne avec son style néoclassique.

Nous traverserons ensuite la célèbre Avenida del Libertador Bernardo O'Higgins qui coupe toute la ville d'est en ouest sur 18 kilomètres de long pour arriver derrière le palais présidentiel de la Moneda sur la Plaza de la Ciudadania; de l'autre côté du palais, Plaza de la Constitucion, régnait une grande agitation : une foule y était déjà massée avec drapeaux et banderoles au nom de Michelle Bachelet. Ariel nous expliqua que c'était le jour du transfert du pouvoir à son successeur, Sebastian Pinero, et que toute cette foule était venue soutenir et remercier la présidente qui possède une aura personnelle très forte dans le pays.

Alors, pourquoi les chiliens avaient-ils décidé de voter pour le centre droit? La première raison est que la constitution chilienne ne permet pas à un président de se présenter deux fois de suite, sinon il y a fort à parier que Michelle Bachelet aurait été réélue. La seconde raison est que la gauche était au pouvoir depuis vingt ans et que, puisque l'on devait changer de président, autant essayer autre chose!

Toute cette foule, arborant une photo de leur présidente, attendait qu'elle sorte sur le balcon pour pouvoir l'acclamer; des gens pleuraient, agitaient des mouchoirs blancs, des slogans fusaient, la remerciant, lui disant qu'on la reverrait bientôt. Toute cette ferveur populaire et bon enfant était très émouvante. Nous quittâmes cette place à regret, munis nous aussi de la photo de la présidente!

Puis nous nous dirigeâmes vers la place d'Armes, entrant dans l'un des plus beaux bâtiments de Santiago, celui de la Banque du Chili qui était paraît-il le plus grand immeuble du sous-continent lors de sa construction en 1945.

Nous entrerons également dans l'immeuble de la poste centrale, érigé en 1902, qui fut d'abord un théâtre de la ville. Il est contigu au musée des Arts Sacrés, lui-même à côté de l'Hôtel de Ville.

Puis, notre guide nous emmena avec sa voiture sur le point culminant de la ville, le Cerro San Cristobal, situé presque 600 mètres au dessus du niveau de la cité. Inutile de dire la vue générale que nous avions de Santiago malgré la pollution importante qui stagne les jours sans vent de part sa situation encaissée entre les deux cordillères.

Au sommet, on peut voir une statue de la vierge inaugurée en 1908; elle a été réalisée à Paris en trois morceaux de métal ré assemblés sur place. Puis, alors que nous allions regagner la voiture, nous avons eu droit à une nouvelle réplique du tremblement de terre, paniquant un groupe d'écolières qui visitait le site. Est-ce la masse de la colline qui amortit la secousse, nous ne l'avons pas trouvé très forte; pourtant, lorsque nous avons regagné les quartiers d'affaires au bas de la colline, tous les occupants des tours de bureaux avaient été évacués sur les trottoirs, provoquant des embouteillages monstres dans la ville. Bien sûr, tous les réseaux téléphoniques étaient alors saturés…

Nous avions tenu à rendre visite à Harmonie, notre dévouée organisatrice du voyage, pour la remercier de tout le mal qu'elle s'était donné pour limiter les conséquences du séisme sur notre séjour, jusqu'à rester éveillée pour nous appeler périodiquement pendant la nuit de notre voyage en car, au cas où il serait arrivé quelque chose et prendre de nos nouvelles. Quand on vous dit que ces chiliens sont dévoués et adorables!

Ensuite, Armel nous emmena visiter une fabrique de bijoux en lapis lazuli, la pierre précieuse du pays; allez savoir pourquoi, c'est toujours un endroit qui plaît aux femmes!


Nous étions alors dans le quartier Providencia, calme quartier résidentiel aux maisons colorées et bien fournis en petits restaurants de toute sorte. Nous quittâmes notre guide pour continuer seuls la promenade et rentrer à pied à notre hôtel après un déjeuner léger et deux kilomètres de marche en flânant dans les rues. Nous aimions énormément cette atmosphère de Santiago pourtant énorme métropole de 6 millions d'habitants soit un tiers de la population du pays!

Le lendemain, 12 mars, était notre dernier jour chilien; nous avions appelé comme promis Maria que nous avions rencontrée sur l'île de Pâques (les fidèles lecteurs s'en souviennent forcément!) car elle souhaitait nous emmener dans un centre artisanal en périphérie de la ville regroupant tous les arts et objets typiques des régions du Chili.

Elle nous prit à notre hôtel et nous emmena au centre de los Dominicos où nous pûmes effectuer quelques derniers achats; puis elle nous conduisit dans un restaurant typiquement chilien, le "Buenos Muchachos". Après un dernier pisco sour (!) nous goûtâmes à un plat de viandes grillées vraiment excellentes à l'exception d'un morceau de pis de vache qui n'a pas été, loin s'en faut, notre meilleure découverte du pays!

Nous avons bien sûr discuté un peu de politique avec Maria afin d'avoir son avis sur les évènements en cours suite au changement de président. Nous souhaitions savoir également s'il y avait encore des nostalgiques de la période Pinochet. A notre grande surprise, elle nous confirma que près de la moitié du pays regrettait cette période! Certes, elle admit que les méthodes d'élimination des opposants à l'époque de Pinochet avaient entaché son régime, mais nous affirma qu'avant son coup d'état le pays était au bord du gouffre, que les magasins étaient vides, que c'est le marché noir qui prévalait et que l'on ne pouvait s'en sortir que si l'on avait de l'argent. La corruption était aussi monnaie courante.

Pour beaucoup, Pinochet et son régime ont rétablit l'ordre (ça, on le savait!) mais aussi ont redressé l'économie en remettant tout le monde au travail et mirent fin à la corruption. Et on a bien senti que Maria était de ceux-là, malgré qu'elle ait été enseignante et directrice d'école : autre pays, autre culture…

En milieu d'après-midi, nous regagnions l'aéroport, direction Madrid et Paris pour un séjour de quelques semaines en France. Nous emportions avec nous des images superbes et surtout le souvenir de l'accueil et de la gentillesse de ce peuple, assez réservé pour ne pas dire timide mais tellement chaleureux quand la glace est brisée! Rien de commun avec l'exubérance brésilienne ou le bavardage intempestif des argentins.

Oui, nous y reviendrons un jour pour notre plus grand plaisir, avec l'espoir d'atteindre cette fois la Patagonie!

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